Algérie

Erreur de casting ' Edito : les autres articles



En pensant pouvoir convaincre Iyad Ag Ghali, le chef du groupe islamiste Ançar Eddine, dont les acolytes contrôlent actuellement plusieurs villes de l'Azawad, de renoncer à la violence et de négocier bien sagement avec Bamako un règlement politique à la crise malienne, l'Algérie a visiblement fait preuve de naïveté. Une telle erreur de jugement trouve pourtant difficilement une explication. L'Algérie est un pays qui a payé un lourd tribut dans la lutte contre le terrorisme. Tout le monde sait maintenant depuis belle lurette que l'on ne peut pas vraiment faire confiance à un groupe islamiste armé. Les djihadistes ont beau chasser le naturel, chez eux il revient toujours au galop. Preuve en est : alors même que ses émissaires dépêchés à Ouagadougou avaient requis plus de temps pour, ont-ils dit, mieux se préparer au dialogue avec Bamako, le chef d'Ançar Eddine s'apprêtait à donner ordre à ses troupes de se fondre dans la légion d'AQMI et du Mujao pour foncer tout droit sur la localité de Konna.
Bien évidemment, on peut toujours essayer de gloser sur les raisons qui ont pu convaincre Iyad Ag Ghali, ce mystérieux personnage passé maître dans l'art de la manipulation et des coups de poignard dans le dos, de rompre son engagement, pris il y a à peine 15 jours à Alger, de ne ménager aucun effort pour éteindre durablement le brasier malien et de reprendre les armes contre Bamako.
Les faits sont là : en dépit des avertissements d'Alger, Ançar Eddine s'est une nouvelle fois acoquiné avec AQMI et le Mujao pour «punir» Bamako, coupable, à ses yeux, de ne pas s'investir sérieusement dans la recherche d'une solution à la crise. La situation présente montre en tout cas que les chefs d'Ançar Eddine se sont bien joué de leurs contacts algériens et qu'ils ont un agenda bien à eux.
L'Algérie a-t-elle eu finalement raison de promouvoir le dialogue dans ce conflit qui a éclaté ses frontières ' Bien évidemment que oui ! Ce serait une erreur grave que de penser un seul instant que la crise malienne se réglera uniquement par la voie des armes. Seulement, il semble qu'il ait eu une erreur de casting dans le choix de certains protagonistes de la crise. Etait-ce effectivement une bonne idée de chercher coûte que coûte, au nom d'une raison qui échappe encore à tous, à mettre en avant Ançar Eddine et à marginaliser les autres acteurs de l'Azawad qui sont pourtant beaucoup plus enclins à faire de la politique '
Malheureusement pour les concepteurs de cette démarche, les événements ne leur donnent pas raison. D'autres diront même qu'ils ont joué avec le feu. Un feu qu'ils savent pourtant attisé de toutes parts. Cela y compris par des pays dits «amis». La conséquence de cette prise de risque est que l'Algérie s'est faite tout bonnement doubler sur l'échiquier malien. Désormais, elle devra se contenter d'assister à la suite des événements de loin. Alger aura aussi le désavantage d'avoir probablement un peu perdu l'estime des uns et des autres. Et c'est bien dommage, car l'Algérie reste encore ' qu'elle le veuille ou non ' un acteur central dans la région. Et il lui faudra bien un jour assumer ce rôle !


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)