Algérie

Entretien avec Rachid Bellil : « les Algériens n’ont pas conscience de la grandeur et de la diversité de leur pays »



Entretien avec Rachid Bellil : « les Algériens n’ont pas conscience de la grandeur et de la diversité de leur pays »
Des anthropologiques algériens comme Rachid Bellil se comptent sur le bout des doigts. C’est un rescapé de l’équipe de Mouloud Mammeri dont il a bénéficié de la « baraka ». Ce n’est pas seulement un chercheur qui va occasionnellement « sur le terrain », comme le fait la majorité de ses collègues, plus ou moins récents dans le domaine. Il a carrément passé une partie de sa vie parmi les communautés sahariennes qu’il a étudiées en contribuant à rendre visibles ; ceci avec une liberté étonnante par rapport au temps qui lui vient évidemment de sa longue fréquentation du désert. Cela s’appelle aussi de la générosité. Nous nous sommes revus dernièrement au Centre des études andalouses de Tlemcen où il est venu communiquer sur son Anthologie du conte amazigh, en voie d’achèvement.


Rachid Bellil est également un intellectuel, foncièrement libre penseur. Même s’il s’est astreint à quelques précautions, dues aux déboires subis durant sa carrière professionnelle en dents de scie. Mais le meilleur de lui reste à venir dans un ouvrage où il va se lâcher. Un récit, libre et littéraire de ses errances d’anthropologue né et qu’il dédiera certainement à son frère Malek Bellil, notre confrère et ami disparu, à qui il doit cette idée. Nous croisons les doigts…

Le « mois du patrimoine » vient de s’achever. Je ne sais pas si vous vous sentez interpelé par cet événement et si s’en est un, pour vous ?

Bien sûr que si. Mais il faut dire qu’en tant que chercheur qui porte un intérêt soutenu aux questions de patrimoine (surtout immatériel), je suis constamment préoccupé par ces questions. Je passe une partie de mon temps sur le terrain à essayer de recueillir des données sur ce patrimoine et une autre partie au bureau à les analyser et tenter d’y voir plus clair.


Observez-vous un impact réel sur la société, avec un sens de la préservation et de la valorisation du patrimoine qui s’enracinerait chez nous ?

Pour cette question, la réponse est plutôt négative. Pour parler franchement, la tendance générale est plutôt à l’absence d’intérêt pour ces questions et je dirai même une absence de conscience. Je m’explique : la question du patrimoine ne va pas de soi. C’est un domaine d’intérêt qui se construit, s’élabore avec la participation de différents acteurs : les chercheurs bien sûr mais aussi les membres d’associations culturelles, les enseignants, les représentants des autorités concernées et à différents échelons (national mais aussi local) et enfin des communautés et des individus sensibles à ces questions. Le mois du patrimoine c’est très bien, mais cela serait encore mieux si l’on s’y consacrait tout au long de l’année car il y a tellement de choses à faire et l’une des premières concerne la sensibilisation des populations à ces questions par le canal de la presse écrite et de la télévision bien sûr mais aussi l’école qui devrait jouer un rôle plus important dans le domaine de la sensibilisation aux questions liées au patrimoine. Plus on apprend jeune et plus on retient et on est conscient des enjeux.



Plus près de vos préoccupations de recherche, vous n’êtes pas sans avoir suivi l’émergence de cette notion de « patrimoine immatériel » et son aboutissement à la création, en 2004, d’un département à l’UNESCO (Paris), ayant un pouvoir de classement de tel ou tel objet à vocation universelle.

La notion de patrimoine immatériel est le résultat de longues discussion (et même négociations) entre experts de l’UNESCO. Tous ces efforts ont aboutis à la rédaction de la Convention sur le patrimoine culturel immatériel, en 2004. Et il faut savoir que l’Algérie a été le premier pays à avoir ratifié cette Convention.



Vous qui naviguez dans les immensités sahariennes depuis les années 70, quel bénéfice y avez-vous effectivement constaté jusqu’à présent pour les Pays du Sud, à commencer par l’Algérie ?

Avant cette Convention, les chercheurs ne parlaient pas de patrimoine immatériel. On utilisait les termes de littérature orale, de rituels etc. Cette convention est venue à point pour constituer des éléments assez divers (y compris la langue) en objet d’étude et d’analyse avec toutes les opérations concernant le recueil proprement dit, la description, le classement au niveau régional (Directions de wilaya de la culture) et national, la constitution de banques de données, d’inventaires etc. Le domaine de la culture immatériel est maintenant bien constitué aussi bien au plan abstrait (plus ou moins théorique) que concret (avec les différents éléments constitutifs de ce patrimoine clairement identifiés et les acteurs).

Ainsi, la fréquentation du terrain (surtout le Sahara) m’a permis d’entrer de plain-pied dans ce domaine de la culture immatérielle tel que défini par la Convention de l’Unesco. J’étais habitué à ces questions depuis longtemps.



Vous avez d’ailleurs, je crois, participé à proposer et constitué des dossiers de classement destiné à l’UNESCO.

