Algérie

Epines anoblies



Des scènes désopilantes se succèdent et se répètent pour imprimer aux Algériens une nécessité incontournable d'élever le niveau de leurs actes, de leur conduite et de leur comportement. Qu'un wali se croit devoir d'organiser une remise festive de permis de construire convaincu que l'événement est magistral est une conception qui ouvre les portes au dépit. Cette perception dégrade la stature de l'Etat et n'accorde aucun honneur à ceux censés le représenter. Comme si la remise d'un permis de construire était un haut fait de guerre alors que cet acte si simple ne relève que d'un simple préposé de mairie. En festoyant autour de ce document censé être courant au même titre qu'un extrait de naissance, on souligne au contraire l'ineptie d'une administration qui ne tourne pas rond et tant qu'à faire, pour anoblir les épines, il aurait fallu pousser l'anormalité à son extrême en invitant le président de la République lui-même à présider la cérémonie.Les origines et les causes de la platitude de tels comportements sont connues. On s'applique maladroitement à exécuter des consignes présidentielles comme si le chef de l'Etat pouvait se contenter d'une aussi sommaire discipline alors qu'il est demandé aux responsables locaux de faire preuve d'un génie autrement plus important pour qu'ils s'élèvent à la hauteur de la mission dévolue.
Il n'est pas dit qu'un permis de construire n'est pas important. Mais la règle réclamée est de donner à l'Etat la dimension qui lui est due et à patiner au ras des pâquerettes c'est sa stature que l'on amoindrit.
Un wali, représentant du gouvernement et de l'Etat a d'autres charges à endosser que de croire qu'il lui suffit d'une plate allégeance pour que sa bonne conscience et sa carrière soient sauvegardées. A ce rythme, les grandes institutions nationales ne seront plus que des conciergeries et au contraire de ce qui est maladroitement préconçu le fossé entre l'Etat et le peuple n'en sera que plus élargi.
Il est à croire que certains grands responsables intermédiaires gardent encore le goût du breuvage trop fade des anciennes distributions de clefs aux paysans pour rester coincés dans les symboliques d'un temps révolu.


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