Algérie

Etat palestinien: D'Alger à New York



Il fut un temps où Alger était la «Mecque des révolutionnaires».  Il y a 23 ans, en novembre 1988, Yasser Arafat proclamait, à partir des hauteurs d'Alger, la naissance de la Palestine libre.

L'Histoire retiendra que c'est le 15 novembre 1988, à partir d'Alger, que les Palestiniens ont annoncé au monde, pour la 1ère fois, la proclamation de leur Etat dans ses frontières de juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale politique. Le Conseil national palestinien (CNP) a adopté, lors de sa 19e session tenue à Alger, sous la coupole du Club des pins, en plus de la déclaration de naissance de l'Etat palestinien, toute une série de décisions qui demeurent aussi pertinentes que justes et qui servent, encore aujourd'hui, d'argumentaire à l'Autorité palestinienne (AP) dans sa décision de solliciter le Conseil de sécurité de l'ONU pour la reconnaissance internationale d'un Etat palestinien. Parmi ces décisions, celle de la reconnaissance par l'Autorité palestinienne de la résolution 242 du Conseil de sécurité qui contient, entre autres, la reconnaissance à l'existence de l'Etat d'Israël aux côtés d'un Etat palestinien dans ses frontières de 1967. Le terrorisme et la violence comme moyens d'expression politique sont dénoncés dans cette même résolution.

Evidemment, même si l'Assemblée générale de l'Onu fera sienne, lors de sa session de décembre 1988, la déclaration palestinienne d'Alger, l'Etat palestinien n'a pu être membre à part entière en raison du veto américain au Conseil de sécurité. Par ailleurs, depuis ce mois de novembre 1988 en Algérie, et malgré les nombreuses négociations pour la paix, principalement celles contenues dans le processus d'Oslo (1993), les gouvernements successifs d'Israël, de gauche comme de droite, ont pratiqué la politique de la terre brulée, l'occupation progressive des terres palestiniennes, l'emprisonnement des militants palestiniens et le déplacement et le massacre des populations civiles. Autrement dit, Israël a enfreint et violé ouvertement et délibérément tous ses engagements et ceux de la communauté internationale (ONU), alors que les Accords d'Oslo prévoyaient la création d'un Etat palestinien en 1998.

La chronologie des événements en Palestine depuis toujours, et particulièrement depuis juin 1967, témoignent sans le moindre doute de la volonté d'Israël d'occuper toute la Palestine. Encore aujourd'hui, et alors que le président de l'AP palestinienne, Mahmoud Abbas, ne cesse de répéter que la démarche palestinienne auprès de l'Onu «n'a pas pour but d'isoler ou de délégitimer Israël, mais d'amener à la création d'un Etat palestinien aux côtés de celui d'Israël», le gouvernement israélien accuse l'Autorité palestinienne d'un plan de déstabilisation et d'agression «terroriste contre Israël». Comble du ridicule et de l'absurde, le Premier ministre Benyamin Netanyahou accuse Mahmoud Abbas de torpiller «le processus de paix !». Déjà contreproductif pour les intérêts palestiniens, le processus de paix d'Oslo, tout comme le pilotage des pourparlers par le Quartette (USA, Russie, UE et Onu), n'a pas empêché Israël de lancer son opération «Plomb durci» entre décembre 2008 et janvier 2009, qui s'est soldée par plus de 1.500 morts palestiniens, en majorité des enfants, des femmes et des vieillards. Pour ces raisons, les Palestiniens ne se font aucune illusion sur l'aboutissement de leur demande au Conseil de sécurité de l'Onu, prévue vendredi prochain.

Sous l'influence du lobby sioniste et leurs alliés évangélistes américains, le veto américain fera obstacle à la demande palestinienne. En revanche, la démarche palestinienne d'aujourd'hui s'inscrit dans un autre contexte historique que celui de 1988 à Alger : elle intervient dans le cours du «printemps arabe» et un repositionnement géostratégique des intérêts des uns et des autres dans la région moyen-orientale et arabe d'une manière générale. Autrement dit, la démarche palestinienne auprès de l'Onu s'inscrit, à sa manière, dans le cycle du printemps arabe. Une condition essentielle dans le cours de la question palestinienne, tant il est vrai que le destin de la Palestine est indissociable d'une révolution arabe qui mènera tous les peuples vers plus de démocratie, de justice et de liberté.




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