Bien que des efforts soient entrepris par les autorités avec une évidente timidité pour endiguer le phénomène disgracieux des réels barons des trottoirs, gardiens de parkings autoproclamés, le manège se poursuit. Les automobilistes continuent de subir le dictat des fiers-à-bras quand ils stationnent leurs voitures. Les proxénètes d'un genre particulier restent décidés à instituer un Etat dans l'Etat. Car dans la tournure du spectacle affligeant quotidien des rues, il s'agit surtout de l'image de l'Etat qui est ternie dont le retenu est plus important que la rançon infligée aux automobilistes.Puis, il n'est pas aisé de comprendre comment d'un côté, les autorités locales engagent des mesures draconiennes, parfois spectaculaires, pour effacer la clandestinité des commerces et l'occupation indue des espaces publics, et d'un autre côté, les rues et les boulevards restent livrés à des propriétaires indus.
On a souvent prétexté qu'il valait mieux fermer les yeux sur ce chapardage caractérisé plutôt que de voir des jeunes chômeurs s'investir dans le vol et les faux barrages. On ne se rend pas compte cependant que la nécrose au sein de la société commence aussi par cette flagrante dénégation de l'autorité de l'Etat.
Il y a, qu'on le veuille ou non, une forme de contestation par la force de la part de forts à bras qui vont jusqu'à souvent revendiquer haut et fort devant des réticences de citoyens escroqués, qu'ils sont dans leur droit absolu. Eux aussi ont fini par donner à la mendicité une nouvelle définition, convaincus de plus en plus que le bien privé des autres leur appartient aussi.
La notion du bien ne tient plus compte de l'effort et de la sueur de chacun pour que l'assistanat prenne un sens hallucinant. Le drame dans cette regrettable donnée est qu'un flibustier des trottoirs, armé du seul gourdin et d'une chaise, gagne trois ou quatre fois mieux sa vie qu'un médecin d'hôpital. L'inversion des valeurs humaines a été l'une des grandes sources des crises et des drames qu'a vécus et vit encore le pays.
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Posté Le : 20/04/2023
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com