Algérie - Revue de Presse

Et si on parlait de l’argent des émigrés



Le manque à gagner est terrible Pour le commun des mortels, les rentrées d’argent en devises des émigrés en Algérie seraient conséquentes, compte tenu du flux important des vacanciers et du montant de leur déclaration au guichet à l’entrée du territoire national. Cependant la réalité est tout autre car, à l’exception de quelques rares ressortissants algériens vivant à l’étranger, cet argent ira, via des circuits illégaux, grossir le flux financier de change informel, combien même cet argent serait déposé au niveau des banques. Les spécialistes algériens en sont sûrs, l’argent des émigrés échappe au trésor. Une situation plutôt «kafkaïenne», comme le dit avec un pincement au cœur un banquier qui se désole qu’une manne importante en devises lourdes qu’on peut évaluer par milliards d’euros, ne profite pas à la croissance du pays. Et pour cause, tout ce flux financier qui passe normalement et légalement par un circuit officiel que sont nos banques, comme le confère la loi, est une nouvelle fois réinjecté de manière astucieuse dans le circuit du change informel, sans que personne ne tire la sonnette d’alarme.«C’est un véritable tonneau de Danaïdes auquel nous assistons aujourd’hui», observe un économiste qui soutient que cet état de fait remonte aux années 85 avec, dit-il, la suppression du «change obligatoire». Ce n’est donc point, l’indisponibilité des banques primaires qui est mise en cause à ce propos -même si on a beaucoup à dire sur ce sujet- mais c’est bel et bien cette fameuse loi, une loi qui va à contre courant de toute logique économique, comme le dit un ancien cadre de la banque d’Algérie qui soutient que depuis cette date la porte a été ouverte aux trabendistes. «La réalité amère, reprendra un autre agent banquier qui a préféré gardé l’anonymat, est qu’on assiste en quelque sorte à une infraction à la réglementation du contrôle de change puisque une fois le dépôt de devises effectué par le détenteur du compte bancaire, la banque lui appose le cachet sur le document de déclaration des devises, comme quoi il a déposé des devises dans son compte. Ce document lui servira de visa lors des éventuels contrôles au niveau des frontières. Néanmoins, dans la pratique, les choses se passent autrement, le détenteur du compte devises, retire son argent pour ensuite le monnayer ailleurs, c’est-à-dire au change parallèle, un marché en pleine expansion qui continue de faire l’affaire de nombreux commerçants qui se sont transformés, à l’occasion, en véritables «cambistes», tels que certains cordonniers, quincailliers, ou simples revendeurs de tabacs qui se sont mis dans la partie en ouvrant carrément boutique un peu partout dans la ville d’Oran. Selon certaines sources, il existe au moins deux «cambistes» à la rue de la vielle mosquée, et autant dans les rues adjacentes. Sans parler des autres «bourses», comme celles de Médina Jdida et ajouter à cela, les transactions qui se font au nez et à la barbe des policiers. Tout cela à cause de certains anachronismes qui ne rendent aucunement service à l’économie Algérienne. Pire, cet argent alimentera, à son tour, tous ces circuits informels, via d’autres réseaux parfois en connexion avec l’international du crime. Mais là encore, ce serait une autre histoire.


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