Algérie

Espace réservé aux familles


Mercredi dernier, il nous a été donné d'assister probablement au plus fort moment en termes de communication du règne de Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 11 ans. Entre deux mi-temps d'un match de football où les Algériens perdaient avec une étonnante facilité, la présidence de la République offrait aux téléspectateurs son étrange visage. Trois frères, assis sur les fauteuils de la plus haute des institutions du pays, puis alignés pour les caméras sur le perron du sanctuaire de la République. Tout était dit, trois frères et un enfant, le fils de l'un des trois, trônaient à la Présidence comme s'ils étaient chez eux, et ils le sont probablement.Un message très fort pour cette diffusion en prime time, destiné à bien montrer que la Présidence est aussi une histoire de famille, nous sommes là et bien vivants. Bien sûr, théoriquement, pour une affaire aussi familiale, le président aurait dû faire cette présentation chez lui, puisqu'il s'agit de recevoir un footballeur et sa famille. Et bien non, c'est la présidence de la République qui a été choisie, pour bien montrer que plus rien n'est sacré en Algérie. Bien sûr aussi, cette mise au point télévisuelle était destinée à démentir des rumeurs qui circulaient depuis deux jours, sur la mort éventuelle du président ou de son frère, tout comme la deuxième mi-temps du match qui a suivi, était destinée à démentir la rumeur qui disait que Saâdane est un bon entraîneur.Mais bref, le message est passé, la famille Bouteflika est à la Présidence, cet espace réservé aux familles, cet espace-là où même Fidel Castro n'a qu'un seul frère, Hosni Moubarak un seul fils, tout comme Kadhafi ou Sarkozy. Trois frères à la Présidence et un enfant plus tard, l'Algérie reprenait le cours féodal de sa vie. Quelque trois quarts d'heure plus tard, l'Algérie perdait trois à zéro. Trois frères, trois buts à zéro. En toute logique.