Levée totale ou réaménagement ?
Une fois n’est pas coutume, Aboudjerra Soltani a raison d’insister sur la demande du MSP pour la levée de l’état d’urgence, bien que l’on reste en droit de ne pas partager ses motivations profondes.
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Son argument premier est qu’une telle décision constitue une suite logique à la mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, dont l’ordonnance d’exécution accorde encore un délai d’un mois aux terroristes pour se rendre et bénéficier de l’extinction de toute poursuite judiciaire à leur encontre. Cette opinion procède d’une analyse que le MSP lui-même ne défend qu’avec des pincettes, ou presque, et qui consiste à dire que les résultats de la mise en œuvre de la Charte auront été si probants qu’il n’est plus besoin aujourd’hui de maintenir le dispositif inhérent à l’état d’urgence. Il lui arrive même d’estimer que pareille délivrance contribuerait davantage à démontrer la sincérité de l’intention réconciliatrice du chef de l’Etat et, surtout, de la disposition de l’armée à soutenir sa politique jusqu’au bout.
Pour appuyer sa thèse, M. Soltani rappelle les excellents résultats obtenus avec la politique de concorde civile. C’est d’ailleurs depuis lors que le mouvement de Soltani revient cycliquement à la charge sur la question.
Officiellement, il en espère une détente palpable du champ politique et la réunion des conditions les meilleures pour avancer davantage vers la solution de la crise. Solution dont nous avons eu un aperçu à l’occasion de la sortie du livre signé par le président du MSP qui estime qu’il «n’y a aucune raison de s’opposer au retour de l’ex-FIS, serait-ce sous une autre forme», de manière à «permettre à ses anciens dirigeants de renouer avec l’activité politique et la compétition électorale». Dans le fond, la requête du MSP est douteuse à plus d’un titre. L’on sait qu’à aucun moment l’ex-Hamas n’a été partisan du Contrat national de 1994, tout comme il est de notoriété que les islamistes radicaux, politiques ou armés, ont toujours considéré le fait que Mahfoud Nahnah ait quitté prématurément Sant’Egidio comme de la pure trahison.
Dans l’état d’urgence, pour revenir au texte signé par Mohamed Boudiaf en 1992, et prorogé sans limite par Ali Kafi en 1993, il est autant question de contrôler les activités publiques que de coordonner la lutte antiterroriste.
Le ministre de l’Intérieur n’a eu de cesse de dire que, depuis 6 ans, aucune décision n’a été prise sur la base du décret portant état d’urgence. Il défie, du reste, n’importe quelle organisation de démontrer sa capacité à organiser une marche pacifique à Alger ou n’importe où ailleurs, prenant pour exemple la fameuse marche des Aârchs du 14 juin 2001 qui a été une véritable catastrophe. Mais puisque le texte ne sert plus de point d’appui à la régulation de l’activité politique, partisane notamment, à quelle fin sert-il encore de le maintenir? «Il serait plus approprié, notent nombre d’observateurs, de revoir le texte portant état d’urgence, si l’on prend pour point de départ que le phénomène terroriste nécessite une égale vigilance et une lutte continue, et de proposer un texte concentré uniquement sur les aspects sécuritaires et qui renvoie la gestion des aspects politique à d’autres références juridiques.» Au moins, le champ national gagnerait à être décrispé et les opposants à une convalescence normale du pays auraient, de la sorte, un argument de moins.
Réda Amarni
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Posté Le : 31/07/2006
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com