Seuls les Iraniens et les peuples de l’ancien empire perse jouissent d’une telle communion de la nature et du temps. Toujours célébrée, la grande fête de Norouz (nouveau jour) marque à la fois l’avènement de la plus sublime des saisons et le nouvel an traditionnel. Depuis des siècles, aucun ayatollah ne s’est d’ailleurs aventuré à contester cette pratique qui affiche environ 3000 ans sur son compteur fleuri.
Le marquage du printemps n’est donc pas forcément celui que nous connaissons. En Australie, comme dans tout l’hémisphère sud, il tombe le 1er septembre. Même au Nord, on peut signaler les Russes qui fêtent le printemps avec l’épuisement réel de l’hiver, le 1er mars. Mais, s’il est un pays qui a la science du printemps, c’est bien le Japon aux célébrations sans doute incomparables de la saison.
La floraison des pruniers et des cerisiers déclenche, là-bas, d’innombrables cérémonies aussi poétiques les unes que les autres. Terrible rappel pour tous les Terriens : il y a un monde sous notre monde, magma mouvant dont l’écorce terrestre n’est que l’équivalent d’une peau d’orange pour sa pulpe vaste et imprévisible. Et, comme les malheurs ont la lâcheté des meutes, elles s’acharnent sur ce grand peuple, avec des risques nucléaires, lui, le seul au monde à avoir subi, voilà 66 ans, des attaques atomiques directes.
Plus près de nous, la Libye ! Dans l’une des aventures de Sherlock Holmes, son auteur, Conan Doyle, concluait ainsi : «Le grotesque mène souvent à l’atroce». Et même l’atroce devient à son tour grotesque avec la confusion «chirurgicale» entre un missile et un scalpel. Plus proche encore, Hamid Skif est parti à quatre jours de ses soixante ans, le 21 mars dernier. Même dans l’hiver de Hambourg, il réussissait à perpétuer le printemps de sa naissance chaude et lumineuse. (Lire ci-après). Enfin, apprendre, comme ont pu le constater les architectes Larbi Marhoum et Fayçal Ouaret, que la maison de Larbi Ben M’hidi à Biskra a été détruite, on a envie de dire : «Donnez-nous vos bulldozers, on vous donnera même notre printemps».
Avec tant d’adversités, le printemps n’en mène pas large. Pourtant, imperturbables, les mimosas sont au rendez-vous, comme un symbole de fidélité à l’espoir. Le mien est venu de ma fille, qui, ayant découvert un DVD sur la civilisation romaine, a profité des vacances pour se laisser emporter dans l’histoire. Son docte verdict : «Finalement, il ne leur manquait que le smartphone et Internet».
Oui, le printemps peut tenir à peu de choses. Il faut avoir la faiblesse de les apprécier et la force de les vouloir grandies. D’où la floraison.
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Posté Le : 26/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ameziane Farhani
Source : www.elwatan.com