Algérie

Époustouflante cérémonie d'ouverture des JO: Sur la Seine, un appel mondial à la paix


Des statues de femmes illustres émergeant de la Seine, des danseurs, chanteurs et funambules magnifiant Paris: la France a réussi vendredi le pari fou d'organiser la première cérémonie de Jeux olympiques hors d'un stade, devant des dizaines de dirigeants étrangers, offrant une bouffée d'air dans un monde ébranlé par les crises.

Vendredi soir, les caméras du monde entier ont diffusé cette cérémonie magique et totalement inédite, organisée autour d'une parade nautique des athlètes sur la Seine.

C'est la première fois qu'une cérémonie d'ouverture de JO était organisée hors d'un stade, ce qui représentait un défi sécuritaire majeur.

Cette réussite est un motif de satisfaction et de soulagement pour le président français Emmanuel Macron, qui avait validé cette idée à l'automne 2020, avec l'aval du Comité international olympique (CIO). Malgré une pluie battante, les différents tableaux de cette cérémonie ont reflété l'élégance, la poésie, l'histoire et le patrimoine français, mis en valeur et revisités par des artistes célébrant l'amour, la diversité, la paix, mais aussi l'impertinence. En dépit des critiques de l'extrême droite en France qui a parlé de «honte», Aya Nakamura, chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde, a ébouriffé la cérémonie en se produisant, toute d'or vêtue, aux côtés de la Garde républicaine.

L'artiste franco-malienne a chanté un medley avec deux de ses tubes et un standard de Charles Aznavour, «For me Formidable». Céline Dion, absente de la scène depuis 2020, a surmonté une maladie aux crises paralysantes pour interpréter «L'hymne à l'amour» d'Edith Piaf au premier étage de la tour Eiffel.

Il y eut aussi ce cheval mécanique galopant sur la Seine, la tour Eiffel prenant vie sous une multitude d'éclairages, ou encore la flamme olympique s'élevant en ballon dans le ciel parisien.

«Le monde à Paris»

Jusqu'au 11 août, 10.500 athlètes participent aux JO et des millions de visiteurs sont attendus pour l'événement sportif majeur de la planète. La France accueille également les Jeux paralympiques du 28 août au 8 septembre. «Paris sur monde», a titré le quotidien Le Figaro. «Paris pour les Jeux, c'est Paris habillé de mille feux afin d'en mettre plein les yeux», résume l'édito du journal. Quelque 320.000 spectateurs enthousiastes ou émus ont assisté à la parade nautique qui a duré plus de trois heures, ponctuée des jeux d'eau, de lumière et des feux d'artifice magnifiant les plus beaux monuments de Paris. «Les JO et les Jeux paralympiques sont une formidable caisse de résonance médiatique, diplomatique et géopolitique», a commenté à l'AFP Lukas Aubin, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) en charge du programme sport et géopolitique. «C'est un évènement regardé par quatre à cinq milliards de téléspectateurs. Il n'y a pas d'équivalent dans le monde, mis à part peut être la coupe du monde de foot». Présentant un fort enjeu d'image pour la France, la cérémonie a été placée sous haute protection, risque terroriste et de cyberattaque ayant été pointés dans un contexte géopolitique très tendu avec les guerres en Ukraine et à Gaza. La nuit précédente, le réseau ferroviaire français a ainsi été victime d'un sabotage inquiétant (dégradations dans plusieurs régions, notamment des incendies volontaires). Face aux nombreuses crises et menaces ébranlant le monde, les appels à la trêve olympique d'Emmanuel Macron sont restés lettre morte. En Ukraine, à Gaza, au Soudan, dans l'est de la République démocratique du Congo notamment, les conflits meurtriers et dévastateurs pour les populations civiles font rage.

Mais pas moins de 85 chefs d'Etat et de gouvernement ont été réunis à Paris autour de l'esprit olympique, tout d'abord lors d'une réception vendredi après-midi à l'Elysée. Puis à la cérémonie d'ouverture. «Diplomatiquement, on peut dire que le monde est à Paris ce soir», résume Lukas Aubin. «Ca peut être quelque chose de positif dans un moment géopolitique très compliqué de faille entre le monde occidental et le monde non occidental», ajoute-t-il.

«Soufflé»

Vladimir Poutine a été le grand absent de cette cérémonie d'ouverture et sa quinzaine d'athlètes autorisés concourent sous bannière neutre, en raison de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach et Emmanuel Macron ont rejeté mardi la demande palestinienne d'interdire à Israël l'accès aux Jeux de Paris en raison de la guerre à Gaza.

Sur le plan intérieur, ces JO sont une opportunité pour Emmanuel Macron de faire temporairement oublier la crise politique provoquée par sa décision surprise de dissoudre l'Assemblée nationale et d'organiser des législatives anticipées, qui ont créé une situation politique très confuse. Plus de deux semaines après ce scrutin - convoqué après l'échec cuisant du parti présidentiel aux élections européennes du 9 juin - l'ensemble du paysage politique peine encore à se décanter, et la France est dirigée par un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs limités. M. Macron a affirmé cette semaine qu'il ne nommerait pas de nouveau gouvernement avant la fin des JO «mi-août». Pour le politologue Bruno Cautrès, des JO réussis permettront à M. Macron de «gagner du temps» mais ne renverseront pas l'opinion, déboussolée par cette crise. «L'impression laissée par cette dissolution ratée est trop importante. Personne n'a compris, et les JO n'y changeront absolument rien.» Pour Lukas Aubin, «les problèmes politiques vont être mis de côté pendant un moment», estime-t-il de son côté. «Mais si ce n'est pas suivi d'actes politiques, ça ne durera probablement pas, le soufflé retombera.»


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