Récemment, la presse nationale faisait état d'un fait étrange et à tout le moins inconcevable: des conteneurs, au port d'Alger, recelaient des... pierres. Des pierres' Que se passe-t-il dans ce pays au point où l'on soit arrivé à importer jusqu'aux pierres' La liste des produits importés par l'Algérie n'est certes pas exhaustive, mais de là à imaginer que quelqu'un ait eu l'idée saugrenue (au fait est-elle aussi absurde que cela paraît') d'introduire des pierres venues de l'étranger, il y avait un pas que personne de rationnel n'aurait osé franchir. Mais le fait est là. Comment l'expliquer' Depuis des années, n'importe qui importe n'importe quoi, le premier quidam venu peut s'improviser en «importateur» sans autre forme de procès. De fait, ce «business» très lucratif, n'est encadré par aucune loi ou cahier des charges (des conteneurs peuvent séjourner des années dans le port sans que personne ne vienne les réclamer). La moindre des choses était encore de protéger la production nationale par le contrôle strict des importations des produits concurrentiels. Ce ne semble pas avoir été le cas. L'administration y a-t-elle seulement songé lorsque l'on constate que la gamme des produits importés est infinie, ne laissant aucune alternative au produit national qui, dans le meilleur des cas, ne sert plus que d'appoint' Et encore! Il est facile de le constater dans les supérettes et les grandes surfaces où les «Made in...» dominent outrageusement. Mais, ce qui est navrant est le fait que les produits importés sont souvent de catégorie «z», c'est-à-dire le tout-venant acheté à prix sacrifiés qui inonde le pays de tout ce qui, sous d'autres cieux, est considéré comme nocif pour les consommateurs. Quelqu'un a importé des pierres, faut-il s'en étonner' Un autre a fait venir en Algérie du...pain, fabriqué ailleurs. Ça ne s'invente pas! Ce produit est commercialisé dans certaines surfaces. Question: l'Algérie est-elle arrivée à cette extrémité jusqu'à importer la pierre et le pain' Cela pour ne pas dire que tout ce qui est fraudé et impropre à la consommation ailleurs, atterrit ou finit par atterrir chez nous. Il suffit de faire un tour dans les marchés des grandes villes du pays pour s'en convaincre. Ces importations se font, dans la plupart du temps, sans réel contrôle de l'administration et sans garde-fous pour, à tout le moins, préserver la santé et la sécurité des citoyens à défaut de protéger notre économie. De fait, l'import-import a largement contribué au démantèlement des secteurs économique, industriel et agroalimentaire du pays. L'Algérie ne produit plus rien, ou si peu, dépendant de plus en plus [la manne financière aidant] de l'importation tous azimuts: que ce soit dans l'agroalimentaire, les services ou l'industrie. Si l'Algérie importe tant, cela veut dire qu'elle est dans l'incapacité de répondre aux besoins de sa population, et n'est donc pas en mesure d'atteindre l'autosuffisance. Cela veut dire aussi, que si l'on investit dans l'importation, on ne le fait pas pour le développement de la production nationale. Alors, la question se pose: pourquoi on n'investit pas dans ce pays. Où se trouve le blocage' Faut-il aussi souligner que l'importation tous azimuts et sans contrôle permet la sortie légale de sommes faramineuses se chiffrant en milliards en devises [une forme d'évasion fiscale et de capitaux] qui ne sont pas réinvestis dans le pays. Ceci explique-t-il cela' Or, au moment où le prix du baril de pétrole connaît une chute vertigineuse, la question du produire national retrouve toute son actualité. Comment en effet est-on arrivé à ce stade de dépendance de l'étranger pour ce que nous mangeons, pour nos habits, nos médicaments, notre transport et, d'une manière générale, tous les produits de large consommation finis ou semi-finis non-produits par le pays' Aussi, l'Algérie est devenue le rebut de toutes les productions bas de gamme qui font vivre et fructifier, aux dépens de notre économie, des milliers de sociétés en Asie, notamment, au moment où des milliers d'entreprises ont fermé leurs portes dans le pays. L'aisance financière que le pays a connue ces dernières années a-t-elle été pour nous une calamité, qui a annihilé le compter sur soi' Ainsi, la rente et son succédané, les richesses ostentatoires, ont induit une clochardisation avancée du pays avec cette singularité qui fait que ce sont les commerces informels et tout ce qui gravite autour d'eux qui sont désormais, pour certains cercles, la référence. Qu'ont fait les autorités pour mettre un terme à cette anarchie' Les députés, grassement payés se sont-ils inquiétés de cette dérive qui met à mal le devenir du pays et en interpeller le gouvernement' En attendant... et pour quelques pierres de plus...
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Posté Le : 24/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : N KRIM
Source : www.lexpressiondz.com