A l'évidence, sur le front du projet de délocalisation du quartier du Bardo, le wali de Constantine, Abdelmalek Boudiaf, ne perd pas, et en toutes occasions, le fil conducteur d'une opération dont l'échéance, il est vrai, arrive à grands pas. Jeudi dernier, c'est au sortir de l'école Mohamed M'ghimer, transformée à l'occasion en centre de vote, que cette opération annoncée s'est glissée entre les plis d'une discussion improvisée, et à «bâtons rompus» entre le chef de l'exécutif et quelques représentants de la presse. Dans une ville en jachère, trop longtemps livrée aux répugnances en tous genres, la revue de détail du processus d'éradication du quartier du Bardo - cette «favella» aux couleurs locales -, s'est déclinée à l'occasion comme on fait le constat d'une fin de chantier avant démolition. Ainsi, au chapitre du «timing», dont on peut dire qu'il s'est perdu un peu, dans un certain flou artistique, le rendez-vous de cette opération de délocalisation, et de relogement, de près de 1.200 familles, est désormais fixée, apprend-on, aux tout premiers jours qui suivront la visite présidentielle à Constantine, prévue pour rappel, en ce début du mois de décembre courant. Sur le registre des délais, le wali soulignera que la complexité des difficiles missions de recensement, de recherche et d'investigation pour que les choses puissent se faire sérieusement, définitivement et dans la transparence est à l'origine des retards enregistrés. A ce titre, le long travail des commissions d'enquête a abouti à l'identification de 101 familles sur les 1.268 concernées, qui n'ouvriraient pas droit aux indemnisations, ni au relogement, au motif pour certaines d'entre elles de ne pas posséder d'actes de propriété et pour d'autres d'avoir déjà bénéficier de l'attribution d'un logement social. A propos des indemnisations, et pour dissiper les inquiétudes, le wali affirme à l'occasion, que «les propriétaires expropriés seront dédommagés au prix du marché et personne ne sera lésé, sauf qu'en cas de litige, c'est la justice qui tranchera». Concernant l'opération particulièrement lourde dédiée au relogement, et qui s'apparente, il faut l'avouer, à une véritable «transhumance» de quelques milliers de personnes, il semble, selon les propos de Abdelmalek Boudiaf, que celle-ci se fera par étape, et que «1.200 logements, situés dans leur totalité à la nouvelle ville Ali Mendjeli, sont fin prêts et pourvus de toute les commodités pour être habitables dans des conditions normales». Pour faire bonne mesure, le chef de l'exécutif, décidé semble-t-il à faire place nette, confirmera à l'occasion, que cette méga délocalisation du quartier du Bardo sera suivie immédiatement de l'ouverture du chantier de démolition et les habitations concernées, livrées sans attendre aux bulldozers. Le but étant, comme chacun sait, de déblayer au plus tôt les terrains d'assiette qui doivent accueillir, dans le cadre du projet du «Président pour la modernisation de la métropole de Constantine», la construction de grandes tours administratives et d'hôtels modernes, appelés, dit-on, à changer le visage de la ville. Dans le marigot politico-médiatique locale, certains, dont le scepticisme est désormais endémique, affirment déjà qu'il y a loin de la coupe aux lèvres tellement la ville s'est échinée longtemps à réinventer le sous-développement. En dépit des fatalités négatives, Constantine veut aller donc, au bout de ses projets... à quel prix !
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Posté Le : 02/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Benmohamed
Source : www.lequotidien-oran.com