Algérie

Essais nucléaires français dans le sud algérien: Nicolas Hulot plaide pour la "responsabilité" et la "transparence"


Essais nucléaires français dans le sud algérien: Nicolas Hulot plaide pour la




ALGER - L’envoyé spécial du président français François Hollande, pour la Protection de la planète, Nicolas Hulot, a plaidé, vendredi à Alger, pour la "responsabilité" et la "transparence" de son pays dans le dossier des essais nucléaires dans le sud algérien.

"Ce que je peux prôner est que mon pays assume ses responsabilités et joue la transparence. Je pense d’ailleurs qu’on est bien parti pour cela puisqu’on a commencé à déclassifier l’ensemble des documents", a indiqué dans un entretien à l’APS M. Hulot qui effectue une visite en Algérie.

Mais pour Nicolas Hulot, "le plus important actuellement, et c’est ce qu’attendent les Algériens à mon avis, est de savoir où en est la situation".

L’écologiste a estimé qu’il est nécessaire de se donner les moyens de connaître l’état des choses et que la France facilite les démarches de "ceux qui se considèrent comme victimes potentielles de ces essais, et ce, quelle que soit leur nationalité", pour faire valoir leurs droits.

"Je plaiderai pour la transparence absolue, pour une meilleure information sur la situation afin qu’on puisse rationaliser les craintes, dans un sens ou un autre. Il ne faut rien dissimuler et assumer ses responsabilités. J’ai le sentiment que le gouvernement français actuel est plutôt dans cet état d’esprit", a précisé l’envoyé spécial français.

M. Hulot, qui a visité plusieurs infrastructures, dont le projet d'aménagement et de réhabilitation d'Oued El-Harrach, considère "que de bonnes choses sont en train de se faire dans le domaine de la préservation de l'environnement en Algérie".

Par ailleurs, selon M. Hulot, la situation climatique dans le monde s’est dégradée depuis la conférence de Kyoto et il appartient à la communauté internationale de "redéfinir des objectifs".

"Ce que nous voudrions à Paris c'est que la communauté internationale ait un engagement global juridiquement contraignant" sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

"Si on arrive à avoir cet accord cela sera une avancée considérable", a-t-il noté, signalant que la France "ne peut décider à la place" des Etats, mais peut, néanmoins, "essayer de comprendre la position des uns et des autres et identifier les raisons des précédents échecs".

Le militant écologiste a mis en garde contre un autre échec des négociations à la Conférence de Paris 2015 (COP15). Pour réunir les conditions d’un succès, il a préconisé que les 190 pays participants adoptent "un regard universel" et que "les Etats sortent de leur égoïsme" car la menace est la même pour tout le monde.

"Ma mission est de discuter avec l’ensemble des pays de la communauté internationale pour écouter leurs arguments, connaître leurs positions et transmettre leurs suggestions", a-t-il expliqué, ajoutant avoir trouvé les propositions du ministre algérien de l’Energie et des mines, Youcef Yousfi, "très pertinentes", notamment en ce qui concerne le transfert des technologies propres et les financements innovants pour aider les pays du Sud.

"Ce sont des doléances pertinentes que je relayerai non seulement auprès de mon gouvernement mais aussi aux Nations unies", a indiqué M. Hulot.

L’envoyé spécial a exprimé également sa satisfaction de trouver une "convergence" avec les autorités algériennes concernant la "mobilisation des autorités spirituelles".

"Ce n’est pas par désespoir que je tente de mobiliser les autorités religieuses", a-t-il lancé en réponse à une question relative à ses contacts avec des autorités spirituelles ces derniers temps.

"Même le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, m’a suggéré d’associer des autorités spirituelles et intellectuelles. Je suis content qu'il y ait cette convergence. Le sujet est tellement important qu’il faut hisser le niveau de conscience à un niveau supérieur. C’est un enjeu suprapolitique, supranational.

Donc les gens qui ont des voix qui portent, quelle que soit leur religion, leurs convictions, pourraient apporter leur contribution", a commenté l’écologiste.

Selon lui, la crise écologique peut être une opportunité pour "mutualiser les efforts afin de passer d’un monde de compétition à un monde de coopération" pour pouvoir faire face aux enjeux du 21ème siècle qui sont, selon lui, la rareté des ressources, les inégalités et la vulnérabilité des écosystèmes.

Il s’agit aussi d’utiliser toutes les étapes avant la COP15 pour traiter "les sujets qui fâchent", comment aider les pays du Sud à s’adapter, avec quel argent et quel instrument financier, comment rassurer les pays du Sud que ces engagements soient tenus et "est-ce que certains pays comme la Chine et les Etats-Unis sont prêts à signer".

Concernant sa position par rapport à l’exploitation des énergies dites non conventionnelles tel le gaz de schiste, Nicolas Hulot a estimé que son point de vue sur la situation en France "n’est pas forcément reproductible dans d’autres pays parce que la situation énergétique et économique n’est pas la même". "Ce n’est pas une solution d’avenir mais peut être une solution transitoire.

Je persiste à dire que l’avenir est dans les énergies renouvelables", a-t-il dit.

Nicolas Hulot interviendra à la Conférence africaine de l’environnement qui se tiendra samedi à Oran aux cotés de personnalités nationales et internationales.

"Je leur (ministres africains) dirai qu’il y a des solutions et qu’il existe un modèle économique durable. Mon message, aussi, est de leur dire qu’il faut appréhender l'enjeu climatique avec une vision universelle. Ces pays nous rappellent nos responsabilités mais je leur demande de tenir compte, également, avec discernement de nos difficultés", a-t-il conclu, en exprimant le souhait que "la rencontre de Paris soit vraiment le point de départ du changement des mentalités et des priorités en termes de préservation de la planète avec le soutien des bailleurs de fonds.

Dernière modification le vendredi, 21 février 2014 16:30


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