Algérie

Eradication des marchés informels, El Bahia à la peine... Oran



Eradication des marchés informels, El Bahia à la peine... Oran
Photo : S. Zoheir
De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali

A moins de six mois du Ramadhan, délai que les pouvoirs publics se sont fixés pour mener à son terme l'opération d'éradication des marchés informels et de réaffectation des opérateurs sur des sites réglementés, il apparaît que les autorités locales de la wilaya d'Oran ont «officiellement» éradiqué 104 sites de commerces informels. Ne resteraient, selon les services de la direction du commerce, que les sites de M'dina J'dida et des Castors qui, par leur ampleur et leur impact, «nécessitent un traitement particulier» : le premier regroupant, depuis des dizaines d'années, l'essentiel du commerce informel dans des segments aussi divers que l'habillement, la joaillerie ou l'électroménager, alors que le second continue d'abriter le marché de voitures malgré l'ouverture, en décembre dernier, du nouveau marché de véhicules d'El Kerma. On ignore le nombre de commerçants clandestins qui, jusqu'ici, ont été insérés dans les circuits légaux mais l'on sait que 5 000 ont été recensés à travers les 26 communes et que la situation de 1 200 intervenants est en voie de règlement. Pour beaucoup pourtant, ces chiffres ne veulent pas dire grand-chose puisque le sceau de l'informel et du noir caractérise désormais l'écrasante majorité des transactions commerciales effectuées à Oran, le paiement par chèque étant presque inexistant et les opérations commerciales n'étant jamais sanctionnées par des documents pour permettre la nécessaire traçabilité : «D'ailleurs, il faudrait aussi se pencher sur les gros bonnets de l'informel. Il ne suffit pas d'évincer les petits vendeurs à la sauvette, encore faut-il faire la chasse aux seigneurs du trabendo, les importateurs et grossistes sans lesquels le marché noir ne serait rien'», lancent d'une même voix de défi commerçants et consommateurs à l'adresse des pouvoirs publics. Pour autant, de nombreux oranais applaudissent cette opération d'assainissement qui a débuté en septembre dernier pour ce qu'elle a permis de rétablir le calme et la tranquillité dans un certains nombre de quartiers dont les habitants avaient maille à partir avec ces commerçants de l'informel qui, petit à petit, s'étaient
appropriés les rues, les trottoirs et, parfois même, investi les espaces de détente. Le constat est fait tous les jours : dans le quartier de Point du Jour par exemple ou - quelques centaines de mètres plus bas en direction du centre-ville - à la cité Jeanne-d'Arc, la circulation automobile n'est plus perturbée par les tables, charrettes ou fourgons de l'informel : «Ce côté de la cité à renoué avec un calme certain même si, en fin d'après-midi, quelques vendeurs se risquent à disposer leurs tables de légumes quelques heures», reconnait l'un des plus anciens habitants de la cité Point du Jour, à l'est d'Oran. Ces velléités de retour d'un certain nombre de commerçants informel ont été favorisées par un net fléchissement de la lutte menée par les pouvoirs publics mais aussi «par l'épuisement des alternatives offertes aux concernés», comme le ministre du Commerce l'a reconnu il y a quelques semaines. C'est ainsi que, dans beaucoup de quartiers d'Oran, de nombreux vendeurs de produits divers (fruits et légumes, poissons, CD et DVD') ont refait surface pour tenter de réinvestir les espaces dont ils ont été expulsés. Un phénomène qui ne semble toutefois pas inquiéter les autorités locales, qui affirment que l'opération d'éradication des marchés parallèles et de réaffectation des commerçants illicites dans des espaces réglementés sera menée à son terme avant le mois de Ramadhan. Comme s'y est engagé (imprudemment ') le gouvernement par la voie de son ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, qui en a fait l'annonce, en octobre dernier, à partir d'Oran. Pour cela, mais aussi pour répondre aux besoins des communes souffrant de l'absence d'espaces commerciaux, les autorités locales d'Oran ont misé sur un programme de réalisation de 25 nouveaux marchés couverts de proximité, pour un montant annoncé de 77 millions de dinars. La réalisation de ces espaces commerciaux qui seront implantés un peu partout à travers la wilaya, a été initialement confiée à la seule Baticic (filiale du Groupe Batimetal spécialisé dans les constructions industrielles métalliques et chaudronnées), mais il semble que les autorités locales s'apprêtent à «décharger» la société d'une partie du programme et qu'elles confieraient à d'autres entreprises pour donner un coup d'accélérateur à la concrétisation du plan dans les délais. Ce qui semble sérieusement compromis, à cinq mois de l'échéance, puisque les sites d'implantation de seulement dix marchés sont identifiés (en majorité à Oran, Arzew et Sénia) alors que les 15 restants sont encore au stade de la prospection.


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