Algérie

Envolée de la dépense publique, hausse des importations et incidences sur l'économie algérienne



Envolée de la dépense publique, hausse des importations et incidences sur l'économie algérienne
Selon le Centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis), données de septembre 2014, nous assistons à une baisse vertigineuse de l'excédent commercial due essentiellement à la hausse de la dépense publique par la hausse des importations et la baisse des recettes des hydrocarbure. Ce déficit risque de s'accentuer du fait que le cours du Brent a été coté les 3 et 4 octobre à 92,14 pour le Brent et pour la première fois depuis plusieurs années le WIT est en dessous de la barre de 90 dollars, exactement 89,75 avec une cotation du dollar en baisse 1,2511 et une baisse de la valeur de nos réserves d'or (173 tonnes) où l'once a été cotée à 1 190 dollarsPour la loi de finances 2015, les tendances vont vers 80 milliards de dollars de sorties de devises y compris les transferts légaux de capitaux. Or, les recettes de Sonatrach sont passées de 73 milliards de dollars entre 2010-2011 à 63 milliards de dollars fin 2013. Le dernier rapport du ministère de l'Energie en date du 4 septembre 2014 confirme cette tendance à la baisse en volume, atténuée via la hausse des prix en 2013, soit une baisse annuelle de 10 milliards de dollars. La chute récente du cours des hydrocarbures, si elle devait se prolonger dans le temps, aurait des incidences négatives sur le budget de l'Etat. Evitons donc l'illusion que les exportations d'hydrocarbure algériennes suppléeront à la crise ukrainienne, une entente entre Gazprom et l'Europe pour la livraison du gaz étant en cours afin d'éviter toute rupture d'approvisionnement. La crise mondiale ne s'étant pas attaquée aux fondamentaux de la crise, la suprématie de la sphère financière sur la sphère réelle, le divorce entre la dynamique économique et la dynamique sociale sera de longue durée. La baisse de croissance des pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Argentine) détruit le mythe de la relance économique par ces pays. L'Europe (500 millions d'habitants) et les USA (360 millions d'habitants) totalisent sur un PIB mondial dépassant les 73 000 milliards de dollars et plus de 7 milliards d'habitants, 40% du PIB mondial et paradoxalement autant pour l'endettement mondial. A court terme, toute dépression de ces économies a un impact en ondes de chocs étant en interdépendance, sur toute l'économie mondiale. Cela a un impact sur l'économie algérienne totalement extériorisée via les hydrocarbures. L'Algérie peut-elle continuer à cette cadence de la dépense publique, à éviter l'illusion de verser des traitements sans contreparties productives, reportant dans le temps les tensions sociales qui deviendraient inévitables, sans songer à relever le défi d'une stratégie de développement hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales ' Le risque n'est-il pas dans trois à quatre années, l'épuisement de ses réserves de change, estimées en mars 2014 à 195 milliards de dollars sans les 173 tonnes d'or, (86% étant placées à l'étranger à plus de 90% en bons de trésor américains et en obligation européenne à un taux fixe à moyen terme de 3%,) ' Egalement l'épuisement du Fonds de régulation des recettes qui a chuté sensiblement entre 2013-2014, et passé de 4 842 milliards de dinars en 2012, 5 381 en 2013 prévu, selon la loi de finances prévisionnelle de 2014, qui passe à 7 226 fin 2014 alors que selon le rapport de la Banque d'Algérie, il a accusé une baisse passant de 5 238 milliards de dinars fin 2013 à 4 773 fin mars 2014. Or, le déficit budgétaire retenu dans la loi de finances 2015 dépassant 52 milliards de dollars. Un sursaut national s'impose car une chute de longue durée menacerait la sécurité nationale. Tant qu'il y a la rente, la facilité est la distribution de revenus sans contrepartie productive, sacrifiant le développement du pays et les générations futures, rentrant dans le cadre d'une stabilité statique suicidaire. Qu'en sera-t-il des incidences en cas d'une baisse de longue durée du cours des hydrocarbures, de l'impact de l'article 87 bis du code de travail, du à plusieurs facteurs sur l'économie algérienne ' L'Algérie pourra-t-elle supporter avec les ondes de chocs, une