Algérie

Essais nucléaires de Reggane : Reconnaissance par l’Etat français du droit à l’indemnisation aux victimes



Essais nucléaires de Reggane : Reconnaissance par l’Etat français du droit à l’indemnisation aux victimes
A ce jour, 47 dossiers de victimes ont été réceptionnés par le service des Anciens combattants de l’ambassade de France en Algérie.

« Même s’il y a encore des choses à revoir, c’est un début de reconnaissance de l’Etat français », tels sont les propos de l’ambassadeur de France en Algérie, M. Xavier Driencourt, sur la question de l’indemnisation des victimes des essais nucléaires de Reggane, mais également de Polynésie.Des victimes qui viennent en effet d’être reconnues comme telles, pour la première fois de l’histoire commune que nos deux pays entretiennent, et qui vont bénéficier d’indemnisations de la part de l’administration française. Il faut dire que les essais nucléaires français au Sahara et ceux menés en Polynésie française, ont été un sujet tabou pendant plus de quatre décennies. Des essais menés entre le 13 février 1960 et le 31 décembre 1967 pour Reggane, et de 1966 à 1998 à Mururoa, et qui ont débouché depuis la promulgation de la loi en janvier 2010, à ce jour, à la réception de 47 dossiers. Des dossiers reçus par le service des Anciens combattants de l’ambassade de France à Alger, et transmis à la commission d’indemnisation des victimes dont le siège se trouve en France. « Sur les 47 dossiers répertoriés, 17 viennent de victimes civiles, tandis que les trente restants sont des militaires, soit français, soit algériens», a expliqué dans ce contexte, M. Philippe Pagès, directeur du service qui a eu à co-animer la conférence de presse tenue au siège des Anciens combattants à Alger, avec l’ambassadeur et un haut responsable de la République française en Algérie, M. Denicourt.
S’attendant à la réception d’un nombre plus important de dossiers, M. Pagès signalera toutefois que l’indemnisation des victimes est conditionnée par trois critères exigibles et cumulatifs : « D’abord il faut justifier sa présence dans des zones géographiques déterminées, ensuite justifier sa présence dans ces zones à certaines périodes déterminées, et enfin, être atteint d’un des dix-huit cancers radio-induits, et tels que listés dans le décret d’application du 11 juin 2011», a-t-il précisé, ajoutant que l’indemnisation est possible pour les victimes directes, mais également pour les ayants droit (veuves ou enfants des victimes, aujourd’hui décédées.»
De son côté, M. Denicourt a signalé que les demandeurs peuvent s’adresser au service des Anciens combattants de l’ambassade, « qui va les aider à la constitution des dossiers».

Anciens combattants : une revalorisation de 4,25 fois, pour ce mois de juin 2011
Les Anciens combattants qui ont passé plus de 15 années dans les rangs de l’armée française viennent aussi de voir leurs pensions à la hausse.Faisant un bref rappel des faits, M. Pagès a indiqué que plus de 200.000 soldats algériens ont participé à plusieurs guerres avec la France, telles celles de la Deuxième Guerre mondiale, l’Indochine, les campagnes d’Italie, de Tunisie, le débarquement de Provence… Des combattants d’origine algérienne, dont le nombre est de 47.500 recensées et dont le montant des pensions versées annuellement est de 71,8 millions d’euros (au 31 janvier 2011).
« C’est une population importante, et chaque année, nous avons 16.000 personnes qui viennent à nos différents consulats pour déposer leurs dossiers de demandes», a expliqué l’ambassadeur qui a spécifié le fait que trois sortes d’anciens combattants bénéficient de pension : la retraite du combattant, la pension militaire d’invalidité et la pension militaire du combattant pour les plus de 15 ans dans les rangs de l’armée. « Depuis 2002, les deux premières pensions ont connu une revalorisation importante, multipliées par 7,25 ce qui a permis à ces pensions de sauter de 6,3 millions en 2002, à 71,8 millions en 2011», signalera M. Pagès qui dira que dès le mois de juin 2011, la 3e catégorie de combattants, se verra relever les indemnités à 4,25, « ce qui va permettre à l’Etat français de verser 20 millions d’euros annuels supplémentaires», a-t-il indiqué, affirmant que cette somme représente la moitié de ce que verse l’Etat à l’ensemble de ses anciens combattants de l’armée. « Au vu de notre passé commun, la France a en Algérie, la communauté de combattants la plus importante à l’étranger.» Cette revalorisation est d’autant plus intéressante pour les anciens combattants algériens, du fait que c’est la même pour tout le monde, y compris les Français et que les veuves de ces combattants y ont droit (à ce jour, ont décompte 11.800 veuves, 350 anciens combattants mutilés pris en charge médicalement, et quelque 300 orphelins handicapés percevant des pensions). Enfin, et pour répondre à plusieurs questions sur les lacunes contenues dans le dossier d’indemnisation des victimes des essais nucléaires Xavier Driencourt a précisé qu’il est fort possible que la commission instaurée à cet effet, revoie certaines des conditions émises, et cela selon les cas qui lui seront soumis.



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