Algérie

Essai : «Le désordre agricole'» de Makhlouf Azib



Paru aux éditions Dalimen pour le 24e Sila «Le désordre agricole, échecs et défis du secteur» de Makhlouf Azib laisse une impression de désarroi quand on entame la lecture. Non pas pour ce débat sempiternel sur l'agriculture et son impact économique sensé être positif sur l'économie algérienne, sa diversification et ses potentialité?Ce livre fondamental, d'utilité publique, est construit sur un ensemble d'interrogations émises par cet universitaire fougueux, expert au ministère de l'agriculture pendant longtemps, lucide dans son approche et qui ne désespère pas de voir «reverdir» un secteur victime de toutes les incuries et de toutes les rapacités? à l'aune d'une situation politique qui s'en va à vau l'eau, et c'est le moins que l'on puisse dire. L'auteur vient nous rappeler ici la nécessité de construire cette agriculture qui est l'élément économique le plus sensible d'un pays, mais qui est aussi le principal outil de développement. Dans l'histoire des civilisations, le dénominateur commun de toutes les sociétés est que l'agriculture est le point fondamental qui a nourri les hommes, qui les a cultivés sans mauvais jeux de mots et qui leur a donné le sens du développement.
Makhlouf Azib en être sensible et impliqué nous livre son propos sur quelques 28 petites étapes écrites sur des considérations générales avec, ensuite, quelques notes sur l'avènement du PNDA, et au passage cette «impossibles cohabitation entre ministres, et ministres délégués du secteur. Nous aurons ensuite une idée sur cette hypothétique reconversion des cultures et bien-sûr les dérives d'un programme mal préparé. L'écrivain essayiste, énervé et pour cause nous emmène ensuite à des notions fondamentales comme l'irrigation sur un programmé stratégique en mal de management suivie par le programme de mise en valeur des terres traité d'une manière informe et dans la gabegie la plus totale, s'en suit alors aussi des précisions sur la grande illusion crée autour du programme des jeunes investisseurs. L'auteur de ce pamphlet assez passionnant nous évoque le développement rural dans une méthode d'approches théoriques sans véritables fondements impactant.
Le parcours suit un cheminement écrit qui de part son aspect documentaire reste effrayant tant l'incurie des responsables du secteur semble «savamment» entretenue pour détruire au lieu de construire, la chasse et sa marginalisation alors qu'elle peut réparer les déséquilibres naturels, le programme de production de semences, chapitre hautement stratégique de notre agriculture, mais aussi de notre souveraineté nationale. Il y'a aussi le chantier avorté de la profession agricole et de son organisation, et puis cette immensité qui est la steppe algérienne ô combien richissime et qui pourtant ne couvre pas les besoins en papier, en élevage ovin par exemple. Sur ce parcours plus raisin que figue, l' essayiste nous parle d'une agriculture toute empreinte de projets inachevés notamment aussi dans l'agriculture saharienne, parent pauvre de tous les parents pauvres déjà inscrit dans ce pathétique déroulé de nos échecs patents de créer une agriculture en phase avec le monde et qui réponde à nos besoins et aux besoins du monde qui nous environne.
La mécanisation, le lutte contre les acridiens, les statistiques différentes, le syndicat, symbole du parasitisme le plus éloquent, l'oléiculture et ses objectifs, la société des courses et ses méandreuses gestions, le parc zoologique et son abandon impardonnable, l'Onta, et ses différents blocages, la production animale, le savoir et la connaissance, la régulation et ses failles créées de toutes pièces l'inspection générale et aussi ses manquements avec quelques attitudes au final que suggère Makhlouf Azib qui garde la tête froide en restant ce personnage qui use de l'anecdote comme un lanceur d'alerte mais qui au final reste conscient que des choses peuvent être faites, des actions réalisée pour peu que l'intelligence collective se mette enfin en branle pour assurer ou du moins catalyser l'agriculture comme l'essentiel d'un pays en marche cependant sur des critères systémiques.
Il va sans dire que la première forme de civilisation est la première forme agricole, quand le chasseur cueilleur a commencé à se sédentariser, à être pasteur, et que la première forme de civilisation, d'écriture, de dessin, de langage, se sont fait après la notion de territorialité, d'échanges, de trocs, et même de guerre? est-ce que cela revient à dire que nous sommes alors un pays qui a choisi le sous-développement et la dépendance d'une savoir que les autres ont développés alors que nous avons choisi tout simplement le chemin inverse !'
Makhlouf Azib est un excellent guide dans cet ordre d'idées, il ne détient évidemment pas la panacée des réponses absolues, il traduit ici dans cet ouvrage «Le désordre agricole, échecs et défis du secteur» un avis tranché sur la question, mais aussi un avis personnel en son âme et conscience avec quand-même force d'arguments.
Makhlouf Azib est né en 1954, à M'zita dans la wilaya de Bordj-Bou-Arreridj, il est marié, a quatre enfants. Son cursus pertinent est le résultat d'un Doctorat d'Etat es-sciences en pédologie (Ensa Rennes/Paris VI). De 1982 à 1984, il accomplit son service militaire au sein du barrage vert (GTF), il est de 1984 à 1994 enseignant/chercheur en agronomie et pédologie à l'ENSH de Blida et ensuite de 1994 à 2005, directeur de la formation et de la recherche et de la vulgarisation au MADR et délégué de l'Algérie auprès du CIHEAM. De 2007 à 2010, il est recteur de l'Université de Laghouat, et de 2010 à 2012, inspecteur général du MADR, ensuite, il est de 2012 à 2014, Président Directeur Général de la SGP/SGDA. De 2015 à nos jours, il est enseignant/chercheur en techniques de la communication à l'ENSH Blida. Son livre aussi savoureux que poignant laisse la part belle à l'optimisme le plus efficace, il reste à lire juste pour se situer et essayer de faire à ce que les choses se passent mieux?même si c'est dans une vie future !!!
Makhlouf Azib, «Le désordre agricole, échecs et défis du secteur», essai, paru aux Editions Dalimen, 172 pages, Alger, 2019.


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