Algérie

ESS : grandeur et candeur



L'Algérie est qualifiée aux finales de la Coupe du monde. Sétif, son club ententiste, n'a pas décroché un énième titre du Stade Malien.

La fête cependant continue dans la grandeur et la candeur.

La coupe de la CAF ne s'abreuvera pas de Ain fouara. L'Entente Sportive de Sétif et non sétifienne, n'a pu hélas faire suivre la fête aux millions d'algériens encore sous l'ivresse de la victoire de leur équipe nationale. Ce mouvement de liesse aurait été stoppé par un excès de zèle ou d'assurance. Il existe une grande différence dans la théorie générale du mouvement dans le sens où la mobilité peut prendre toute une multitude de dimensions. L'Entente n'a pas gagné cette fois-ci. La morosité qui s'est installée précairement dans les rues de la ville, n'aurait pas survécue le lendemain, tant l'exaltation nationale du 18 novembre poursuit son enivrement. Pourtant à Amman en un certain jour de mai d'une certaine année, il y avait comme à Sétif, des banderoles titrées en noir et blanc qui juxtaposaient avec relief l'étendard national. Là, tout se confondait. L'Entente était dans l'Algérie. Sétif dans le cÅ“ur de tout algérien. Quelle prouesse! Un formidable élan de sentiment collectif est vite dressé d'est en ouest, du sud au nord. Nos compatriotes installés outre mer, étaient également de la partie. L'on ne savait pas à l'époque que l'Algérie allait être qualifiée au mondial en Afrique du sud. L'on ne savait pas encore quel engouement va-t-elle créer cette qualification de fin 2009. Mais les parties de foot comme les élections font de temps en temps des détours aux plus avertis des clubs ou des partis.

 Chez nous la promotion sociale ou sportive n'est pas un effort intellectuel. Ni l'élévation dans les rangs de la classe politique, un palmarès de lutte, de fer ou de sang. Tout, demeure lié à un phénomène dont l'unique explication est à rechercher dans les mystères du pouvoir. C'est justement par la grâce envoûtante de ses arcanes, que du rien l'on peut produire une chose. De qui de Hadj Aissa ou de l'Entente a fait la gloire de l'autre ? Le mécanisme de production laisse souvent apparaître malgré un maquillage adéquat ; des scories visibles d'incompétence et de cajolerie. Du néant, du vide l'on a fait des personnages. Ministre, wali, sénateur, député ou maire, joueur, chanteur ou artiste, à des exceptions près, tous ont eu à connaître les enchantements rajeunissants des laboratoires où se procrée sans recette, le mythe des hommes new-look. Ce Hadj Aissa, excellent acteur de stade, n'avait pas à trop jouir de sa popularité, qui n'est qu'une production dans les ateliers de la légendaire Entente. Il est ainsi à catégoriser parmi ceux qui, une fois connaissent les délices soyeux d'une situation radieuse oublient vite les marches qui leur ont permis cette célébrité. L'Entente, voire l'Algérie crée des profils dans tous les sens de ceux qui nous commandent, nous gèrent ou nous représentent. Qui vous dit que tel ministre ou président de club est inamovible ? Que tel gouvernement ou bureau fédéral est éternel ? Que tel wali ou joueur est indispensable ?

 A voir l'indiscipline caractérisée de Lemouchia, lors de son remplacement dans le match aller contre le stade malien ; l'on dirait que l'insulte gestuelle lancée au visage de son coach est proférée à l'égard de tout un peuple supporter de ses prouesses. Sa désinvolture a fait réagir plus d'un. Saadane devait en prendre cause. Car le onze national peut évoluer en toute aisance sans ce joueur, suffisant et enivré par l'exploit d'Oumdormane, le contraire n'est pas juste. Saadane a l'embarras du choix avec l'apport des professionnels. Lemouchia sans ce onze miraculeux vaudrait ce qu'il valait avant son incorporation dans les verts. C'est des rangs de l'Entente que son statut d'international s'est profilé, grâce aussi aux dons bienveillants de négociateur redoutable de son parrain. Serrar. Ce dernier en toute modestie doit savoir apporter à son tour une auto évaluation, en dehors du résultat technique, qui par essence n'est l'exclusivité de quiconque, mais celui d'une collégialité. D'un club et de nombreux citoyens. A ce propos l'histoire de l'entente devance largement l'équipe ponctuelle. Ainsi l'entente de Sétif vit de son aura historique et légendaire. Des hommes et des hommes l'ont faite. Des jeunes et des jeunes la font toujours. Elle se doit de garder donc le rang appréciable qui est le sien. Équipe de coupe, de deuxième souffle et de bon finaliste. Sous Serrar, elle a certes brillé de mille feux. Mais tant d'accusations se sont interverties dans les coulisses et les rangées de vestiaires. Que les feux ne s'éteignent plus avec ou sans le porteur de flambeau.

