Algérie

Eradication de l'informel : mode d'emploi !



La ville de Hadjout, avec ses 52.000 habitants, est l’une des communes les plus importantes dans la wilaya de Tipasa. Sa position géographique qui fait d’elle le point de jonction entre différentes régions de la wilaya et aussi entre les terres fertiles de la Mitidja et le littoral, y a favorisé la floraison des activités commerciales tous créneaux confondus, particulièrement le marché de l’automobile, celui des produits maraîchers et le négoce relatif à l’habillement, des articles ménagers ainsi que leurs dérivés. Ce business hautement lucratif, dans la mesure où l’Ex-Marengo est devenue la destination privilégiée de la majorité des clients d’une grande partie de la wilaya et même ceux résidant dans les wilayas limitrophes, a, comme il fallait s’y attendre, ouvert la brèche pour la prolifération du commerce informel. Sur le terrain, cela s’est traduit par l’improvisation d’un marché parallèle de fruits et légumes et d’un bazar illicite où l’on vendait, avant son éradication il y a de cela quelque temps, des vêtements dont la majorité est constituée de produits d’importation, ainsi que des articles ménagers. Ces deux lieux de négoces, situés presque en pleine ville et limitrophe du marché communal, occupaient pendant plus de vingt ans une grande superficie. Depuis leur implantation et au fil des ans, ils attirèrent de plus en plus de clients. Quotidiennement, ils étaient des centaines pour ne pas dire quelques milliers qui s’y rendaient. D’évidence l’engouement des clients a attiré de plus en plus de vendeurs qui avaient squatté chaque centimètre des deux marchés parallèles. Mais, au grand dam des piétons et des automobilistes, les choses ont débordé, à telle enseigne que l’intégralité des trottoirs et l’axe routier traversant le quartier en question ont été envahis par les vendeurs à la sauvette. Du coup, l’anarchie s’était érigée en maître. Pire encore, ces activités qui échappaient quasiment au contrôle fiscal, engendre un manque à gagner considérable pour les caisses de l’Etat et grèvent aussi lourdement les chiffres d’affaires des commerçants possédant un registre de commerce et qui procèdent régulièrement au payement de leurs charges fiscales et autres imposition. Ainsi, l’impact nuisible de la prolifération du marché informel s’est traduit, entre autres, par une baisse de l’activité dans le marché couvert de la ville jadis bouillonnant. Et pourtant ce dernier est doté de toutes les commodités conformes pour la vente des fruits et légumes, même pour le poisson. Même si ce n’est pas tout le monde qui tirait son épingle du jeu imposé par l’informel, personne ne songea quelque temps en arrière que le marché parallèle de Hadjout allait cesser définitivement d’exister, d’autant plus que ce phénomène a étendu ses tentacules pratiquement sur la majeure partie des villes du pays. Autrement dit, ce n’est pas une particularité propre à l’agglomération. LA SOLUTION PAR UNE APPROCHE RATIONNELLEDans ce contexte miné d’une part, par une équation à plusieurs variables et inconnus, et de l’autre par le fait que ces marchés parallèles représentaient, directement ou indirectement, une source de subsistances à de nombreuses familles, les autorités locales ont conçu l’idée de venir à bout une fois pour toutes du phénomène de l’informel. Ce projet délicat et sensible à la fois, pouvait générer, en cas de faux pas, une tension indésirable parmi les vendeurs ciblés. Pour ce faire, les services de la daïra conjointement avec l’APC ont adopté une approche rationnelle, conçue à la base par une étude précise de toutes les données relatives au phénomène. La procédure suivie a débuté par une enquête et un recensement de tous les vendeurs en vue d’une esquisse plus au moins précise de l’ampleur de la situation. «Le problème pour nous a été sincèrement crucial, compte tenu que le marché existait depuis  belles lurettes. Il fallait, donc, réunir toutes les conditions propices pour son éradication. Ainsi, nos démarches avaient pour premier souci, l’application de la loi avec ce qu’elle comporte comme rigueur, tout évidement en ne portant pas préjudice aux citoyens de la ville», indique à ce propos Mazouni Yacine, le président d’APC de Hadjout. Selon lui, la «combine» consiste en la construction d’un nouveau marché, autrement dit un nouveau projet d’investissement public pour la localité. En parallèle, la sensibilisation des commerçants ciblés battait déjà son plein. Et enfin et pour que nul ne se sente lésé dans son droit, l’affectation des carreaux et des locaux dans le nouveau marché s’est faite, assure le même vis-à-vis, dans la transparence absolue. «Présentement, les 705 commerçants recensés ont tous quitté l’assiette de terrain qu’ils occupaient sans heurts notables et dans un climat serein. La surface récupérée a été affectée pour la réalisation d’un parking pour automobiles et l’aménagement d’une placette», confie, à son tour, un responsable des services de la daïra ayant suivi pas à pas l’opération de l’éradication du désormais ex-marché informel de Hadjout. 


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