Algérie

éric Lamarque, Enseignant à L' université de Bordeaux IV



éric Lamarque, Enseignant à L' université de Bordeaux IV
Liberté : Comment évaluez-vous le système bancaire algérien '
Eric Lamarque : Comme dans beaucoup de modèles en Afrique du Nord, l'Etat est prédominant dans la gestion des établissements financiers et la gouvernance des établissements financiers. Et là, l'Etat, il faut qu'il soit bien clair sur quel risque il accepte de faire prendre aux déposants dans les banques publiques algériennes. C'est normal qu'un Etat oriente l'épargne des ménages vers le développement, vers l'entreprise, vers les projets qui sont en place ici en Algérie, mais il doit le faire, avec en tête, qu'il doit aussi garantir les dépôts et garantir la protection des épargnants. Donc, il faut qu'il trouve un juste équilibre entre cette protection des épargnants, qui est pour moi obligatoire et qui est le point numéro un et l'obligation principale, et le niveau de risque qu'il accepte de prendre en finançant des projets. Que ce soit des projets pour l'Etat, ou des projets pour des initiatives privées, les entreprises.
Et ça, parfois, n'est pas fixé clairement. L'Algérie, je ne connais pas assez, mais j'ai vu des statistiques où il avait beaucoup de crédits compromis dans les banques publiques algériennes. Je trouve que c'est trop élevé. En tant que gestionnaire et administrateur, je trouverai cela trop élevé. Mais si c'est justifié au regard de la nécessité de développer le pays, mais encore une fois, il faut justifier pourquoi on a des niveaux aussi élevés (de créances non performantes ou de crédits qui ne seront pas remboursés ou difficilement remboursés).
Quel est le risque de ces niveaux de créances non performantes élevés '
l Le risque est que les banques ne soient pas suffisamment rentables et que les fonds propres de la banque soient mangés petit à petit par des pertes. Et qu'on soit obligé d'aller vite chercher des déposants pour essayer de récupérer la situation. Un cercle vicieux qui pourrait conduire après à mettre en danger l'épargne de certains déposants. Si vous voulez donner confiance à des déposants pour qu'ils déposent leur argent et qu'on ait moins d'informel et plus de formel, il faut qu'on montre que l'argent des déposants est utilisé de la meilleure façon possible. Avec un risque maîtrisé en tout cas.
On peut décider de prendre des risques, mais il faut que ça soit encadré par des systèmes de contrôle à l'intérieur qui sont relativement sérieux pour donner confiance aux épargnants, parce que sinon les épargnants feront comme en Grèce. Ils ont peur de leurs banques donc ils retirent leur argent. Et du coup, on revient dans l'informel.
Quels sont les avantages de la micro-finance '
La micro-finance est un dispositif qui me paraît intéressant dans la mesure où il permet de travailler avec l'informel. Il permet de travailler avec de petites initiatives individuelles, avec des entrepreneurs individuels. Il permet de lancer des choses. On a beaucoup d'exemples de réussite de ces expériences de financement en Amérique du Sud, en Asie du Sud. Au Vietnam, on a beaucoup d'exemples où des initiatives ont été lancées grâce à des petits crédits qui permettent à des petites entreprises de se créer. On crée son propre emploi.
Ce n'est pas la seule solution évidemment, mais ça peut être une solution pour certains types de projets et dans le rapport (annuel report) que j'ai vu, je n'ai pas entendu parler de micro-finance. Je pense qu'il faudrait lancer des initiatives dans ce domaine-là. Parce que je suppose que dans centaines zones un peu pauvres de l'Algérie, c'est sans doute le seul dispositif un peu bancaire qu'on pourrait mettre en place.
S. S.




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