Algérie

Et maintenant



«Il n'y a dans ce monde, que la vertu et la vérité qui soient dignes de m'occuper». Diderot.

ça y est ! Le prochain président de la RADP sera très bientôt connu, les scores de chaque perdant et celui de ceux (c'est leur droit absolu) qui ont voulu le boycott le plus large possible aussi. Les mêmes rituels habituels, dans ce pays, seront eux aussi connus : fraudes par-ci par-là, fiches de dépouillement raturées ou disparues, lettres à la presse et à la commission de contrôle etc.    Rien que du rance, du vieux qui insupportent les jeunes. L'idéal, la rêverie pour les démocrates à la mort à la vie, serait que les citoyens soient destinataires d'une analyse objective du scrutin, de lectures et sondages au-dessus de tout soupçon diligentés par la puissance publique et des sondeurs autonomes. les résultats qui auraient un aval rigoureux et honnête seraient les meilleures balises et les meilleurs garants pour un mandat, pour l'ancrage démocratique, le pluralisme, l'alternance au pouvoir, le développement culturel hors des brousailles de l'administration stérile et figée sur place, le progrès social etc..

Les lampions sont éteints et il reste à effacer les traces partout, pour un environnement, propre et beau, de la campagne sans oublier celles du scrutin présidentiel précédent. Mais il ne fait certes pas rêver de retrouver des villes et villages rutillants. L'élection est terminée. Le récitant du Coran, le meddah rémunéré, le laïc qui craint d'être pris pour un athée, le barbu qui bombe le torse sous un accoutrement pakistanais ou afghan (selon la tribu), qui terrorise sa soeur, tous remballent leur matériel et comptent leurs sous. A la nuit tombée, le couvre-feu de fait s'applique, surtout, pour le sexe féminin. L'espace public qui, lui, est déjà restreint de jour et interdit la nuit, sans que personne ne songe à créer «une caravane de nuit» pour imposer la présence féminine là où elle le souhaite. Aux grands maux, les grands remèdes ! Mais les médecins dans les sphères dirigeantes ont tellement peur et ménagent l'apprenti mufti, stagiaire dans l'art de dire sa lecture plus qu'approximative de la religion. Les «fissures», dont parlait M. Bouteflika durant sa campagne, sont beaucoup, trop souvent, creusées par des représentants de la puissance publique, de l'administration, le code de la famille et des discours abscons tenus dans des mosquées pourtant hautement surveillées. Dans l'impunité totale, sinon avec des complicités avérées. A maintes occasions, M. Bouteflika a évoqué des aspects déplaisants pour lui, contenus dans la Constitution. Ce qui laisse supposer des amendements ou une révision en profondeur. Après un large débat national, des pistes déjà annoncées durant sa campagne mériteraient d'être discutées. L'amazighité comme fondement essentiel et existentiel, les qualificatifs «démocratique et populaire» ou fronton de la nation qui se contenterait d'être une république algérienne, sans superlatif, l'explication de la laïcité qui n'a rien à voir avec l'athéisme, la parité hommes/femmes, le statut du Parlement qui est actuellement une caricature du soviet suprême... Les propos «subversifs» de M. Bouteflika en campagne qui, espérons-le, ont donné des nuits blanches à toute une faune tapie dans les partis, les ministères, les assemblées élues, les sectes de vautours des marchés de l'équipement, des manifestations culturelles et autres zerdas nimbées de hauts idéaux pour accoucher d'une «politique» pour le ciné-club dans un pays sans industries du film et sans salles de cinéma, sans aucun studio basique du temps du muet... Il y a tant de chantiers vierges et tellement de retards énormes! Et tant d'apprentis DG et ministres incompétents !

La crise mondiale n'a pas encore livré toutes ses mauvaises surprises, et l'Algérie n'est pas du tout vaccinée et un effondrement, demain ou après demain, du prix du baril serait catastrophique pour les générations qui arrivent à l'école, à l'université ou sur le marché du travail. C'est maintenant, à grande vitesse que des réformes systématiques sont urgentes en politique et dans la gouvernance économique sous la houlette de cadres patriotes, sans attaches honteuses et surtout préjudiciables aux intérêts stratégiques de l'Algérie. «Ce sont les pays où on se nourrit le mieux, où on se loge le mieux, où on éduque le mieux, où l'eau et l'air sont les plus propres qui s'en sortiront le mieux.

Ces propos de M. Copé, président du groupe UMP (France) à l'Assemblée nationale, résonnent lourdement en Algérie, pour les gouvernants qui prennent le temps d'écouter le monde, pour proposer au prochain président des axes de travail, pour le développement et non pour faire grossir leur rente, et leurs frauduleux pouvoirs locaux, au Parlement et dans tous les postes sujets à simple nomination, sur la base d'une appartenance à un parti plus budgétivore que mobilisateur et pédagogique, plus rampe de cooptation que bâtisseur d'avenir. Ce qui ne veut pas dire que les militants encartés, qui paient leur cotisation (faut l'espérer) sont tous des ripoux, loin de là.

Cependant, une fois digéré le scrutin présidentiel, la nouvelle stratégie et les équipes choisies par M. Bouteflika connues, il va bien falloir revoir l'état des lieux, les foyers infectieux et aller de l'avant avec de nouvelles bases. L'analyse développée pour Kharroubi dans les pages de ce quotidien (1) éclaire avec pertinence de lucidité l'avenir que va se tracer M. Bouteflika. Durant la campagne qui se termine, les animateurs soutiens du candidat ont évacué un axe stratégique d'avenir. Pris dans la routine qui «aurait fait ses preuves», ils ont fait agir et parler une foule de laudateurs, là où il fallait identifier par APC et par wilaya les individus qu'il fallait à tout prix rendre (pacifiquement) inaudibles et invisibles jusqu'à la fermeture des bureaux de vote. «Protégez-moi de mes amis, mes ennemis, je m'en charge». La sentence n'est pas connue, ou bien ingérable dans les sérails de l'alliance présidentielle. Mais maintenant ? Il y a des figures, à tous les niveaux, parfaitement repoussoirs qui vont sûrement être reconduites pour mieux servir des clans et des sectes et tenir un mandat qui peut être une révolution. L'action stratégique d'une coalition au pouvoir en Algérie, d'une opposition, à condition qu'elle soit productrice d'alternatives lisibles et compréhensibles par la majorité des citoyens, serait une refonte du paysage national. Prenons des exemples : en France, il y a une association, autonome du pouvoir, qui a toujours activé pour que les victimes des essais nucléaires français en outre-mer soient défendues jusqu'aux dernières déclarations du gouvernement de M. Sarkozy. Et en Algérie ? On a manipulé et gagné de l'argent, sur le budget de l'Etat, sur les martyrs, leurs enfants, leurs voisins, les moudjahidine, leurs enfants et copains éloignés, mais personne n'a pensé aux irradiés du Sud algérien, surtout au Parlement si prompt à applaudir tout et n'importe quoi, comme ce fut le cas pour la loi sur les hydrocarbures, à part le P.T.

Aujourd'hui, «the game is over» dixit le délirant G.W. Bush. C'est le cas en Algérie. Que va ou que peut faire M. Bouteflika face à un environnement mondial hostile, aux clans et prédateurs qui gouvernent dans l'Algérie profonde ? Les Algériens et le monde extérieur ne vont pas tarder à le savoir pour mesurer la place qui va lui revenir dans l'histoire du pays. La postérité, elle se mérite d'abord chez soi, en fédérant les élites d'où qu'elles viennent politiquement.








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