 Que dire alors d'un ministre, sans tangente linéaire, sans talent ministériel, qui seulement avec son ego et sa meute croit ainsi avoir effectué et réussi les rites de l'ascension ? Un wali, qui octroie à son équipe et pas à une autre de même division un appui inconditionnel sans avoir à porter toutefois un regard strident sur les entrailles de la caisse du club, ne peut penser un instant que le succès d'une carrière est au bout de la maîtrise des coûts d'incidents, du management des risques et de la neutralité dans l'application de la performance. Il pourra aller jusqu'à tarir l'eau coulante de Ain-fouara. Entre l'ESS et le wali, il y a presque une histoire d'amour. Il sera à toutes les occasions le treizième joueur. A vrai dire il est l'équipe toute entière. Tout est d'ailleurs à son honneur. Mais, l'histoire devra faire cependant des haltes d'évaluation voire d'un redressement tant à la barre technique qu'au poste de management et de commandement. Loin d'être le véritable président, en droit ou en fait comme l'on tente de le faire croire ; le wali de Sétif est, somme toute le vrai catalyseur du club. C'est à ce titre qu'il lui échoit l'obligation de bousculer un tant soit peu l'habitude patriarcale de l'esprit dominateur dominant, sans partage sur la destinée du club.

 La culture d'un homme d'Etat comme celle d'un président de club, aussi prestigieux ne sera pas celle enfouie entre un bureau et quelques mauvais faiseurs et faussaires d'opinions. Elle ne peut par conséquent être une imposition de soi mais une servitude et une négation du « moi ». Celui qui arbore ses pectoraux par devant le zoom de l'ENTV, lors des matches et qui apprend à peine à bien renouer ses cravates, continuera nécessairement à ignorer ses provenances, n'ayant qu'un objet qui lui traverse la tête. L'accession. Mais quand on provient d'un rien, ce sont les affres douloureuses du rien qui en fin de chemin vous guettent et vous attendent. L'entraîneur, coach en prime qui s'absout et s'efface face à la posture d'un président omnipotent, ou d'un membre dirigeant d'un bureau ordonné n'est pas prêt ni à relever des défis, ni à s'imposer ou imposer une discipline de fer à l'Aribi. Ce manager technique ne peut en fait servir, comme à l'accoutumée que de bouc émissaire. Le pauvre Mechiche devra certainement partir. Et puis après ? Là, s'évertue encore et à tue-tête, la philosophie tendant à dire que la victoire a beaucoup de pères et la défaite est orpheline. Que d'échecs se sont collés parfois injustement à des entraîneurs qui le plus souvent officiaient sous l'injonction non dite mais réelle ou supposée l'être d'un climat fan-club hostile aux mauvais scores et intransigeant à la perte. La sagesse comme la sérénité s'envolent déjà aux pelouses dés la fin d'une défaite. La cause en la personne d'une personne est vite repérée. La responsabilité authentique sera cependant dans l'ailleurs, dans le nulle part. Enfin toujours loin des dirigeants. Nonobstant cela, le mérite incontestable greffé à l'équipe demeure dans son entière plénitude. Le fait de rendre hommage à cette équipe historique ne se justifie pas seulement par ses victoires successives ou son palmarès, mais reste astreint à une réalisation très appropriée dans le temps. L'Entente avait créé le bonheur national. En devenant une fierté nationale elle a construit le plaisir et le désir d'être encore algérien en ces moments où la gaieté s'est enfuie des rues d'Alger et des autres villes. En cette nuit du 18 mai 2007 l'Algérie oubliait ses élections pour chavirer, tous ensemble, gouvernants et gouvernés, candidats et électeurs dans le bien-être et le ravissement que procurait cet exploit international. Le président de la république était de la mise de par son message d'encouragement et de félicitations. Des tripes de ce club, il se dégage viscéralement qu'à chaque réussite soit tout au long de son parcours, l'Entente n'aurait pas reçu autant de consécrations sans l'apport inestimable voire inégalable de ses supporters. Hooligans parfois, pantois une autre, mais éternellement au chevet du club. Et ce à l'instar de ce peuple au dernier sifflet de Khartoum. Ils continuent, malgré la débâcle du stade malien à faire à leur manière perpétuer l'esprit gagnant et vainqueur. Cette déroute à Bamako en finale et aux tirs aux buts n'est qu'un arrêt sur parcours. A méditer. Tunis est à quelques encablures. La coupe d'Algérie et le championnat national sont là pour éventuellement pouvoir effacer un accident, une zizanie ou tout autre motif de non-satisfaction d'objectifs. Rester dans une dimension de grandeur c'est savoir mettre de l'ordre en son sein et bien mettre le pied au bon étrier. La candeur sera sans doute l'élimination de toute fausse modestie, l'écart d'une hypothétique grandeur et surtout le contrôle et l'arrêt de balle. Habès balouk ya khali !

