«C'est faux de dire que face aux décisions prises par les banquiers, les économistes et les lobbyistes, de manière générale, les politiques n'y peuvent rien. Bien au contraire, les politiques devraient détenir les clés d'une solution fouillée, raisonnable et moins contraignante, pour une reprise soutenue de l'économie mondiale. Cette solution passerait soit par la rigueur et l'austérité, soit par la relance». C'est là l'idée centrale développée à grands traits par Eric Briys, un spécialiste de la finance internationale, professeur d'économie et de finances à HEC Paris, cadre supérieur à la City de Londres. Eric Briys a animé, jeudi 26 avril, à Alger, une conférence-débat sur la crise financière internationale, dans le cadre des thinks tanks «Défendre l'entreprise» du journal Liberté. Ce spécialiste de la finance a parlé du rôle des politiques mais également de la coopération entre pays émergents et pays développés afin de venir à bout de cette crise, avec cette précision que les pays industrialisés ne doivent pas continuer à faire montre d'arrogance vis-à-vis des pays en voie de développement, car, selon lui, la solution doit être «concertée» et «collective». Son souhait, d'ailleurs, est de voir se développer une concertation entre un groupe de pays plus large que le G20, une démarche à laquelle seront associés les politiques, les institutions de régulation et les banques. Mais par où faut-il commencer ' Pour Eric Briys, il faut d'abord rétablir la confiance, c'est un paramètre de premier ordre dans le processus d'évolution de la finance. Le conférencier a remonté le temps, évoquant le rôle de Roosevelt et de Churchill dans la recherche de solutions à des crises aiguës. Le raisonnement soutenu par cet expert se tient, du point de vue stratégique. Seulement voilà, face à la crise, les politiques se sont effacés, pour laisser place à des économistes, à des technocrates. Pire, la démocratie a été mise en veilleuse, peut-être pour un temps, dans certains pays. La Grèce, dans la tourmente depuis des mois, n'a pas attendu la tenue d'élections pour nommer un Premier ministre. Et celui qu'elle a désigné n'est issu d'aucun parti. Il en est de même pour l'Italie. Une situation pareille va certainement se produire dans d'autres pays. Il fallait pallier au plus urgent, parce que la crise risquerait d'empirer et qu'il y a risque que la dette de nombreux pays, à l'image de la France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal prenne davantage de volume. Mieux, il y a risque que la récession dans les pays développés s'étende à des pays en voie de développement dont l'Algérie. Le problème est que les nouveaux technocrates n'ont pas réussi, pour l'instant, à juguler la crise, car ils n'ont pas trouvé de voies de sortie de crise de la dette souveraine. L'idéal serait de parvenir à mettre en marche des économies réelles, basées sur l'entreprise, la croissance au lieu de politiques fondées uniquement sur la rigueur budgétaire. Pour Eric Briys, si une telle situation de crise s'aggrave, on ira droit vers la récession et, partant, à une contraction de la demande pétrolière mondiale et, du coup, à une chute importante des prix du pétrole, et cela ne peut être que préjudiciable pour l'Algérie. Pour l'instant, les politiques comme les économistes estiment que les effets de la crise en question ne commenceront à se manifester en Algérie que si cette crise mondiale s'installe dans la durée, dans le temps. Il faut dire que l'Algérie a tiré profit de cette crise, les cours de pétrole ayant flambé ces deux dernières années. Le pays dégage des réserves de change qui se situent actuellement autour de 200 milliards de dollars, un matelas de devises que l'Algérie a intérêt à faire fructifier, en recourant à des fonds souverains, une option à laquelle est favorable Eric Briys. Un retournement de situation pourrait être «difficile à supporter» par les pays pétroliers, avertissait cet expert.
Y. S.
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Posté Le : 29/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Youcef Salami
Source : www.latribune-online.com