La «badauderie» s'épanouit durant la période estivale sur le boulevard de
l'ALN (front de mer) jusqu'à une heure très tardive de la soirée. C'est presque
un lieu de pèlerinage vers lequel converge le visiteur occasionnel, pour
contempler ce que constituent les cartes postales en souvenir d'Oran.
Surplombant le port, et n'en déplaise à certains narrateurs nostalgiques, ce
boulevard illustre parfaitement l'image du face-à-face de l'éternel duel
opposant la mer à la cité. Sur ce noble tableau, d'un éventail de couleurs
chatoyantes, figure également la statue de la Ste vierge Marie, trônant
majestueusement sur son piédestal, sur les hauteurs de la ville. Elle témoigne
du merveilleux et prestigieux passé de la cité de Sidi El Houari, qui n'a rien
à envier aux grandes métropoles du monde. L'odorat, devancé par la vue, est
agréablement taquiné par l'air iodé embaumant ce long boulevard jalonné de
buildings, de crémeries et autres établissements de commerce achalandés,
violent contraste malheureusement avec les bidonvilles ceinturant El Bahia.
Le mausolée de Sidi M'Hamed, qui
agrémente cette toile de haut prestige, délimite à l'Est ce balcon dominant le
port de la ville que ni l'érosion et encore moins les mignardises de la nature
n'ont eu raison de lui. Ce grand ouvrage d'art offre au regard contemplatif un
panorama époustouflant. En saison estivale notamment, l'essentiel de
l'animation des lieux est rehaussée par un rituel va-et-vient de cortèges
nuptiaux. Les véhicules, enjolivés pour la circonstance, effectuent un
aller-retour dans une ambiance de joie où les youyous font écho aux klaxons.
Les gazouillements sans
intermittence d'une multitude d'oiseaux migrateurs, nichant sur les palmiers
longeant d'un bout à l'autre ce grand boulevard, ajoutent une note de gaieté à
cette ambiance festive annonçant l'approche du mois de carême.
Pendant la canicule, le front de
mer est le lieu privilégié des badauds en quête de fraîcheur. Des familles
entières, dont certaines demeurent dans les localités limitrophes, traînant une
ribambelle d'enfants le prennent d'assaut à la tombée du soir pour fuir la
fournaise qui prévaut dans leurs logements. La grande affluence de promeneurs
qui y règne est judicieusement exploitée par une faune de petits revendeurs,
proposant une variété d'articles de saison. Les candélabres s'illuminent
quelques instants après l'apparition de l'étoile du berger, qui se fixe
au-dessus de la mer dans un paysage teinté en pourpre. Le magistral coup de
pinceau de la nature adjoint le magnifique à cette aquarelle représentant l'éternel
face-à-face d'une ville à la mer. Non, Oran ne tourne pas vraiment le dos à la
mer.
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Posté Le : 11/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : R B
Source : www.lequotidien-oran.com