L'ex-ministre des Affaires étrangères, Mohammed Bedjaoui, rompt le silence pour la première fois depuis l'éclatement des scandales de corruption qui secouent le pays.
Son nom revenait avec insistance, notamment dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest. L'implication de son neveu Farid Bedjaoui dans l'octroi par Sonatrach de marchés à la société italienne ENI, via sa filiale Saipem, laisse croire que l'ancien chef de la diplomatie était au c'ur des opérations. Il se défend de toute implication. «La presse nationale a ainsi mêlé mon nom à cette affaire ENI dont je n'ai jamais entendu parler auparavant. Je ne suis jamais intervenu, ni de près ni de loin, en faveur d'une personne ou d'une institution algérienne ou étrangère, en vue de la favoriser par l'attribution par le ministère de l'Energie ou Sonatrach d'un quelconque contrat ou de quelque avantage particulier», affirme-t-il dans une mise au point adressée à El Watan.
Cependant, s'il dit ne pas être impliqué dans des malversations qui ont émaillé ces transactions, comment pouvait-il ne pas en être au courant ' Car en sa qualité de ministre des Affaires étrangères (2005-2007), Mohammed Bedjaoui devait être informé de tous les contrats que signent les sociétés publiques algériennes avec des entreprises étrangères. Le ministère des Affaires étrangères dispose en son sein d'une direction des affaires juridiques dont le rôle est de donner son avis sur ce type de contrats. Le ministre est censé être informé, dans le détail, des conditions dans lesquelles ces contrats sont établis avant toute signature définitive.
Or, il y a tout lieu de noter qu'à partir de 2006, l'entreprise italienne Saipem Contracting Algérie (SCA) créée en 2005, durant le règne de Mohammed Bedjaoui, a commencé à obtenir des marchés importants en Algérie. Entre 2006 et 2009, l'entreprise italienne aurait décroché des marchés totalisant 20 milliards de dollars.
Dans sa «mise au point», Mohammed Bedjaoui, qui coule des jours tranquilles dans sa retraite parisienne depuis son départ des Affaires étrangères, esquive soigneusement l'autre scandale de corruption : celui de l'autoroute Est-Ouest. Pourtant, dans cette scabreuse affaire, son nom est cité plus d'une fois. Fait curieux, il n'a jamais réagi.
Selon des sources généralement bien informées, les juges en charge du dossier près la cour d'Alger auraient tenté, infructueusement, de l'auditionner. Bedjaoui serait-il protégé ' Dans les précédentes éditions d'El Watan, un rôle prépondérant lui a été attribué dans l'introduction des Chinois dans la réalisation de l'autoroute Est-Ouest ainsi que dans d'autres marchés dépendant du secteur de l'Energie. L'affaire remonterait à l'époque où il était représentant de l'Algérie à l'Unesco. A ce moment-là, il aurait mis en contact un sulfureux intermédiaire et trafiquant d'armes, Pierre Falcon, avec le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, et son collègue des Finances, Abdelatif Benachenhou.
Falcon aurait joué le «facilitateur» en faveur des Chinois pour l'obtention d'énormes marchés et réussi même à se faire inviter à un conseil interministériel stratégique. Lui qui s'interroge, aujourd'hui, sur le fait que la parenté n'est pas génératrice de délit, il se trouve que lors d'un de ses voyages en Chine, il aurait embarqué «dans ses bagages» son neveu Farid Bedjaoui. Des sources dignes de foi assurent qu'au cours d'un déplacement à Pékin, «Bedjaoui s'est réuni dans la résidence de l'ambassadeur d'Algérie avec des entrepreneurs chinois en présence de son neveu Farid» qui n'avait pas à assister à cette réunion officielle. A moins que'
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Posté Le : 03/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hacen Ouali
Source : www.elwatan.com