Algérie

Et voilà l'autre...



Ce qui est frappant dans le résultat des élections françaises dedimanche, ce n'est ni la victoire d'une droite mieux préparée, ni la défaited'une gauche qui a du mal à se défaire de ses réflexes archaïques. Ce n'estpas, non plus, la promptitude de Royal à s'exprimer ou celle de certainsresponsables du PS à jeter le pavé dans la mare du PS. Ce qui est frappant, etqui mérite donc toute l'attention, c'est le discours prononcé, en lacirconstance, par Sarkozy et qui, disons-le sans détour, s'avère un discoursdangereux, et donc inquiétant à plus d'un titre.Que Sarkozy veuille une France forte, puissante et respectée, cela esttout à son honneur. C'est même là la mission principale de tout chef d'Etat quise respecte et qui a conscience de ses responsabilités. Que Sarkozy porte pourson pays une ambition des plus grandes et des plus claires, tant au niveaueuropéen qu'à celui méditerranéen ou mondial, nul ne pourrait le lui contester,tant c'est légitime. Mais que ces ambitions de grandeur et de puissance soientbâties sur le mépris et forgées dans l'arrogance, c'est cela qui n'est nicorrect, ni normal, ni même légitime.Le mépris, Sarkozy l'a clairement affiché à l'égard des efforts silouables et des attentes si naturelles de tous ceux qui, des deux côtés de laMéditerranée, n'ont jamais cessé d'oeuvrer pour assainir enfin les relationsalgéro-françaises en les allégeant progressivement aussi bien du lourd poidsque des intenses frustrations d'une mémoire blessée et trop chargée. Enrejetant ce qu'il a qualifié de « la France de la repentance », Sarkozy n'hésitepas à justifier et donc à assumer pleinement, au mépris du bon sens, les crimesde la France coloniale. Le message est clair pour qui veut entendre. La Francene demandera pas pardon aux Algériens et elle enterre le projet de traitéd'amitié. Si tel est le « discours d'ouverture » de ce que sera la période Sarkozy,on a idée déjà de ce qui attend non seulement les relations entre les deuxpays, mais aussi ce qui attend les émigrés d'origine algérienne et lesAfricains de manière générale. D'ailleurs, sur ce plan aussi, les termesutilisés par le nouveau président français sont on ne peut plus clairs. LeFrance veut contenir le flux d'immigration en provenance de l'Afrique. Ellepropose « d'aider » les Africains à se développer mais aussi à garder leurs citoyensde ce côté de la Méditerranée. Une Méditerranée pour laquelle Sarkozy a aussides projets, comme celui d'en faire une région « à l'image de l'Europe ». Sur un autre plan, Sarkozy se place en justicier. Il déclare sesintentions de soutenir tous ceux qui sont opprimés par les tyrans ! Cettesémantique n'est pas sans nous rappeler un certain Bush, si attaché auxjugements de valeur et si prompt à lancer des qualificatifs à l'encontre depays ou de leurs dirigeants. Est-ce une nouvelle forme de gouvernance de la France qui est en train deprendre forme ? Peut-être, car, après tout, il est intéressant de noterl'entrée de la relève sur scène, un renouvellement de génération et donc deparadigmes et de valeurs. De quelle manière sera gérée cette France ? Il estencore trop tôt pour le dire, bien que l'ombre de Bush plane si fortement, unBush qui a été le premier à féliciter, au moment même de l'annonce desrésultats, celui qui, nous semble-t-il, pourrait bien devenir le Bush de laMéditerranée. Les jours à venir nous en diront certainement plus.


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