Assouil, la caverne enchanté
Quand on se rend en villégiature à Tikjda par la RN 33, on est sûr d?une chose : à chaque pas que l?on fait pour avancer par les nombreux sentiers de chèvres qui courent dans toutes les directions, on tombe en arrêt devant quelque chose de pittoresque. Si le hasard ne permet pas de faire de ces époustouflantes rencontres avec la hyène rayée, le porc-épic, le renard, la mangouste qui hantent perpétuellement les versants boisés de la montagne, une surprise est toujours possible au détour du chemin : on peut voir posé royalement sur un pic rocheux l?aigle de Bonelli, où surgit, d?on ne sait comment, le doux, le comique et facétieux singe magot. Blasé des villes et de leur mille rumeurs, on peut à tout moment interrompre sa solitaire promenade pour se laisser glisser au pied d?un pin noir, d?un cèdre ombreux et goûter là un pur moment de repos. Le soir, la tête bourdonnante d?images pittoresques, de chants d?oiseaux, de guêpes et d?abeilles, on peut rentrer pour prendre une chambre dans un de ces beaux chalets. A l?heure où la lune se lève, on peut de sa fenêtre contempler l?un des plus beaux spectacles du monde : la lune versant son flot argenté sur les pics, les dômes, les gouffres et les arbres. Le lendemain, si le c?ur vous en dit, vous pouvez pousser plus loin votre excursion du côté d?Assouil, 7 km à l?est de Tikjda. Le site, tout aussi enchanteur, a son caractère spécifique : ici, c?est le domaine, si l?on peut dire du granit, des amoncellements de roches qui forment des massifs terrifiants. Par contraste, les précipices donnent le vertige au voyageur imprudent. On passe ainsi de 1440 m d?altitude à près de 1800. Puis, on passe de l?autre côté de la montagne, et tout de suite une brise légère et rafraîchissante vous enveloppe, faisait du coup tomber cette fièvre, ce halètement que votre imagination frappée par tant de démesure vous a communiqué. Un vert pâturage où se repose un troupeau de vaches avoisine la piste olympique et son stade. « C?est là que mon grand-père venait, il y a si longtemps, avec son troupeau de vaches pendant la période de transhumance », nous confiait un confrère lors d?un déplacement sur ces lieux. Notre première idée en arrivant en ces lieux fut de visiter la caverne qui se trouve à un kilomètre à l?est de la RN 33, qui continue vers Tizi Ouzou. Plus que les milliers de moustiques qui en défendaient l?entrée, plus que l?accès difficile à la caverne, le froid qui sortait du fond de ce lieu nous dissuadait d?aller plus loin. En tenue d?été, on risque, si on a les bronches fragiles, d?attraper une pneumonie ou quelque chose comme cela. Il n?y avait d?ailleurs qu?à poser une main sur l?une des roches lisses qui en tapissent l?entrée : elles semblaient des blocs de glace. Et puis, pourquoi ne pas avouer une certaine phobie de ces lieux souterrains qui vous écrasent par leur grandeur imposante aussi bien que le massif de granit au-dessus de la caverne ? Plus que jamais l?impression d?être un insecte dans ce pays aux reliefs titanesques s?impose au retour. Quitter les hauteurs, les plaines retrouvées, une chaleur étouffante tombe sur vous comme un manteau de laine et vous fait rêver de la grotte d?Assouil.
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Posté Le : 10/08/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali D.
Source : www.elwatan.com