Algérie

Et vogue la galère!



Et vogue la galère!
«Les galères font le galérien.» Victor HugoLes réflexions sur la bonne gouvernance peuvent mener très loin tout esprit curieux de connaître les motivations d'une équipe qui gère un pays, c'est-à-dire une économie et une société. La première question est de connaître les ambitions d'un gouvernement chargé de mettre en pratique les décisions prises dans des cercles fermés et restreints de conseillers, d'experts et d'inspirateurs éclairés. S'agira-t-il pour lui de développer une économie en se donnant les moyens par des investissements adéquats et la formation des hommes qui doivent faire fructifier ces investissements ou bien, le gouvernement se contentera-t-il d'occuper les lieux, d'expédier les affaires courantes en essayant de s'adapter, autant que faire se peut aux facteurs exogènes ou d'essayer de laisser, vaille que vaille, la machine dans l'état où il l'a trouvée' A moins qu'il ne se contente de continuer à gérer l'exploitation de riches matières qui pourront assurer à la nation l'importation de biens de consommation nécessaires à sa survie. Cette troisième hypothèse est la plus courante dans les pays encore colonisés ou les pays sous-développés. Les investissements industriels y sont rachitiques, les intervenants économiques se contentant de pratiquer une fabrication avec un très faible taux d'intégration en procédant au montage de produits finis conçus ailleurs ou au pire de se contenter uniquement de leur conditionnement... Cela se traduit par la persistance d'une main-d'oeuvre non qualifiée et par une dépendance forte des marchés extérieurs qui exposent le pays à des risques d'instabilité financière. La bonne gouvernance est le résultat de toutes les mesures prises par un Exécutif donné et qui trouve un écho favorable auprès de la majorité des citoyens. Les instruments de cette bonne gouvernance sont essentiellement toute une batterie de lois et de règlements et, bien entendu, le budget nécessaire pour la bonne application des décisions prises en amont et attendues en aval. Le divorce entre la base et le sommet d'une nation se traduit, quand les attentes de l'immense majorité des administrés ne sont pas prises en compte par les décideurs politiques, ou quand les décisions ne sont pas bien appliquées, appliquées partiellement ou pas du tout. Dans les pays démocratiques, l'insatisfaction des besoins des administrés s'exprime par un vote- sanction qui renvoie les législateurs et leurs associés à leurs chères études. Dans les pays où le bourrage des urnes est une tradition, le mécontentement se lit de plusieurs façons: sur la mine contrite des gens qui lèvent les bras en l'air en signe d'évidente impuissance accentuée par un «Allah ghaleb» très éloquent, qui veut dire par là que les responsables de cette situation désastreuse sont intouchables, qu'ils sont indéboulonnables et qu'ils risquent d'être là pour longtemps encore. Le mécontentement peut se lire d'une autre façon dans les républiques bananières (pas à la télé puisqu'elle consiste en une chaîne unique détenue par un apparatchik spécialiste de la langue de bois...), c'est dans les journaux de la presse indépendante, dans des articles commis par des journalistes qui sont toujours en liberté provisoire... Donc, dans ces pays, la platitude des journaux ne peut que corroborer l'expression de la mine contrite du citoyen levant les bras au ciel dans un geste d'évidente impuissance... Mais le mécontentement peut alors s'exprimer par différentes sortes de mouvements sociaux: grèves, débrayages, grèves de la faim, sit-in... Les marches sont en général réglementées ou interdites: alors, les forces de l'ordre sont confrontées à un cycle d'émeutes tournantes qui éclatent çà et là au gré des distributions de logements, de terrains ou d'offres d'emploi...




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