Dhrifa s'introduisait au sein des familles pour demander la main d'une jeune fille avant de...
Dhrifa-Nassima L. 54 ans est une grande récidiviste dans l'escroquerie. C'est même une véritable «abonnée» au tribunal où elle réside judiciairement et à la cour de Tizi Ouzou. Sur place, outre Ammour le juge de la quatrième chambre correctionnelle, il y a cet extraordinaire Farid Derouiche, le président de la première chambre qui ont déjà eu affaire à cette femme escroc déjà lourdement condamnée pour les nombreuses «visites d'inspection» auprès des familles recensées au préalable avec au passage la récolte du maximum d'informations auprès de ses futures proies délestées de leurs bijoux, tous leurs bijoux. Face au trio Farid Derouiche-Legdim Mohamed et Katia Benali, Dhrifa-Nassima L. a dû se résoudre à admettre en grosse partie ce qui lui est reproché. Et ce qui lui est reproché, nous le saurons juste au moment où le président, le teint frais en ce début de semaine, lança sa première question capitale: «Alors, prévenue Dhrifa, êtes-vous disposée à cracher le morceau car la cour n'a pas que votre dossier à traiter», articule le magistrat qui verra la prévenue gigoter à la barre juste de quoi dérouter la composition criminelle et Hakim Yaïci, le procureur général. Elle gigotera dix-neuf secondes avant de lever la tête pour suivre les faits débités par le juge qui a finalement décidé d'ouvrir les «hostilités» en reprenant les faits tels que narrés par les victimes, les crédules victimes qui ont pris le risque d'ouvrir la porte aux prévenues étrangères ayant le «savoir-faire» du baratin utilisé pour chloroformer les proies chez elles. Ce fut alors un véritable petit monologue craché par un Derouiche décidé à juger avec toute l'impartialité attendue et la rigueur souhaitée par la loi. «Dhrifa, vous avez acquis un stratagème infaillible apparemment puisque avant de passer à l'action, vous preniez la précaution de surveiller les lieux choisis comme cibles potentielles avec la «récolte» au passage de tous les détails qui vous permettaient de bien aborder les maîtresses des maisons visitées. Vous ne vous en teniez pas là! Vous sélectionniez les meilleures informations susceptibles d'émouvoir les épouses qui vous accueillaient en curieuses, désireuses de vous voir «lire» l'avenir en maestro de diseuse de bonne aventure. Le juge marque une pause et reprend: «Dhrifa, suivez bien ce que je dis. Si par hasard je m'égarais en cours de route, vous prendriez le soin de me prier d'interrompre le récit ou de reprendre les fait tels qu'ils s'étaient déroulés.» La détenue qui a déjà écopé d'une peine de 6 ans de prison ferme pour escroquerie au tribunal de Draâ El Mizan, une autre de 4 ans à Azazga et une dernière de 3 ans au tribunal de Aïn El Hammam, Mohamed Atek apprécie... évidemment, la détenue nie. Elle nie en affirmant être une vendeuse de tissu ambulante: «Je fais du porte-à-porte sans aucune autre intention nuisible. J'aime les gens et je gagne ma vie par l'offre de marchandises licites», marmonne-t-elle. Ce qui poussera le procureur général à soulever un «scorpion de sous la pierre». Il va prendre le soin de poser une question brûlante que la prévenue n'attendait pas: «Ne nous dites surtout pas que vous aviez déjà été jugée et condamnée pour sorcellerie et autres pratiques scabreuses! Vous n'allez tout de même pas reculer devant tant d'évidence». L'avocate de Dhrifa ne disait mot. Elle attendra le moment de plaider pour tout étaler et aller au-devant des inculpations sorties de la bouche du président qui n'est pas n'importe qui. Et c'est un Derouiche plutôt serein, calme, dominant son sujet car il a tellement traîné son beau corps de lutteur champion olympique ou d'un avant-centre racé, terreur des défenses adverses, qui mène les débats. Juste après, le juge rappellera à Dhrifa qu'elle prenait comme prétexte une demande en mariage d'une fille autour de laquelle elle avait pris soin de demander son prévenu pour alerter la future belle-maman de son fils à propos de sorcellerie: «Vous aviez été reconnue coupable d'actes néfastes de sorcellerie noire. Ne niez pas. Cela ne sert à rien!», dit sentencieusement Yaïci qui demandera la confirmation des peines prononcées dans les différents tribunaux de la cour de Tizi Ouzou. Avec un large sourire franc, Derouiche prie Maître Djamila Moudir de plaider en faveur de Dhrifa. L'avocate ne se fera pas de bile en annonçant d'emblée que sa cliente est «plutôt victime d'un montage machiavélique tendant à la mener droit à l'ombre pour un bon bout de temps», ce qui donnera l'occasion au président que «la prévenue a quatre antécédents judiciaires qui n'ont rien d'un montage diabolique». Le juge faisait allusion à 2004, 2005, 2006 et 2007, dates qui virent plusieurs victimes être délestées de leurs bijoux trempés dans de l'eau qui servira aux mères de familles de se «doucher» avec. Entre-temps, la bonne diseuse d'aventure-sorcière s'emparait du lot de bijoux et s'évanouissait dans la nature riche, aisée, à l'abri de la misère. Mais la justice immanente allait faire le reste en venant au secours de la police judiciaire qui ne dormait pas. Quant aux victimes, elles n'ont qu'à s'en prendre à elles-mêmes car la cupidité ne mène nulle part.
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Posté Le : 06/06/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdellatif TOUALBIA
Source : www.lexpressiondz.com