Epuration ethnique au Mali

L'expédition punitive de l'armée et des milices maliennes contre les touareg et les arabes du Mali se confirme et prend de l'ampleur. Toutes les peaux claires que croisent les forces maliennes sont assimilées systématiquement aux terroristes et subissent des exactions qui vont jusqu'à la mort. HRW, la CRA et des journalistes y compris maliens, ont rapporté beaucoup de témoignages de personnes ayant vécu l'enfer entre les mains des militaires et miliciens maliens. Leur crime et d'être des touareg ou des arabes. Même les Peuls n'y ont pas échappé. A ce titre, le Mnla qui avait offert ses services pour soutenir l'armée française dans son avancée vers le nord, a exclu toute coopération avec l'armée malienne en raison des exactions dont elle est coupable et dont sont victimes les civils touareg et arabes de l'Azawed. Le porte-parole du Mouvement national pour la libération de l'Azawad, Hama Ag Sid Ahmed, a déclaré dans un entretien publié par le journal Le Soir d'Algérie que le président de son mouvement, Bilal Ag Achérif, avait «expliqué très clairement que le Mnla ne s'allierait pas à la Cédéao». «Nous estimons que ces forces, pilotées par l'armée malienne, ne connaissent pas la région et elles risquent fort de s'engager dans une guerre contre la ''peau blanche''», a-t-il ajouté. Des accusations d'exactions, commises par les militaires contre des Maliens à la peau claire (Touareg, Peuls, Arabes), ont dernièrement été rapportées, ces derniers étant assimilés aux terroristes du nord du pays combattus par l'armée. «Cela risque de devenir très dangereux. Ces forces armées ne feront aucune distinction entre les populations civiles et les groupes terroristes», a précisé le porte-parole du Mnla. Au-delà de ce mépris de la vie et des droits de l'Homme qu'affiche publiquement l'armée malienne, ces exactions ne font-elle pas partie de la stratégie malienne depuis toujours et qui consiste à vouloir engager une guerre dans le nord du pays sans dialogue ni négociations avec les populations qui expriment des revendications politiques, économiques et sociales, afin de se débarrasser de la rébellion touareg et régler un problème politique par les armes.
Aujourd'hui, ces exactions n'ont qu'un seul objectif : pousser le Mnla et les autres factions armées, arabes et peuls à retourner leurs armes contre l'armée malienne et les forces de la Misma afin de légitimer leur traque et leur anéantissement. Les Touareg, les Arabes et les Peuls semblent s'en rendre compte et évitent jusque-là à tomber dans ce piège, mais s'ils se sentent excédés, certaines catégories, notamment les jeunes, peuvent réagir violemment aux exactions de l'armée malienne. C'est pourquoi, la France, l'UA et l'ONU sont responsables de l'évolution dangereuse de la situation dans le nord du Mali et des mesures urgentes s'imposent avant que l'irréparable n'arrive.
A. G.