Oui. Une grande partie de mon travail au Centre National de Recherches Préhistoriques, Anthropologiques et Historiques (CNRPAH, Alger) est consacré soit à préparer moi-même des dossiers pour le classement de certains éléments sur diverses listes consacrées au PCI par l’Unesco.

J’ai ainsi préparé les dossiers de l’Ahellil du Gourara, des pèlerinages à la zawiya de Sidi Lhadj Belqasem dans la même région et des savoirs et savoirs-faire des mesureurs d’eau (kiyalin el-ma). Les deux premiers éléments ont été classés et le troisième est en voie de l’être. Par ailleurs, comme j’ai acquis une certaine expérience, la direction du centre m’implique dans la relecture et l’amélioration de dossiers établis par d’autres collègues. Cela a été le cas pour la Sebiba de Djanet, l’imzad des Touaregs, le Teqtar etc…



Par extrapolation, vous êtes-vous rendu compte, surtout ces derniers années, que le patrimoine classé « universel » en Occident peut s’avérer être un enjeu de pouvoir idéologique et politique, entre les mains de puissances occidentales qui peuvent même s’en servir pour justifier des interventions militaires, servant des fins inavouées. Qu’en dites-vous ?

Toutes les questions liées à la culture ont un prolongement dans les affaires politiques. Il s’agit simplement d’en être conscient. Le classement d’un élément culturel peut avoir des soubassements politiques et diplomatiques qui permettent de renforcer l’influence d’un pays souvent au détriment d’un autre ; cela est évident.



A l’époque où vous étiez encore en fac, pourquoi le régime craignait-il ces disciplines au point de fermer le département d’ethnologie de la fac d’Alger en 1972 ?

Oui, j’étais encore étudiant à la faculté des lettres et sciences humaines d’Alger (centre). Il y avait encore le système des certificats : sociologie générale, psychologie sociale, économie politique et sociale et le quatrième certificat était au choix entre la démographie et l’ethnographie de l’Afrique du Nord. J’avais choisi cette dernière branche et nous étions cinq ou six étudiants à suivre les cours dispensés entre autres par Mmes Louisa Yaker, Claudine Chaulet, Fanny Colonna ainsi que ceux dont je me rappelle, Mrs Farès et Mouloud Mammeri. Ce dernier venait de prendre ses fonctions comme directeur du CRAPE et c’est comme cela que j’ai commencé à fréquenter le centre et surtout sa bibliothèque. De suite, j’ai été comme happé par la quantité et la qualité qui traitaient de l’Algérie bien sûr mais aussi des différents pays du Maghreb et du Sahara. Il y avait aussi beaucoup d’ouvrages théoriques qui traitaient de l’ethnographie, de l’ethnologie ainsi que de l’anthropologie sociale, culturelle et politique.

En 1972-73, il y a eu la réforme de l’enseignement supérieur et en 1974, à l’occasion du XXIVème congrès international de sociologie, nous avons eu la surprise d’entendre le ministre en exercice (il s’agissait de Benyahia) prononcer un discours dans lequel il dénonçait durement ces disciplines comme fondamentalement et viscéralement liées au colonialisme. Il fallait donc, selon lui, les abandonner et se retourner vers la sociologie du développement.

Le système des certificats a disparu avec la réforme entraînant l’enseignement de l’ethnologie. Mais il n’y avait pas de département d’ethnologie, uniquement un certificat. Ajoutons que dans la foulée, la chaire de berbère a été supprimée également.

Mais il faut dire que le CRAPE a continué de fonctionner bien qu’avec des moyens extrêmement limités.

Décrivez-nous le CRAPE, lorsque vous l’avez rejoint, son évolution, la purge qu’il a subie.

Pour moi, le CRAPE c’était d’abord un lieu, un espace avec le jardin, de belles bâtisses (celles du CRAPE et celle du musée du Bardo), un calme propice à la lecture et à la réflexion et tout ceci tout en haut de la rue Didouche Mourad. Il y avait ensuite la bibliothèque dont je viens de parler et surtout Mouloud Mammeri qui était surtout connu à l’époque comme romancier. J’avais cependant assisté à la fin des années soixante (j’étais encore lycéen) à une conférence qu’il avait prononcé au Centre Culturel Français sur le poète Si Mohand u-Mhand. On comprenait bien que Mammeri s’intéressait à la littérature orale (comme on disait à l’époque) mais aussi à la société et aux transformations qu’elle subissait avec les débuts de la colonisation.

