Algérie

Et de trois pour le Turc Nuri Bilge Ceylan



Et de trois pour le Turc Nuri Bilge Ceylan
«Winter Sleep», huis-clos psychologique de 3h16 se déroulant dans un hôtel d'un village d'Anatolie, a remporté samedi soir la Palme d'or du 67e Festival de Cannes, un prix que son réalisateur Nuri Bilge Ceylan a aussitôt dédié à la jeunesse de son pays.«Je dédie la Palme à la jeunesse turque, à celles et ceux qui ont perdu la vie pendant l'année qui s'est écoulée», a-t-il dit, alors que son pays connaît depuis un an de violentes manifestations anti-gouvernementales. Auparavant, il avait souligné que 2014 était la centième année du cinéma turc. «Une très belle coïncidence», s'était-il réjouit. La dernière Palme turque remonte à 1982 avec «Yol». Ceylan accède à la récompense suprême cannoise du palmarès après avoir déjà remporté plusieurs prix sur la Croisette. Pour «Winter Sleep», Ceylan installe sa caméra dans un petit village de Cappadoce aux habitations troglodytes. Avec l'hiver, le propirétaire d'un hôtel, Aydin, ancien acteur ayant atteint la soixantaine, dont l'hôtel est quasi-désert, le laissant seul face à sa jeune femme et sa soeur divorcée. Deux femmes qui vont démonter minutieusement l'image d'intellectuel éclairé qu'il se donne. «J'ai eu peur quand j'ai vu que c'était un film de 3h», a expliqué à la presse la présidente du jury Jane Campion mais «c'est un film au rythme merveilleux, vraiment maîtrisé et sophistiqué». Les prix d'interprétation sont logiquement revenus à l'Américaine Julianne Moore pour son rôle d'actrice hollywoodienne hystérique et sur le déclin dans «Maps to the stars» du Canadien David Cronenberg et au Britannique Timothy Spall pour «Mr Turner, de Mike Leigh, dans lequel il incarne le peintre maître de la lumière dévoré par son art. Dans un palmarès qui salue à la fois la jeune génération et ses aînés, le Grand Prix, considéré comme une Palme d'or bis, est revenu à «Le meraviglie» de la jeune italienne Alice Rohrwacher, 32 ans. Son film raconte comment l'irruption d'un jeune délinquant et d'une émission télévisée change la vie d'un couple d'apiculteurs en quête de pureté, vivant avec ses quatre filles en marge de la société. Le plus jeune lauréat samedi soir était, cependant, le Canadien Xavier Dolan, 25 ans, qualifié de «véritable génie» par Jane Campion. Le jeune prodige a été récompensé du prix du jury pour «Mommy» dans lequel Diane, veuve exubérante au langage fleuri, hérite de la garde de son fils, un adolescent blond bipolaire, impulsif et violent. Le benjamin Dolan partage son prix avec le vétéran de la compétition, le Franco-Suisse Jean-Luc Godard, 83 ans, récompensé pour l'énigmatique «Adieu au langage». C'est la première fois que Cannes accorde un prix à la légende de la Nouvelle vague qui a refusé de se déplacer sur la Croisette. L'Américain Bennett Miller, 47 ans et Oscar 2006 pour «Truman Capote», est reparti avec le prix de la mise en scène pour «Foxcatcher», un drame des années 80 où un riche milliardaire (Steve Carell) prend sous sa coupe deux frères lutteurs (Shanning Tatum et Mark Ruffalo). Le prix du scénario est allé aux Russes Andreï Zviaguintsev, également réalisateur, et Oleg Negin pour «Leviathan». Ce film, qui dénonce la corruption et un Etat omnipotent, raconte le destin d'un garagiste dont la vie dans une petite ville au bord de la mer de Barents, bascule quand le maire, corrompu jusqu'à l'os, jette son dévolu sur la maison et le terrain de Kolia pour un projet immobilier. Zviaguintsev avait plusieurs fois souligné devant les journalistes que «Léviathan» n'était pas une attaque contre le régime russe. C'est l'aspect «plus biblique que politique», que le jury a retenu, a précisé Jane Campion.




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