Algérie - 07- Occupation Française

Essais nucléaires français : « Nous étions des cobayes »



Il a exactement 69 ans, retraité d'Air France, et fait partie des victimes des essais nucléaires de Reggane. Il y travaillait pour l'entreprise Audry Algérie, à une cinquantaine de kilomètres du site dit Point zéro où il y a eu les essais. M. M. vient juste d'être diagnostiqué d'un cancer de la prostate, avec d'autres complications au niveau de l'abdomen. « Je ne savais pas que ces essais pouvaient laisser des séquelles aussi dangereuses. J'ignorais tout ce que ces essais pouvaient provoquer comme complications, et je crois que même ma stérilité est due à ce crime », témoigne-t-il. Aujourd'hui, souffrant de ces maladies, il souhaite, en attendant une indemnisation au même titre que les victimes françaises, une prise en charge médicale : « Ma situation urge dans la mesure où je suis à un stade précoce du cancer de la prostate. Les médecins me recommandent une intervention chirurgicale, à Paris, au niveau de l'abdomen pour pouvoir ensuite traiter mon cancer. »Il vient juste d'adresser un courrier détaillé à l'ambassade de France en Algérie, dans lequel il demande ses droits en expliquant, dans le détail et avec preuve, sa situation. Des démarches qu'il entreprend individuellement dans la mesure, dit-il, où il est incapable de retrouver les traces de ses anciens collègues. M. M. a toutes les pièces prouvant que le jour du 13 février 1960 il était sur le site. Il nous montre même son ancienne carte professionnelle et des photos. « Le jour de l'explosion, le matin très tôt, l'employeur est venu nous remettre des tenues militaires et des dosimètres, qui ont été récupérés le lendemain et que nous devions accrocher obligatoirement sur nous. Etant jeunes, mon frère, et trois de mes oncles ' tous morts suite à de longues maladies ' et moi-même, n'avons jamais compris ce que préparait l'armée française », raconte-t-il. Et d'ajouter : « Les militaires nous ont invités à nous coucher à plat ventre et de bien couvrir nos yeux. A la fin de l'explosion, j'ai tenté de me lever, et tout de suite ma bouche était pleine de sable à cause du souffle. » Cinquante ans après, M. M. réalise la gravité des faits et dit ne pas avoir de doutes sur les intentions du colonisateur : « Je pense qu'ils nous ont embauchés dans cette entreprise comme des cobayes, car notre passage n'a duré que quelques mois. Après les essais, la majorité était licenciée. »


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