Algérie

Epaulé jeté


Heureusement, plus de peur que de mal. Sauf que la peur peut aussi faire mal, à l?image de ces habitants paniqués par la secousse de 5,2 à Boumerdès et qui se sont jetés par la fenêtre. D?où vient cette propension à se jeter dans le vide à la moindre alerte ? Au-delà de la naturelle psychose des citoyens de cette région, traumatisés par les séismes, il y a là une attitude particulière. Car partout dans le pays, on se jette. Les jeunes se jettent à la mer, tentant désespérément de fuir leur pays à la nage pour mettre le plus de distance possible entre eux et eux. D?autres se jettent contre des murs, contre des commissariats, des casernes et des institutions du pays pour se faire exploser. D?autres encore se jettent à corps perdu dans la religion ou dans les affaires. D?autres se jettent dans la drogue, se jettent par dessus les ponts, se jettent leur mal-être au visage des uns des autres, jettent leur passeport, leurs sachets poubelles par dessus le balcon, les femmes qu?ils répudient et toutes leurs illusions. Pourquoi tant de jets ? Peut-être parce que l?Etat lui-même jette tout le monde. Les cadres en prison, les privatisés au chômage, les lycéens dans les rues, les émeutiers au cachot et les lois par dessus bord. L?Etat jette de l?argent par les fenêtres, jette les options modernistes, jette la constitution comme une amante qui ne procure plus de plaisir, jette ceux qui n?applaudissent pas assez et jette tous les contre-arguments à leur vision. Aujourd?hui, les Algériens, dans une position « stop eject » radicale, appuyant comme sur le bouton d?un lecteur CD pour ne plus rien écouter, ont décidé de se jeter et de tout jeter. Sans réaction. Pour toute réponse, l?Etat a décidé de subventionner les produits alimentaires de première nécessité. Jetez-leur un peu de pain et de lait, tout ira bien. A-t-on le droit de vouloir jeter nos dirigeants ?
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