Espace vert, le parent pauvre du développement Oran

De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali

Officiellement, le dossier des espaces verts constitue, depuis quelques années, une priorité pour les autorités locales d'Oran ; que ce soit du point de vue de leur intégration dans les nouvelles cités, la récupération des espaces squattés, leur gestion ou leur entretien. Officiellement toujours, aucun nouvel ensemble de logements destiné à usage d'habitation ne peut voir le jour sans que des superficies d'espaces verts - comme les aires de jeux, d'ailleurs - ne soient prévus par l'architecte. Mais, en réalité, cette question demeure très
secondaire eu égard à l'intérêt que revêt de livrer «d'abord et en urgence» l'habitation pour tenter de résorber la crise qui tourmente encore des milliers de demandeurs d'Oranais (135 000 sont prévus à l'horizon 2014 pour satisfaire une demande actuellement estimée à environ 50 000) et provoque, de loin en loin, des manifestations de colère. Et, on l'a vu au cours de la réalisation de précédents programmes de logements, les espaces verts ne jouissent pas de l'intérêt des pouvoirs publics même si ceux-ci affirment haut et fort leur souci d'offrir aux heureux bénéficiaires et leurs familles des surfaces d'oxygénation et de détente. Interpellé par un employé d'une pépinière à propos de l'inadaptation au climat d'une plante que des ouvriers s'apprêtaient à planter dans de la terre fraîche d'une cité en construction, le promoteur avait répondu avec une insouciance toute mercantile: «L'essentiel est qu'elle tienne le temps de la visite du Président. Après'». Une petite virée à travers les cités construites ces dix dernières années à travers la wilaya d'Oran, permet de constater que des espaces verts et aires de jeux, initialement aménagés, ne restent que quelques bandes de terre nue qui - lorsqu'elles ne sont pas jonchées d'ordures ménagères - servent à jouer aux billes à des enfants dés'uvrés. Comble de mépris pour l'environnement oranais, des centaines (certains disent des milliers) d'arbres ont été déracinés et sacrifiés sur l'autel de la construction et l'industrialisation effrénées' Pour autant, il n'est pas dit que la situation - dans laquelle la société civile a sa part de responsabilité - perdurera éternellement et les pouvoirs publics maintiennent que des ajustements seront apportés lors de la construction des nouvelles cités : il y a deux années, les pouvoirs publics ont ainsi enjoint aux promoteurs de se conformer aux plans, de respecter les espaces de détente et de veiller à l'observance des normes de construction. Par ailleurs, dans le cadre du nouveau plan quinquennal, les
autorités locales ont lancé un programme doté de 3,5 milliards de dinars visant à l'amélioration et l'aménagement urbains à travers 149 sites de la wilaya.
Et cette année encore, il est question du lancement par la commune d'Oran d'une opération de recensement des espaces verts et des aires de jeu existant afin d'établir une banque de données qui devrait permettre une meilleure maîtrise du dossier. Selon les données officielles, le patrimoine de la commune se composerait d'environ 216 hectares (sur 250 ha pour l'ensemble de la wilaya), dont seulement 30% seraient exploités.
Ce qui offre à l'Oranais moins de 2m² d'espace vert alors que le ratio moyen universellement admis est de l'ordre de 10m² par habitant : «Le déficit en espaces verts est considérable», avait récemment reconnu le directeur de l'environnement sur les ondes de la radio d'Oran en expliquant que les besoins réels de la wilaya sont évalués à 1 600 hectares. Parallèlement au recensement programmé, l'on évoque la création de 11 forêts urbaines pour répondre aux besoins exprimés par les habitants. Forêts qui, naturellement, seront localisées dans les espaces encore vierges d'Oran-Est où l'on prévoit, notamment, la création du Jardin citadin méditerranéen, sur une superficie annoncée de 25 hectares.
En attendant la concrétisation de ces ambitieux projets, les Oranais continuent de subir les effets combinés du manque d'espaces verts et de la prolifération des chantiers de développement industriel. En espérant que les promesses d'un futur meilleur seront tenues'
S. O. A.