Essai de Moncef Marzouki et roman de Jean d'Ormesson en librairie Les deux ouvrages sont parus aux éditions Média-Plus

La maison d'édition constantinoise Média-Plus poursuit son petit bonhomme de chemin - qu'elle a entamé depuis son arrivée sur le marché du livre en 1991-, en quête d'ouvrages de qualité à proposer aux lecteurs, avec une prédilection pour l'essai politique et le livre d'histoire. Coup sur coup, après l'annonce de la prochaine arrivée de Justice pour la Palestine !, ouvrage préfacé par le défunt philosophe et agitateur d'idées Stéphane Hessel et signé par 16 contributeurs du tribunal Russel, l'éditeur vient de mettre sur le marché deux nouvelles publications L'invention d'une démocratie - Les leçons de l'expérience tunisienne, un essai politique du président tunisien Moncef Marzouki, et C'est une chose étrange à la fin que le monde, un roman de Jean d'Ormesson.
Dans son livre, sur 179 pages, en 10 chapitres, M. Marzouki livre, dans une première partie, une analyse pointue de la situation politique et économique de son pays et du monde arabe dans laquelle il revient sur ce «printemps» dont les fleurs tardent à être cueillies et sur les causes qui ont contribué à son avènement. Dans la seconde partie, c'est un regard lucide sur l'avenir qu'il développe.
Dès l'introduction, il pose l'axiome que la démocratie en Tunisie et dans les pays arabes est une urgence éthique et technique qui ne peut que s'imposer, car les sociétés arabes ont atteint le niveau de complexification et d'éducation qui rend la gouvernance démocratique incontournable. «Ce chaos (post révolution, Ndlr) porte en lui la promesse de nouvelles structures, de nouvelles organisations, de nouveaux modes de vie qui vont probablement nous surprendre, y compris nous, les hommes politiques, qui croyons gérer ou orienter le processus actuel. J'espère que les nouvelles organisations qui vont émerger seront plus stables, plus justes et plus belles. Je me suis donné pour tâche d'accompagner cette évolution, sans grande prétention sur ma capacité à maîtriser cette dynamique extraordinaire, mais avec l'immense honneur de penser que je fais partie de ce processus de recréation, de restructuration de tout un pays. C'est quelque chose de magnifique et, en même temps, d'assez terrifiant, car j'ai parfois l'impression que les mécanismes qui se mettent en place aujourd'hui portent en eux une force qui me dépasse», écrit le président tunisien qui affiche sa conviction et sa confiance - basées sur des facteurs tangibles et objectifs- que les mécanismes internes et, surtout, externes ayant bloqué l'évolution des pays arabes vers un régime démocratique, seront broyés par la dynamique en marche.
«Les Arabes sont face à deux projets. D'un côté, l'islamisme salafiste et djihadiste qui propose toujours une justice sans liberté, car il n'a jamais compris le lien entre ses échecs répétés et le mépris de la liberté. De l'autre, une démocratie occidentale de plus en plus néo libéralisée pour qui la justice sociale est une question secondaire, alors que si la démocratie n'est pas un outil au service de la justice sociale et la justice sociale un rempart pour la démocratie, toutes les sociétés iront droit dans le mur», ajoute M. Marzouki qui conclut son propos par l'engagement de travailler sans relâche pour relever les défis de la révolution tunisienne, en gardant en tête la «cette devise inspirée de Nietzsche : la promesse que la révolution nous a faite, c'est à nous de vouloir la tenir pour la vie».
Le deuxième livre ne convoque pas les capacités d'analyse mais de réflexion. Dans C'est une chose étrange à la fin que le monde, c'est Jean d'Ormesson le philosophe qui s'attaque aux questions existentielles, ces questions que n'ont cessé de se poser mathématiciens, philosophes, physiciens, astrophysiciens, et tous les hommes qui se sont un jour arrêtés sur l'idée de la naissance de l'univers, l'apparition de la vie, sa disparition, la mort, l'après-mort, le néant, le tout, le rien, l'infiniment petit, l'infiniment grand' sans jamais trouver La réponse.
L'auteur n'a aucunement la prétention d'apporter cette ou ces réponse(s). Mais il donne des clés de lectures qui permettent de suivre l'évolution de la réflexion jusqu'à notre époque où les sciences, les technologies ont accomplis des bonds extraordinaires qui ont fait
grandement reculer les limites du savoir et de la compréhension.
H. G.