Mais que s'est-il réellement passé pour que des féministes, mais fort heureusement pas seulement elles, montent au créneau et demandent la suspension de tous les épisodes de caméras cachées de l'une des chaînes de télévision misogynes qui pullulent en Algérie.La chaîne en question, a osé, en ces temps d'épidémie et de jeûne, diffuser une émission dans laquelle, de façon odieuse, les femmes étaient présentées comme des marchandises, des biens à échanger entre hommes. Le montage de cette farce misogyne, et attentatoire à la dignité des femmes et des personnes, a mis en scène un jeune homme désarmé, de condition modeste, face à une brute épaisse, auto-proclamé animateur de télévision.
Le participant à ce "non" jeu a dû répondre à des questions portant sur sa situation sociale et familiale. À la fin de cet interrogatoire indigne, il lui fut signifié qu'il avait gagné et que lui était offert une jolie jeune femme, qui possédait un logement et qui travaillait et avait donc des revenus. Cette séquence fut suivie d'un zoom sur le regard du jeune homme éberlué, gêné et apeuré à la fois, avertissant la jeune fille qu'il ne possédait rien.
L'indignité de cette émission a surtout été la manifestation d'un mépris vis-à-vis des femmes et des classes populaires, toutes deux placées en situation de domination, par un individu satisfait de lui-même. Cette émission a été, dans les faits, un divertissement proposé sur la base de l'humiliation des deux protagonistes : une femme et un homme dépourvu de moyens matériels, un pauvre.
Il s'agit là d'un épisode honteux qui a indigné nombre de consciences, qui interpelle, en particulier, tous les professionnels des médias mais, aussi, qui interroge le fonctionnement d'une société qui a rendu possible l'expression d'un tel mépris à l'égard de la population, la démonstration de l'inculture des concepteurs, programmateurs et diffuseurs de cette catégorie d'émission.
Nous pensons que, au-delà des conditions idéologiques dans lesquelles, comme Algériennes et Algériens, nous sommes placés, au-delà de la banalisation des violences culturelles et symboliques que subissent les femmes et les plus désarmés dans cette société, au-delà du sexisme ambiant dominant, nous avons le devoir de dénoncer de telles pratiques.
Nous les condamnons car elles sont indignes de l'intelligence dont ce peuple, femmes et hommes confondus, a fait preuve à travers son histoire. Nous savons toutes et tous que les médias influencent les normes sociales et culturelles relatives aux femmes, et l'image de ces dernières dans les médias lourds, et c'est à cette intelligence qu'elles devraient s'adresser plutôt que de laisser libre cours aux plus bas instincts.
Le groupe de travail psychanalytique : Psyché
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Posté Le : 30/04/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Liberté
Source : www.liberte-algerie.com