Algérie

Escale-littérature populaire : Benguittoun, le barde du désert



Escale-littérature populaire : Benguittoun, le barde du désert
Le texte de Benguitoun est beau. Khelifi Ahmed en a donné la preuve en amenant Hizia des fins fonds de son oasis de Sidi Khaled, jusqu'aux portes de l'Europe, dans la célèbre salle parisienne de l'Olympia, et lui donna un écho et une dimension universels... Des versions écourtées de ce même poème avaient été enregistrées antérieurement, la première par El Hadj Benkhlifa, l'oncle maternel de Khelifi Ahmed, au début des années 30, la seconde dans les années 40, par une autre célébrité de la chanson sahraouie Smaïn Elboussaâdi. Il aura pourtant fallu attendre la fin des années 40 pour voir enfin, comme il se doit, popularisée par Abdelhamid Ababsa, une œuvre d'un si grand intérêt en ce qui concerne la littérature populaire et l'histoire des mœurs, en usage au début du siècle dernier.» Tous les chanteurs étaient, comme leurs prédécesseurs, des poètes. Il y avait Hadj Aissa Laghouati, Abdellah Ben Kerriou, spécialisés dans le madih. Tous ont laissé d'importants recueils de poèmes dont une grande partie est chantée régulièrement par les interprètes du genre malhoun (poésie populaire). Ces poèmes sont aussi chantés dans les genres voisins comme le gharbi. Le cheïkh Hamada n'a-t-il pas chanté, dans son propre style, le plus grand succès du genre sahraoui, "Gamr ellil " de Abdallah Benkerriou. Comme s'il voulait nous prouver qu'il n'y a aucune frontière, ni entre les genres bédouins ni entre ces genres et le hawzi ou le chaâbi qui découlent, de la musique andalouse. Dans un magnifique décor chevaleresque, propre aux princes du désert, c'est le tableau de la vie quotidienne du nomade qui est mise en scène. Vient ensuite, le portrait de la bien-aimée ou la description d'un festin dans une pure tradition bacchiaque qui souligne la grande générosité de la tribu pour ses hôtes. Autre prélude (istikhbar): une supplique adressée au  saint patron de la région afin qu'il aide le poète à  parfaire son œuvre. Cette façon de commencer un chant sahraoui est empruntée aux chants du genre madih, chants très rythmés utilisés dans les confréries mystiques pour les danses extatiques. Cette musique utilise les instruments traditionnels de la chanson bédouine : les différents types de flûte de roseau, longue pour les hommes, courte pour les femmes (plus proche de leur tessiture vocale) - les flûtes vont généralement par paire, l'une jouant la mélodie, l'autre faisant le bourdon- une note tenue donnant la principale du mode choisi. Pour la partie rythmée qui vient en fin de qacida, on utilise les tbal-s (tambours à  deux membranes, frappés par deux baguettes), les bendir (tambours à  une membrane, frappés par les mains). Pour le chant bédouin des régions ouest, on utilise en outre le gallal (tambour long à  une membrane dont le corps est creusé dans un tronc d'aloès.). A la place des flûtes, on peut utiliser des ghaïta-s (sortes de hautbois) quand il s'agit de chants de fêtes religieuses ou profanes et surtout pour rythmer les innombrables danses sans lesquelles une fête ne serait qu'un spectacle sans liesse populaire. Citons le saâdaoui, le heddaoui et l'abdaoui, du nom des marabouts (saints) devant les tombeaux où ces danses ont été créées, le mertah (danse paisible), le baroudi (danse des fusils), le khayyali (danse des cavaliers), le tawsi (danse du paon, typiquement féminine, inspirée de la démarche de ce beau volatile).


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