Algérie

Esquisse Par Hocine Mezali : Pourquoi l'Algérie «est-elle la dernière de la classe» '



Lu dans un de nos quotidiens la semaine dernière, ce titre tonitruant et particulièrement tendancieux par les temps qui courent : «Â Pourquoi l'Algérie est-elle parmi les derniers de la classe ' » Son auteur, sans doute un honnête citoyen,  s'était mis à  comparer l'incomparable avec un sérieux se voulant tout aussi démonstratif qu'incongru. Evaluant les performances enregistrées dans quelques-unes des universités les plus prestigieuses du monde, après un voyage-éclair  circumterrestre, il assène, non sans aplomb d'ailleurs, que l'Algérie serait «Â loin derrière la Tunisie et le Maroc » dans ce domaine. Qu'est-ce à  dire ' Que l'enseignement dispensé dans nos universités aurait peu de valeur ' C'est en tout cas ce qui ressort d'une diatribe qui n'avait pas lieu d'être. Voici pourquoi. Bien que devenue monnaie courante cette sorte de comparaison n'entre dans aucun critère objectif. Pour quelle raison ' Simplement parce que ce qui semble ici si allègrement comparable, n'est en réalité qu'une superficialité résultant d'une observation sinon douteuse du moins tendancieuse des choses. Regardons les choses en face. L'Algérie n'étant indépendante que depuis 48 ans, la Tunisie et le Maroc comptent l'un et l'autre à  peu près 350 ans de culture d'Etat chacun. Et même si l'on ne prenait en considération que les dates d'indépendance de chacun des trois pays, nos deux voisins dépassent largement l'Algérie en années de liberté, cette dernière étant née en 1962 seulement après une féroce guerre de libération nationale que nos deux voisins, tant mieux pour eux, n'ont pas subie. A cela s'ajoute forcément une approche dans laquelle on ne peut àªtre objectif qu'en se rappelant que les 48 ans d'indépendance que l'Algérie a vécus n'ont ressemblé à  aucun fleuve tranquille. Quelqu'un a dit que les mots ont été inventés pour dissimuler des réalités souvent insoutenables. C'est vrai pour ce qui est de l'Algérie qui a non seulement vécu un boycott quasi-intégral de la part de la plupart de ses partenaires mais en plus subi une déstabilisation par le biais d'une guerre idéologique fratricide qui lui a coûté des dizaines de milliers de morts, des cadres, des intellectuels, des penseurs mais aussi des gens du peuple.Pendant cette période noire et improductive, tous les chantiers promoteurs furent arrêtés et son université freinée dans son élan par le nombre de ses cadres assassinés, sans parler des menaces pesant sur les autres.A partir de 1982, l'élan entrepreneurial de l'Algérie avait été stoppé net par la convergence de deux phénomènes inattendus : l'endettement dû à  une gouvernance médiocre et infatuée d'elle-même et un terrorisme qui a essayé d'étouffer net la dynamique induite durant les années 1960  favorisant développement et la croissance économique et sociale. Pour ceux qui l'ignoreraient encore, l'Algérie ne comptait qu'une université à  l'indépendance, dans l'intervalle le cauchemar des idéologies rétrogrades était passé par là. C'est pour cette raison qu'à chaque fois qu'on tente de comparer l'incomparable, on se retrouve gros-Jean comme devant, c'est-à-dire hors sujet !
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