Algérie

Erdogan brandit la menace d'intervention



Erdogan brandit la menace d'intervention
Le coup de semonce a été qualifié d'« agression flagrante » par Damas, déterminée à ne pas lâcher prise dans la bataille décisive des frontières (19 postes recensés avec la Jordanie, le Liban, l'Irak et la Turquie). Le lendemain de l'incident, l'aviation syrienne a effectué de nouveaux raids contre les positions rebelles. Le sort incertain du point de passage avec la Turquie de Kassab continue d'alimenter la polémique entre l'opposition, sûre de son contrôle total sur le poste frontalier, et Damas affirmant qu'« aucune des parties » n'a assuré une emprise définitive. Dans cette tension régionale renouvelée, l'effet de contagion se mesure à l'aune d'une « agression armée sans précédent contre la souveraineté syrienne », dénoncée avec force par le ministère syrien des Affaires étrangères et interprétée comme une volonté d'ingérence et de soutien au « terrorisme » laminé et battant en retraite dans le Liban voisin. L'incident de Lattaquié réédité en ces temps de déroute de Yabroud et de Raïs El Aïn, pour relancer le front du Nord ' Dans sa déclaration, le ministère syrien précise que « les unités turques composées de chars et d'artillerie tirent sur le territoire syrien près de la frontière de Kessab, en fournissant le couvert du feu aux bandes de terroristes ». Erdogan, le Premier ministre turc, menace de recourir à une riposte musclée. Face à ses partisans réunis dans le nord-ouest pour un rassemblement électoral dans la perspective du rendez-vous municipal du 30 mars, il a promis l'enfer à la Syrie accusée de violation de l'espace aérien turc. « Nos F16 ont décollé et frappé. Pourquoi ' Parce que si vous violez notre espace aérien, notre gifle, après cela, sera forte », dira-t-il. Les risques réels de conflagration régionale se renforcent dans la poudrière syrienne. Dans la « guerre d'usure » libanaise qui fait craindre le pire, notamment à Tripoli livrée aux combats incessants entre les sunnites de Bab El Tebbaneh et les alaouites de Jabal Mohsen (plus de 200 morts et 3.000 blessés depuis 2008), le lourd héritage sanglant porte la marque de la contamination régionale qui prend la forme d'un « arc de crise » allant de l'Irak au Liban et à la Turquie, en puissante alliée de la coalition de l'opposition d'Ahmed Jarba. Selon l'analyste Peter Harling de l'International Crisis Group, « cet arc est composé d'une multitude de conflits qui s'imbriquent l'un dans l'autre, avec une coloration confessionnelle très forte, même si l'on ne peut pas réduire l'embrasement actuel à un affrontement sunnite-chiite ». Dans ce contexte, le coup de force d'Ankara met davantage de pression sur la Syrie qui refuse de céder aux conditionnalités émises lors de Genève 2 renvoyée aux calendes grecques. Du Koweït, l'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU, Lakhdar Brahimi, participant au sommet arabe, estime que l'option d'une reprise des négociations est exclue. Elle est, selon lui, rendue caduque par l'annonce de l'élection présidentielle bannissant, au terme de la loi votée par le Parlement, l'opposition syrienne. L'impasse est totale.




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