masse salariale additionnelle entre 2016-2020 de 9-11 milliards de dollars annuellement ' Le nombre de salariés est évalué fin 2013 par l'ONS à 7 393 000 dont 3 508 000 non permanents et 3 785 000 permanents et la masse salariale, avec la dominance de la fonction publique est de 54,98 milliards de dollars. Ce qui donne un ratio masse salariale sur le PIB de 30,93% en 2013 contre 20% en 2000 en référence à la source de l'ONS qui corrige le PIB à prix constants pour 2013. Selon le secrétaire général de l'UGTA, environ quatre millions de travailleurs du secteur public et privé, des basses catégories, verront leurs salaires augmenter dès le 1er janvier 2015, suite à l'abrogation de l'article 87-bis. Pour éviter un nivellement par le bas, il annonce officiellement une augmentation progressive pour toutes les autres catégories. Si l'on suppose une augmentation raisonnable d'environ 7 000 dinars en suivant le premier ministre plus prudent (le SG de l'UGTA parle de doublement), la masse salariale additionnelle serait de 336 milliards de dinars, soit au cours actuel de 79 dinars un dollar de 4,25 milliards de dollars, augmentation applicable au 1er janvier 2015. Et comme il est prévu un relèvement des autres catégories dès 2016, suite aux ondes de chocs, allant vers 8 millions de salariés, le point indiciaire pour ces catégories entre 20 000 et 100 000 dinars étant plus élevé, l'on peut prendre une moyenne d'augmentation minimale entre 10 000 et 15 000 dinars, soit 12 500 dinars pour les 4 millions des autres salariés, supposant la stabilisation des bas salaires et une maîtrise de l'inflation pour éviter de nouvelles revendications. L'impact financier sur le Trésor public pour les autres catégories serait de 7,60 milliards de dollars. Cumulé avec les augmentations des bas salaires, le total serait de 11,85 milliards de dollars entre 2016-2017. Ce sont les données que j'ai annoncées officiellement en 2012, reprises par la presse nationale et internationale (voir www.google.com). Avec l'abrogation de l'article 87 bis, le risque est que ce ratio dépasse les 40% du PIB déjà gonflé par la valeur des hydrocarbures, ainsi qu'une valeur ajoutée du BTPH. Ce taux ne serait pas inquiétant si la tertiairisation de l'économie avec une très faible productivité, et l'administration n'était pas dominante (emplois-rente) et s'il existait une très forte productivité du travail, ce qui n'est pas le cas pour l'Algérie. En résumé, l'Algérie avec des réserves de change et ses entrées annuelles, peut tenir quatre années au rythme actuel de ses dépenses. Mais le danger est à moyen terme horizon 2020 avec des tensions budgétaires intenables. En effet, la part insignifiante du tissu productif, les importations massives de produits agricoles comme en témoigne la chute de 30% de la production de blé en 2014 par rapport à 2013, mais plus de 100% par rapport aux années 2008-2009, la production étant estimée en 2014 à 32 millions de quintaux contre plus de 62 entre 2008-2010, montrent clairement que l'économie algérienne dépend des aléas climatiques et des fluctuations du cour des hydrocarbures qui échappent à la décision intérieure et donc la faiblesse du management stratégique de la majorité des secteurs. Le pouvoir algérien, mais aussi la majorité de la population dont le revenu est fonction à plus de 70% de la rente des hydrocarbures doivent savoir qu'une Nation ne peut distribuer que ce qu'elle a préalablement produit, que l'avenir de l'emploi et de leur pouvoir d'achat n'est plus dans l'administration et les emplois-rente qui voilent le taux réel du chômage, mais dans les segments productifs. Les subventions à répétition mal ciblées et mal gérées (25 milliards de dollars et avec les transferts sociaux plus de 60 milliards de dollars, environ 28% du PIB) gonflent artificiellement le revenu familial et compressent le taux d'inflation. L'Algérie qui, sans chauvinisme, a les moyens de dépasser cette situation, face une concurrence internationale de plus en plus acerbe, doit réaliser impérativement à la fois sa transition économique et sa transition énergétique entre 2015-2020.C'est le défi majeur pour éviter à l'avenir d'inévitables tensions à la fois économiques, sociales et politiques. (Suite et fin)




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