Algérie

Erraguene, un éden à ressusciter



Erraguene, un éden à ressusciter
Préalable à tout retour à une vie normale, la quiétude, qu'on retrouve petit à petit, a déjà poussé des populations entières à redécouvrir leur vie d'avant.Lentre urbain d'une vaste contrée montagneuse, au sud-ouest de la wilaya de Jijel, le chef-lieu de la commune de Erraguene Souici est un havre de paix. Après avoir parcouru en direction du sud, une trentaine de kilomètres à partir de la RN 43 traversant la ville côtière de Ziama Mansouriah, nous voila au pied de l'imposant mont Babor. Sétif, la capitale des Hauts plateaux est à un peu plus d'une soixantaine de kilomètres. Ainsi, 18 km nous séparent de ses limites administratives avec la wilaya de Jijel.Pour se désenclaver vers le sud, Erraguene a besoin de l'aménagement d'une route d'autant de kilomètres. « Les travaux sont lancés, du côté de la wilaya de Sétif, avec l'aménagement de 5 km ; de notre côté, on ?uvre pour la réhabilitation du reste d'un tronçon de 13 km ; la route est accidentée et on peut facilement mettre 45 minutes pour la parcourir avant d'arriver au chef-lieu de la daïra de Babor, à Sétif », précise un responsable communal. Après les premières esquisses d'un retour annoncé de la population, qui a déserté les lieux durant la décennie du terrorisme, l'espoir est désormais permis de faire ressusciter la vie dans cette région d'une beauté naturelle exceptionnelle. Même si l'armée est toujours présente dans les lieux, on se réjouit du retour à la paix à Erraguene.Préalable à tout retour à une vie normale, la quiétude, qu'on retrouve petit à petit, a déjà poussé des populations entières à redécouvrir leur vie d'avant. «On reçoit chaque jour des demandes de retour, les gens sont là, ils veulent retrouver leurs mechtas», affirme-t-on à l'APC. Humbles et accueillants, les habitants qui se sont accrochés, contre vents et marrées, à leurs traditions rurales ont pour unique souci le désir d'emprunter les routes jadis ouvertes qui mènent à leurs petits bourgs épars. Leurs revendications ne s'arrêtent pas là ; ils demandent l'ouverture d'une boulangerie et d'une boucherie.L'armée toujours présentePour subvenir à leurs besoins, les habitants qui ont retrouvé ces lieux coupés du monde sont quotidiennement suspendus à l'attente de l'acheminement du pain et d'autres produits alimentaires à partir de la commune limitrophe de Texenna. En dépit de cette difficulté, l'éden qui est le village de Erraguene fait très vite oublier à son visiteur ce souci. Situé tout juste sur les rives d'un barrage, dont la beauté de son lac n'a d'égal que son bleu magique, ce petit bout de paradis sur terre rappelle ces villages dont on vante la propreté et le calme ailleurs dans les pays développés. «C'est le calme suisse, si vous avez besoin d'un remède, venez vous reposer ici au bord de ce lac», lance un journaliste venu couvrir la visite du wali dans la région.Avant d'arriver à ce territoire enclavé, mais néanmoins à mille lieues du désordre et de l'insalubrité de nos agglomérations, la délégation du wali a du emprunter la route sous bonne escorte des soldats de l'ANP. De vaillants hommes en treillis militaires et doigts sur la gâchette ont été mobilisés pour sécuriser la route. C'était un jour du mois d'avril dernier, soit quelques jours après l'attentat terroriste qui a coûté la vie à des militaires à Tizi Ouzou au lendemain de l'élection présidentielle. Pour parer à toute mauvaise éventualité, la présence militaire a été renforcée.Des atouts naturels indéniablesTout au long de la route sinueuse et accidentée, les membres de la délégation n'ont fait qu'admirer toute la beauté naturelle de la région. La verdure est la maîtresse des lieAu départ de Ziama Mansouriah, Bejaia, si loin, pourtant, s'offre aux yeux avant de disparaître au fur et à mesure qu'on avance plus au sud.Des entreprises mobilisées sur la fameuse route du CW 137 B pour des travaux d'extension rappellent qu'un effort de désenclavement des lieux est en cours. «Si vous persistez dans vos retards, on vous retire l'agrément des travaux», s'emporte, d'un ton menaçant, le wali face au chef d'une entreprise.Le rythme des travaux est lent et les moyens mis en place sont loin de rassurer la population sur la livraison de ce projet dans les délais. Et pourtant, tous les espoirs de retour de la population reposent sur cette voie névralgique. Les longues années d'exil et d'errance pour fuir les groupes armés ont causé bien des torts à toute la région. Au nombre d'une quarantaine de mechtas éparpillées sur un territoire de plus de 140 km2, l'écrasante majorité des localités de toute cette zone montagneuse a été complètement vidée de sa population. Ne comptant plus que quelque 4000 habitants, dont 1100 sont concentrés au centre urbain et le reste de la population est éparpillé sur plusieurs bourgades, la commune de Erraguene est aux prises avec le défi de lancer des projets de développement. Des projets touristiques, pourquoi pas ' En tout cas, c'est l'espoir qu'on fait nourrir dans cette commune aux atouts naturels indéniables. Le tourisme de montagne est la première tentation des initiateurs de projets.Ce type de tourisme est à vrai dire un des leitmotivs qui reviennent dans les plans de développement évoqués par le P/APC. Fort de sa connaissance parfaite des lieux, il avoue être sur un projet de réalisation d'un ambitieux complexe touristique pour faire émerger cette activité dans la région. Encore à l'état de gestation, ce projet, qui a recueilli l'approbation des élus lors d'une délibération de l'assemblée communale, pourra relancer le développement dans cette commune. Autant dire que loin du contexte qui a fait qu'Erraguene soit restée à son état actuel, il est aujourd'hui admis qu'il est temps de se mettre à l'effort pour ressusciter la vie qu'on a tuée dans cette région. Pour arriver à cet objectif, il est clair qu'il faut encore du temps et beaucoup de moyens aussi. Les écoles, les salles de soins, les routes et les programmes de logements ruraux sont encore à un stade de projections. Aux hommes de se mettre au travail.




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