Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui intervenait lors
d'une conférence de presse organisée, mercredi dernier, en marge de la
cérémonie de la journée de l'Afrique a abordé la question des effets des essais
nucléaires français effectués au début des années 60 dans le sud-ouest du pays
en précisant que le traitement de ce dossier ne doit pas uniquement concerner
les indemnisations, mais devrait prendre en charge la décontamination des
espaces sur lesquels ont eu lieu ces essais. Le chef de la diplomatie a, dans
ce contexte, rappelé que «l'objectif des deux parties (l'Algérie et la France)
est de procéder à une évaluation la plus complète possible sur la situation et
de faire en sorte que nous puissions aller, ensemble, à la prise en charge des
problèmes qui ne sont pas simplement des problèmes d'indemnisation mais aussi
de décontamination».
M. Medelci s'est montré optimiste quant aux perspectives du règlement de
cette question en précisant: «nous avons un travail commun avec la partie
française sur la question des retombées malheureuses, négatives et désolantes
des essais nucléaires et que l'Algérie enregistre avec beaucoup d'attention le
projet de loi relatif à l'indemnisation des victimes de ces essais». Néanmoins,
le ministre a précisé que nous ne devons pas dériver dans la mesure où nous
devons procéder à une évaluation la plus complète du fait que ce projet devrait
régler une partie des questions qui se posent aux deux parties. Pour M.
Medelci, «ce genre de travail demandera aux deux pays certainement du temps et
beaucoup d'efforts». Et de rappeler que ces progrès ont été notamment
enregistrés à l'issue de la visite en Algérie, en 2007, du président de la
République française, Nicolas Sarkozy, où il a été décidé d'ouvrir ce chantier
ensemble pour l'évaluation des dégâts et de préconiser des solutions.
Le gouvernement français avait adopté, ce même mercredi, en Conseil des
ministres le projet de loi sur l'indemnisation des victimes des 210 essais
nucléaires atmosphériques français effectués dans les années soixante, pour
l'essentiel en Polynésie et au Sahara. Le texte prévoit que la réparation
intégrale des préjudices sera ouverte aux individus ayant participé aux essais
ainsi qu'aux populations locales à même de justifier leur présence dans les
régions concernées. La loi fixera les périodes et la liste des maladies
reconnues comme découlant de l'exposition à la radioactivité. Les demandes
d'indemnisations, versées en une seule fois, sous forme de capital, seront
approuvées par un comité dirigé par un magistrat et par des médecins qui
formuleront des recommandations au ministère de la Défense qui décidera en
dernier ressort. Mais la structure ad hoc et la procédure prévue par texte
législatif suscitent les critiques des associations de défense des victimes. En
effet, le comité d'indemnisation qui est le sas du ministère de la Défense, ne
comprend pas de représentants des victimes et n'est qu'une étape dans un
processus où la décision appartient à un ministère concerné au premier chef par
les expérimentations atomiques. L'administration s'arroge ainsi un double rôle,
celui de juge et partie qui laisse effectivement planer le doute sur la
fiabilité du système envisagé.
Mais sur le fond, le projet de loi ne semble pas du tout prendre en
compte les effets durables et transmissibles des tests nucléaires à ciel
ouvert. La contamination des sols en particulier, de la chaîne alimentaire -
les plantes et les animaux ont été touchés par les rayons ionisants - et de
l'environnement en général est une réalité avérée dont pâtissent directement
les populations qui vivent dans les régions affectées. Plus gravement, le
projet de loi ne semble pas faire cas des descendants, parfois eux-mêmes
atteints de pathologies héritées, des victimes.
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Posté Le : 30/05/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah C
Source : www.lequotidien-oran.com