Le ministre des Finances, M. Kariml Djoudi, a fait un constat alarmant jeudi devant les
sénateurs sur la situation de nombre d'entreprises publiques économiques (EPE).
Le premier argentier du pays a souligné une situation préoccupante pour
beaucoup d'EPE. Ainsi, selon M. Djoudi,
les inspecteurs de l'IGF (Inspection générale des
finances) ont effectué depuis 2009 quelque 36 opérations de contrôle d'EPE. Les résultats, selon le ministre, sont inquiétants: ces
opérations ont révélé une main-d'oeuvre pléthorique, une mauvaise exploitation
des capacités de production de ces entreprises, alors qu'en dépit de budgets
alloués, les activités de recherche-développement restent faibles. Ce n'est pas
tout : le ministre accuse en fait (presque) directement ces entreprises de
pratiques proches de la corruption et de dilapidation de deniers publics
lorsqu'il parle «d'absence de transparence dans la conclusion de certains
marchés publics». Certes, des scandales financiers éclaboussent toujours les
entreprises nationales, les grandes comme les petites, et les choses au sein de
certaines EPE, pas toutes heureusement, en sont devenues tellement pourries que
des enquêtes externes avaient débouché sur des scandales inquiétants pour
l'économie nationale.
La liste «noire» de M. Djoudi ne s'arrête pas à
ces griefs, décelés par les enquêteurs de l'IGF, puisque
devant les sénateurs jeudi, il a également fait état de manque de «stratégies
de développement des investissements, contrôle interne défaillant, mauvaise
gestion des stocks», alors que beaucoup d'EPE
croulent sous «un fort endettement». A fin septembre dernier, le montant des
dettes des EPE effacées par l'Etat est de 113 milliards de DA contre 298
milliards de DA en 2010. Mieux, l'Etat, qui rame à contresens pour soulager la
pression fiscale des EPE, a consenti en termes d'exonération fiscale à
débourser 450 milliards de dinars par an.
Par ailleurs, l'IGF a effectué 85 missions de
contrôle des dépenses publiques dont 14 sur notification par les autorités
compétentes, avait par ailleurs indiqué le ministre des Finances en septembre
dernier devant les députés. Fatalement, la mauvaise santé des entreprises se
répercute sur les banques, puisque, selon le ministre des Finances, les
créances non performantes (c'est-à-dire non remboursées) des banques publiques
se sont établies à 24% du cumul des crédits accordés par ces banques. Sur
l'ensemble des crédits à l'économie, estimés à plus de 2.000 milliards de DA à
fin juin 2011(850 mds de DA en 2005 et 3.200 mds de DA en 2010), environ 86% ont été accordés par les
banques publiques. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci,
les créances non remboursées des banques notamment par les EPE étaient en
baisse à fin juin 2011, passant de 19,05% du total des crédits distribués à fin
2010 à 16,63% à fin juin 2011. Pour M. Benkhalfa, de
l'ABEF, ce seuil de créances non remboursées «n'est
pas sur le plan orthodoxe acceptable». Selon lui, les crédits à l'économie
devraient croître de 18% à la fin 2011 pour atteindre 3.800 milliards de dinars,
alors que persiste le marasme financier au sein des EPE, qui restent autant
fortement endettées que soutenues par l'Etat, qui veut éviter les dérapages
sociaux, en finançant en fait une si chère paix sociale.
La rentabilité, la bonne santé financière et la performance économique
font partie d'autres stratégies. A venir.
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Posté Le : 26/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com