La visite du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, accompagné de plusieurs ministres, qui était programmée pour les prochains jours est compromise par le refus du gouvernement marocain de cette rencontre qui devrait, entre autres, faire le point sur le travail des commissions chargées de préparer les dossiers des relations et d?aboutir à un accord qui aurait permis une normalisation des relations. Pour rappel, le gouvernement marocain demande depuis 1997 aux autorités algériennes de rouvrir les frontières terrestres afin de permettre aux régions marocaines frontalières de commercer librement avec les algériens mais aussi de faciliter l?afflux de touristes algériens, gros pourvoyeurs de devises. Ces échanges qui procuraient au Maroc près de 2 milliards de dollars par an avant 1994, selon une source officielle algérienne, soit avant la décision prise par les autorités marocaines d?expulser les algériens et d?instaurer le visa, pourraient procurer davantage en cas de normalisation.La décision unilatérale marocaine avait amené les autorités algériennes à fermer les frontières terrestres surtout qu?il s?était avéré que les groupes terroristes algériens étaient hébergés de l?autre côté de la frontière. En réponse à la demande marocaine, le gouvernement algérien avait demandé publiquement et officiellement d?assainir la situation avant toute normalisation qui devrait permettre la réouverture des frontières. Parmi les mesures demandées, figurait l?indemnisation des Algériens qui avaient été spoliés de leurs biens après leur expulsion du Maroc. Entre temps, le visa a été supprimé des deux côtés après une période de rapprochement. Il restait au Maroc d?obtenir la réouverture des frontières terrestres afin de provoquer l?afflux de touristes algériens qui aurait permis de fouetter l?économie régionale marocaine et d?augmenter aussi et surtout l?apport en devises qui aurait permis à la balance commerciale marocaine de mieux se porter. Des commissions mixtes avaient été créées et leur travail devait être entériné par les deux gouvernements. Or, il s?avère, après le refus marocain de la rencontre des chefs de gouvernement qui était programmée pour les 21 et 22 juin, que les autorités marocaines ne semblent prêtes pour un assainissement des relations. Cette décision fait fi de tout entendement étant donné la crise économique que vit le Maroc. La hausse des prix du pétrole est en train de peser lourd sur la balance commerciale avec un déficit commercial estimé à 30,3 % pour les 4 premiers mois de l?année.La facture énergétique pour l?année 2005 devrait connaître une hausse de 24 % par rapport à 2004, année qui avait déjà donné lieu à un gros déficit.Selon le centre marocain de conjoncture, « le cycle de croissance ascendant entamé depuis plus de deux années est en passe de connaître une nette rupture », qui serait marquée par une baisse des exportations, de mauvaises récoltes céréalières et un déficit en hausse à cause de la facture énergétique. A fin 2005, le taux de croissance connaîtrait une baisse de trois points par rapport à 2004 avec une prévision de 1,2 % . Parmi les facteurs clés qui engendrent cette crise, figurent l?accord multifibres qui a affecté les exportations de textiles, la hausse des prix du pétrole qui alourdit le budget de l?Etat et affecte la caisse de compensation et les mauvaises performances du secteur agricole avec une production céréalière qui serait de 3,6 millions de tonnes en 2005 contre 8 millions de tonnes en 2004. La baisse serait de 57 %. En procédant de la sorte, les autorités marocaines font monter les enchères. Mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Car dans ce jeu-là, ce sont les citoyens du Maghreb qui continuent d?être pénalisés.
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Posté Le : 18/06/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Liès Sahar
Source : www.elwatan.com