Algérie

Erdogan agite le spectre d'une escalade avec Israël



Le rêve du roi Fayçal était de prier un jour à El QodsQu'il est loin le temps où le regretté roi Fayçal exprimait, haut et fort, son espérance de pouvoir un jour s'agenouiller dans la mosquée d'Al Aqsa! Et que de bonds a-t-il dû faire dans sa tombe, des décennies après son assassinat par un neveu déclaré irresponsable pour avoir trop flirté avec l' «american way of life».
Annoncé le 6 décembre dernier par le président turc Recep Tayyip Erdogan, au lendemain de la décision du président américain Donald Trump de transférer le siège de l'ambassade US de Tel-Aviv à El Qods de façon à mettre les Palestiniens, les pays arabes et les pays musulmans devant le fait accompli, le sommet des leaders du monde musulman s'ouvre aujourd'hui à Istanbul pour débattre des mesures à arrêter en guise de riposte.
Mais riposte est un bien grand mot quand on considère la situation géopolitique actuelle aussi bien au Moyen Orient où le bras de fer Iran - Arabie saoudite fait craindre le pire que dans l'ensemble du monde islamique confronté aux pires épreuves au cours des derniers mois. Quelles réactions ont bien pu avoir les pays membres de l'OCI face au génocide dont sont victimes les Rohingyas que l'armée birmane s'emploie à bannir systématiquement du territoire où ils vivent, qui plus est comme des parias! Ne parlons pas des réunions à palabres de la Ligue arabe, qui sert de luge à des ambitions monarchiques dont pâtissent au premier degré les peuples palestinien et yéménite, notamment. En remettant un chèque à blanc de 380 milliards de dollars à Donald Trump venu faire le tour du propriétaire en Arabie saoudite, Riyadh n'avait-il pas en quelque sorte donné le la à la décision américano-israélienne sur l'annexion pure et simple de Jerusalem' On comprend pourquoi Monsieur gendre, sioniste émérite et pourvoyeur de fonds pour l'implantation de nouvelles colonies juives dans les territoires occupés, «s'impose» comme le médiateur incontournable entre le sionisme de Netanyahu et le rêve de plus en plus flou de l'Autorité palestinienne résolue à défendre El Qods par n'importe quel sacrifice.
Qu'il est loin le temps où le regretté roi Fayçal exprimait haut et fort son espérance de pouvoir un jour s'agenouiller dans la mosquée d'Al Aqsa! Et que de bonds a-t-il dû faire dans sa tombe, des décennies après son assassinat par un neveu, déclaré irresponsable pour avoir trop flirté avec l' «american way of life», au cours de l'année folle dont l'épilogue se joue aujourd'hui même à...Ankara!
Rendons à César ce qui lui appartient. Le président turc Erdogan aura sans conteste été celui dont la voix a le plus retenti pour dénoncer la décision de Donald Trump. Il a proprement étrillé Israël, allant jusqu'à menacer de rompre les relations diplomatiques qui viennent à peine d'être renouées. La raison' D'abord, contenter son électorat très sensible à la question d'El Qods comme la majorité des peuples musulmans mais pas seulement. Erdogan conduit une formation politique dont les liens avec les Frères musulmans sont connus et, à ce titre, il soutient fermement le Hamas palestinien. Sa surenchère verbale n'est pas, dès lors, épidermique mais répond à une logique théâtrale dont il convient de ne pas surestimer les effets réels. Malgré le rapprochement avec la Russie et l'évolution perceptible sur le dossier syrien, Ankara demeure un des maillons essentiels du pacte atlantique et ce serait une grave erreur que de l'oublier. C'est justement ce qui permet au président Erdogan de gonfler la gandoura sans trop de turbulences face aux invectives de son adversaire l'Israélien Netanyahu. A ceux qui croient qu'il y a un risque quelconque de sabordage des relations avec Tel Aviv, il suffit de revisiter le passé récent.
Recep Tayyip Erdogan a assuré que le sommet d'Istanbul où sont attendus les «leaders du monde musulman» devrait être un «tournant» dans la réplique à la provocation américaine. On sera attentif à la manière dont il va emporter la décision face aux représentants de l'Arabie saoudite ou de l'Egypte qui se sont contentés jusque-là de murmures à peine audibles. Quant aux autres poids lourds comme l'Indonésie ou le Pakistan, on comprendra qu'ils ont d'autres chats à fouetter et que leur position sera encore calquée avec soin sur celle de Riyadh qui aspire à devenir le gardien incontesté des deux (seuls') Lieux-Saints de l'islam!
A l'exception des tirades du président turc sur le terrorisme d'Israêl qui assassine des enfants, ce qui a laissé de marbre Benjamin Netanyahu, tous les autres dirigeants arabes et musulmans se sont astreints à la condamnation d'usage et aucune capitale n'a cru bon de rappeler en consultation son ambassadeur aux Etats-Unis. En ces temps difficiles, marqués par l'incertitude qui prévaut sur les fronts économique et politique, la prudence est de rigueur. Car à quoi bon tonitruer si on n'a pas les moyens de sa harangue et c'est là que le bât blesse pour l'ensemble des pays arabes et musulmans. Le président Erdogan fait cavalier seul pour les raisons indiquées plus haut parce que la conjoncture joue pleinement en sa faveur et parce qu'il a l'opportunité de donner du crédit à sa base électorale, tout en engrangeant un capital de sympathie au sein de la Oumma. Autant de facteurs utiles et nécessaires pour un avenir proche lorsqu'il lui faudra se représenter aux élections de novembre 2019.
Et El Qods, dans tout cela, direz-vous' Eh bien, doit être saluée d'abord la courageuse position des pays européens qui ont dit tout de go ce qu'ils pensent et ce qu'ils défendent toujours à Netanyahu, nullement impressionnés par la suffisance du personnage. Comme aussi la position de tous les Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU, Etats-Unis exceptés bien sûr, qui ont réitéré leur attachement aux résolutions successives et au droit international bafoués systématiquement par l'Etat hébreu. Indispensable sans être suffisant, ce discours apporte, au moins, du baume au coeur des Palestiniens dont on imagine aisément qu'ils ressentent aujourd'hui plus que jamais, la plus grande des solitudes...


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