Algérie

Et si 2012 était l'année du risque Chine ! Analyse éco : les autres articles


L'année qui commence est chargée d'incertitude. Sur 18 pays à plus de 500 milliards de dollars de PIB, une douzaine au moins verront leur activité économique stagner en 2012. A moins de 1%. Plusieurs parmi eux, et d'autres dans la tranche des 200 à 500 milliards, bien représentés par la Grèce, seront en récession. Les regards sont tournés depuis deux ans vers les relais de croissance que proposent au Monde les grandes économies émergentes. La grande question de 2012 est donc simple. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa) et les autres émergents - que le Maghreb aspire à intégrer un jour - seront-ils bien les soldats sauveurs de la conjoncture mondiale ' Ce qui est attendu d'eux de leurs grands partenaires riches est qu'ils se conduisent comme les épargnants de recours et les débouchés de substitution.
La Chine caricature ce rôle. Plus fort excédent commercial, plus grande marge de rattrapage dans la consommation interne. Vue des Etats-Unis et d'Europe, la Chine est la plus solide planche à portée de mains dans le reflux de la crise occidentale. En novembre dernier, lorsque les besoins de couverture du risque de la dette souveraine européenne ont été réévalués autour de 1000 milliards d'euros au Fonds européen de stabilité financière (FESC), la Chine affichait 3620 euros de réserves de change et d'actifs de fonds souverains.
Au même moment, son taux de consommation interne rapporté au PIB n'était que de 30%. L'un des plus faibles au monde. Si la Chine décidait d'acheter beaucoup plus de dettes américaines et européennes et de soutenir plus fortement la demande interne chez elle, ses deux partenaires géants se sauveraient du pire. Du défaut de paiement ou de son corollaire, la dépression de longue durée pour cause d'austérité des dépenses publiques. Les attentes vis-à-vis des BRICS, et plus particulièrement de la Chine, n'ont pas cessé d'enfler depuis septembre 2007 et la première alerte des impayés de subprime en 2007.
Au secours des bons de Trésor américain, en 2009-2010-2011 plus à la rescousse des émissions - d'urgence - européennes en 2011. Dans le même temps, la pression sur Pékin s'est poursuivie, en bémol chez Barack Obama, pour que la parité du yuan, la monnaie chinoise soit relevée. Dans le double but d'améliorer le pouvoir d'achat de produits étrangers des ménages et des entreprises chinoises et de réduire l'agressivité des produits chinois qui détruisent tant d'emplois tous les ans dans les pays de l'OCDE.
L'accélération du rôle de la Chine comme créancier et investisseur majeur en Occident et comme plus grand débouché pour les produits et, surtout les services occidentaux est le scénario le plus vendu comme remède à la crise. Il est souhaité, et dans le même temps redouté aussi, par ses promoteurs même, pour les prises de position stratégique qu'effectue la Chine à travers ses acquisitions d'entreprises et d'intérêts en Europe notamment. Mais là n'est pas, pour le court terme, l'enjeu essentiel. Ce scénario de la Chine comme recours mondial souffre d'un postulat inamovible : la perpétuation du modèle de croissance chinois, tel qu'il s'est développé depuis Deng Xiao Ping, il y a trente ans. Or, rien ne garantit qu'il se poursuive.
Au contraire, il est désormais un élément de précarité. Le vrai grand risque de 2012 est de voir le modèle chinois entrer, à son tour, en crise. Trop peu d'attention est prêtée à ce risque. Il est fort embarrassant en 2012 et dans les prochaines années. Pourtant, il enfle. La conjoncture américaine, la plus florissante depuis la fin des trente glorieuses, s'est totalement retournée en un été (2007).
La réussite retentissante de l'euro, devenu seconde monnaie de réserve dans le monde en moins de 10 ans, a volé en éclats en quelques mois, après le refus des marchés d'aller plus loin dans le financement des dettes publiques des pays les plus faibles de la zone. La Chine n'est pas à l'abri d'une brutale fin de cycle.
Le risque est combiné. D'abord sur le plan strictement économique. Les limites du modèle sont là. Exploitation effrénée de la main-d''uvre, saccage de l'environnement, renflement de la dette locale des régions. L'atelier du monde est déjà soumis fortement, aux rattrapages salariaux, aux contraintes de la protection de la nature et bientôt à la rigueur budgétaire dans les finances locales, lui aussi. La crise en Occident y a fait passer le nombre de chômeurs de 20 millions à 36 millions.
L'ajustement pour mieux orienter la production vers la consommation intérieure sera long et tortueux. Ce qui a amené le second risque. Il est politique. La Chine est toujours une dictature en 2012. Le Printemps arabe, la réaction des Russes devant l'autocratie de Valdimir Poutine montrent que tout peut aller très vite partout. Pourquoi pas dans l'empire du Milieu. 2012 est justement l'année du 25e congrès du parti communiste. De fortes attentes d'ouverture se sont accumulées dans une société ou les élites aspirent à s'exprimer en citoyens libres. Ralentissement de la croissance ou contestation démocratique ' La fin de cycle en Chine peut partir de l'un ou de l'autre. Ce sera peut-être une mauvaise nouvelle pour l'Occident endetté et dépressif. Une bonne nouvelle sans l'ombre d'un doute, pour le reste du monde.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)