Comment une guerre civile arrive ? Une précipitation des évènements alimentée par des coups tordus, des calculs erronés, une terrible descente dans la haine qui fait du frère et du voisin des ennemis... Et, enfin et surtout, des responsables, des « chefs » qui perdent pied et qui n'ont plus aucune maîtrise sur les évènements. On peut reprendre toutes les séquences. Un Fatah qui n'a pas accepté la victoire électorale d'un Hamas piégé par sa victoire mais qui n'y renonce pas. Des Occidentaux qui punissent les Palestiniens pour avoir fait le mauvais choix et Israël qui continue de tuer. Quand les «chefs» font la politique du pire, à la base, chez les «soldats», on le fait par les armes, les enlèvements et les liquidations sommaires. L'accord conclu en février dernier, sous l'égide de l'Arabie Saoudite, rendait un peu d'espoir à une société palestinienne tétanisée par la montée des périls. La formation d'un gouvernement d'union nationale laissait entrevoir un déblocage de l'exécutif palestinien. Mais on peut aujourd'hui constater que l'accord de La Mecque, dont le souci était de préserver les Palestiniens des incitations extérieures à la guerre interne, n'a pas eu les résultats escomptés. Le cercle des responsables qui entourent Mahmoud Abbas considère toujours, en dépit des urnes qui l'ont sanctionné, qu'il est le seul habilité à mener le peuple palestinien vers son Etat. Ce cercle a tendance à ne pas accepter que le Hamas veuille, au nom de sa légitimité électorale, avoir son mot à dire. Signe que la défiance est de mise, ce gouvernement d'union nationale est en train d'achopper sur la question du contrôle des services de sécurité. Un ministre de l'Intérieur a déjà remis le tablier en constatant qu'il était chargé d'une mission impossible, sauf à servir d'alibi. Â Mais on peut désormais se demander qui contrôle qui ? Les responsables politiques du Fatah et du Hamas contrôlent-ils leurs services de sécurité et leurs factions armées ? Les échecs répétés des accords de cessez-le-feu et des arrangements politiques sont les signes que ce sont les politiques, Mahmoud Abbas tout comme Ismaïl Haniyeh, qui sont contrôlés par les hommes en armes. Et le fait qu'ils soient aujourd'hui ciblés directement par des tirs ne peut que les rendre plus dépendants des gens d'armes. Il ne sert à rien que l'Autorité palestinienne accuse le Hamas de vouloir faire un «coup d'Etat» contre la légitimité palestinienne. Hamas aussi a sa légitimité. A coups de démission, de calculs sordides, d'une transformation de l'autre Palestinien en ennemi, les conditions ont été mises pour que les chefs militaires prennent le pas sur les politiques. Dahlane a pris le pas sur Mahmoud Abbas, tout comme d'autres chefs militaires ont pris le pas sur les responsables politiques du Hamas. C'est là le vrai coup d'Etat qui est en train de mener les Palestiniens à la guerre civile, cette perte du sens politique au profit des gens d'armes qui croient dangereusement qu'ils peuvent résoudre des différends politiques à coups de fusils. Est-il trop tard pour que les responsables politiques palestiniens arrêtent cette marche absurde vers la guerre civile ? Espérons que non et qu'il leur reste un peu de raison et de compassion pour leur peuple.
Posté Le : 13/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com