Algérie

« Et pourtant elle tourne ! »



En matière de protection de l?environnement, la cote d?alerte est dépassée depuis trop longtemps pour se demander s?il y a encore de la place pour de salutaires prises de conscience. Les mises en garde de toutes ces dernières années n?ont pas dissuadé les prédateurs de poursuivre leur travail de sape des grands équilibres écologiques. Il est difficile de croire que les retombées des catastrophes de Tchernobyl, de Bhopal, de Seveso, les explosions atomiques à ciel ouvert laisseront l?atmosphère indemne de mortelles atteintes. S?ajoutent à cela une déforestation accélérée, une périlleuse fonte des glaciers. Le tableau est d?autant plus chaotique qu?il y a une interaction évidente entre les différents composants de l?équilibre écologique. Le réchauffement climatique aura ainsi des incidences forcées sur l?activité des océans dont l?évolution des niveaux pourrait constituer une menace contre la planète. Le commun des mortels n?ignore désormais plus l?imminence de ces périls dont la gravité peut d?autant moins, donc, échapper aux grands décideurs dans le monde. Il ne s?agit pas de récuser les avancées de la technologie, mais les grands groupes industriels, qui n?ont que le souci de faire tourner leurs machines, n?ont pas trouvé de parade miraculeuse aux dégâts provoqués par leurs entreprises multinationales qui prennent une part considérable aux émissions de gaz à effet de serre. L?humanité se trouve ainsi sacrifiée aux enjeux d?une course effrénée au taux de croissance qui se justifie par un fonctionnement à plein régime des usines et donc un recours à haut débit à des énergies polluantes. Si un être humain est blessé sur une partie de son corps, il en gardera des séquelles physiques et psychologiques malgré des soins efficients. Il en va de même pour la nature si elle est privée des forêts, des neiges, si les mers dépassent leur niveau requis et si le cycle des saisons s?en trouve perturbé. Les dérèglements écologiques constituent aujourd?hui une bombe à retardement dont des êtres humains réputés intelligents s?acharnent à actionner le mécanisme de mise à feu. Le troisième millénaire n?est certes pas celui de Jean-Jacques Rousseau, du poète américain David Thoreau, ni même celui d?Arthur Rimbaud qui, dans son sublime Dormeur du val, exaltait tout ensemble l?homme et la nature. Plus personne maintenant ne paraît croire un seul instant à la préservation de cette nature sans être taxé de passéiste, car la modernité impose la vitesse, l?accumulation de biens et un culte du profit célébré au détriment du temps de vivre. Il faut pourtant savoir écouter quelquefois les paroles de poètes ou de sages qui, comme Aldous Huxley, ne se faisaient en réalité aucune illusion sur un monde qui, lorsqu?il n?est pas en conflit, bascule dans le jeu suicidaire de l?autodestruction. C?est, pour les maîtres du monde, une terrible responsabilité que de persister dans une logique du chaos qui fera un sort définitif à cette terre dont Galileo Galilei avait dit sur un ton assuré mais tout de même surpris et enfantin : « Et pourtant elle tourne ! » S?il vivait maintenant, le savant ne manquerait pas d?ajouter : « Pour combien de temps ? »


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