 C'est aussi simple. Chez nous il y a rarement ceux qui s'arrêtent, avancent ou reculent. Il n'y a par ailleurs que ceux qui prétendent que la vie n'est qu'un élan vers le firmament de la victoire quel que soit le tremplin ou la rampe de lancement qui puissent bien vous y déposer. C'est le cas d'éventuels sponsors. Le rôle ainsi dévolu reste partagé entre la passion que l'on nourrit envers son club préféré et ce désir ardent et vorace de vouloir crever l'écran de la notoriété. L'on naît notable. L'on ne se l'imagine pas. Les pourvoyeurs de caisse ne manquent pas à Sétif. Tout le monde industriel et friqué a mis la main dans la poche. Ceci ressemblerait à un trésor destiné au financement d'une guerre. Le hic, résiderait, selon certains bailleurs, dans cette amnésie observée à leur encontre. Une invitation protocolaire et honorifique au lieu d'aller à un ex-donneur, fâché ou outré, n'avait pas à partir dans les méandres d'une administration dépassionnée, insensible et non concernée.

 Parmi les objectifs que se devait de s'assigner les dirigeants, il existe celui de provoquer et maintenir une adhésion totale autour du club. Raffermir les rangs, attirer les ex-faiseurs de l'entente, fédérer enfin toutes les énergies possibles. Et de ne pas se positionner dans une posture de chasse à l'autre, de tenir un langage belliqueux ou de ramener à sa propre personne tous les exploits. L'attraction terrestre et sa nature ne seront comprises qu'une fois la dérision tourne en vertiges et provoque la nausée. La chute mon vieux… comme la relégation est une autre trajectoire dangereuse qui s'oppose à la fragilité de l'accession. Ou à l'arraché d'une coupe.

 En l'état le calendrier sportif africain, pour Sétif vient de se terminer pour laisser place à un autre. Nord africain et national. La postérité a tranché que toutes les victoires s'estompent au fil du temps, pour ne laisser subsister que souvenances et commémorations.

 Que fera l'entente cette année, l'année prochaine ? Comment sera apprécié le souci de l'alternative à la barre de direction et de gestion ? A qui fera t-on à Sétif le jubilé dans vingt ans et plus? A Lemouchia ? Hadj Aissa ? Ces lancinantes questions interpellent les dirigeants actuels sur l'insistance vitale de trouver localement des potentialités, creuser les cahiers de la formation et éviter l'acte d'import et le contrat d'achat en l'état. Sinon rien n'interdirait aussi l'import ou l'achat de dirigeants, si professionnalisme obligeait. C'est la partie la plus difficile.








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