Algérie

Epouvantails et larmes de crocodile



Trente-sept pays sont aujourd'hui menacés par la famine etl'existence de près d'un milliard d'êtres humains est aujourd'hui mise en périlpar la pénurie et la cherté des produits alimentaires.La presse occidentale rapporte régulièrement les drames dela faim et les manifestations désespérées de ceux pour qui chaque misérablerepas est un objectif extraordinairement difficile. En règle générale, lafamine est associée à la hausse des prix du pétrole, qui serait principalementimputable pour une part aux pays producteurs. Selon ces journaux et télévisions,pour la plupart aux mains de grands groupes multinationaux et d'Etats qui leursont entièrement dévoués, l'augmentation du prix du brut serait à l'origine detous les malheurs du monde.L'hypocrisie et la désinformation atteignent des sommets oùle ridicule le dispute à la mauvaise foi quand la couverture médiatique sefocalise sur Robert Mugabe et le président Ahmadinedjad,dont la présence pour l'un est rejetée parce qu'il serait un dictateur et pourl'autre parce qu'il remettrait en cause l'existence d'Israël. Il faut être unlecteur particulièrement attentif pour discerner, dans cette cacophonieprécisément orchestrée d'indignations sélectives, quelques-unes des raisons quiprésident à la situation de famine inédite que connaît la planète.Les subventions nord-américaines et européennes à leursproductions agricoles ainsi que leurs barrières protectionnistes sont, avec lesspécialisations imposées à de nombreuses agricultures des pays du Sud, enAfrique notamment, les causes premières de la dégradation actuelle. Tous lesexperts convergent pour imputer aux stratégies des pays du Nord laresponsabilité de la situation actuelle. Les larmes de crocodile versées parles dirigeants occidentaux et leurs relais médiatiques sur la misère despopulations du sud de la planète sont insupportables d'hypocrisie et de cynisme.On a beau jeu, pour dissimuler l'organisation meurtrière de la production etdes échanges actuels, de mettre en exergue l'action caritative et les sacs deriz que l'on accorde parcimonieusement à ceux que l'on a contribué à affamer. Labonne conscience que l'on cherche à affirmer aux yeux d'une opinion publiqueoccidentale, à qui l'on présente des boucs émissaires bien commodes, est uneinsulte à la vérité et un viol des consciences en bonne et due forme.Que Robert Mugabe soit un dictateur, nul n'en doute, et queles propos antisionistes du président Ahmadinedjadsoient sciemment déformés, beaucoup le savent. Est-ce pour autant qu'il failledédouaner les dirigeants occidentaux et les patrons des multinationales de l'agro-business ?C'est pourtant bien ce qui est à l'oeuvre sous nos yeuxincrédules. La mauvaise foi et la manipulation de masse sont poussées àl'extrême. Que les Occidentaux souhaitent conserver leur modèle de consommation,leur gabegie générant la pénurie chez les autres, est une chose. Qu'ilsveuillent à ce point induire en erreur et faire porter le chapeau à desépouvantails de circonstance pour les errements de leur système, en est uneautre. Tant que l'origine de la crise alimentaire ne sera pas clairementreconnue, il y a peu de risques à parier que la famine s'installe pour devenirun élément structurel de l'organisation économique actuelle.


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