J’ai rejoint le CRAPE à la fin de 1977 et mes débuts ont été un peu laborieux parce que j’avais travaillé dans plusieurs administrations après mon service national et il me fallait acquérir une nouvelle mentalité ou « habitus » pour parler comme P. Bourdieu que nous lisions de manière assidue à cette époque. Il a fallu du temps pour avoir en plus du regard de l’algérois formé entièrement dans la culture occidentale, un autre regard, celui de l’apprenti chercheur qui effectuait de constants va-et-vient entre la capitale et les différentes régions du pays, surtout au Sahara. Mais c’était la période de l’apprentissage dans la solitude, il faut bien le dire car il y avait peu d’apprentis chercheurs de ma génération qui se consacraient à ces domaines. Je voudrai évoquer ici Aïssa Ouitis et ses études sur les phénomènes liés à la religion dans le Sétifois, mais il est très vite parti en France et n’en est plus revenu comme beaucoup d’autres. Moi, je me suis accroché et j’ai appris que pour faire aboutir une recherche, il fallait beaucoup de ténacité et surtout une certaine fidélité envers soi-même.

Mouloud Mammeri a été mis à la retraite en 1979 (il venait d’avoir soixante ans je crois) et très rapidement nous avons sentis qu’une période de la vie du CRAPE était en train de s’achever. Personnellement, j’étais aussi assistant en sociologie rurale à l’Institut National d’Agronomie (El-Harrach) et on a mis fin brutalement à mon contrat en 1981. A cette époque, il n’y avait pas de statut de chercheur à temps plein, il fallait enseigner en même temps. J’ai été convoqué par le nouveau directeur du CRAPE qui m’a signifié que je ne pouvais plus rester au centre. Il s’en est suivi une période dépressive car c’est ma carrière qui venait d’être brisée. Et c’est mon départ à Timimoun qui m’a sauvé : je pouvais enfin faire du terrain de manière continue tout en enseignant au lycée qui venait d’être créé là-bas. Je me souviens toujours d’un certain « ami » qui me disait que lui, n’aurait jamais accepté d’être ainsi « déclassé » et je me souviens aussi de Mouloud Mammeri qui m’a toujours soutenu en me disant même que cela était une chance pour moi que de m’installer pour un certain temps à Timimoun (qu’il aimait beaucoup).



Mouloud Mammeri a été déterminant dans l’orientation de vos terrains de recherche qui ont occupé une large partie de votre vie d’ailleurs. Parlez-nous de lui, essayez de nous restituer l’homme, le chercheur, le cheikh (maître). Il était sévère, à l’ancienne, semble-t-il.

Oui, Mammeri m’a orienté à deux reprises vers le Gourara. Une première fois lorsque j’étais encore étudiant, il m’avait envoyé avec un architecte-archéologue français du CNRS, Mr Echallier, qui faisait une mission à Timimoun. J’y suis resté tout un mois qui fut un moment de découverte. Mais, à l’époque j’étais plutôt branché sur les Touaregs de l’Ahaggar ainsi que ceux de l’Adagh (nord du Mali) qui étaient réfugiés à Tamanrasset. La seconde fois, en 1977-78, quand je l’accompagnais pour la poursuite de son travail sur l’ahellil. Il m’avait demandé de m’occuper de ce qui se passait durant les festivités liées à la célébration du sbuâ. Cette seconde fois fut la bonne, je crois.

Mammeri n’était absolument pas sévère. Il était strict. Il aimait bien les jeunes chercheurs qu’il ne traitait jamais de haut. Je n’ai jamais vu Mammeri porter un regard méprisant sur quelqu’un ; au contraire, il portait sur son environnement un regard malicieux et quelque peu ironique, je dirai.



Il y a aussi Abdelmalek Sayad également qui vous habite, je crois. Encore un dont on ne se lassera jamais. Quelle place occupe-t-il dans votre demeure itinérante. ?

Pour A. Sayad, c’est très différent. Je ne l’ai connu (très peu malheureusement) qu’à la fin des années 1990, à Paris. Il avait réalisé un long entretien dans la revue M.A.R.S. que j’ai lu et relu. Sincèrement, il n’est pas à l’honneur de notre pays que d’avoir laissé un personnage (un chercheur) de cette envergure loin de chez lui. Sayad a écrit des pages inoubliables sur la culture, l’identité et surtout sur la dure condition de nos « émigrés ».



A lire ce que vous avez écrit sur vous-même, on dirait presqu’une sorte de destinée à aller chercher du côté des Berbères du Sahara, depuis les années N’est-ce pas aussi votre propre construction identitaire que vous poursuiviez, à l’ombre de l’ethnologie et l’anthropologie ?

Lorsque j’étais étudiant, je m’étais aperçu avec effarement que je (on peut tout aussi bien dire : nous) ne connaissais à peu près rien du passé de l’Algérie et du Maghreb. Nous étions pratiquement « sans histoire ». En 1978, j’ai acheté, à Paris les quatre tomes de l’Histoire des Berbères… d’Ibn Khaldoun et j’ai essayé de rentrer dans cette masse d’informations. Mais ce n’est vraiment qu’en étudiant les communautés du Sahara, les Touaregs mais surtout les Zénètes que j’ai littéralement plongé dans ce passé. Je crois que je peux dire que j’ai réalisé, à ma modeste échelle, une combinaison de l’histoire et de l’anthropologie culturelle. Cela m’a ouvert une large perspective qui a pour nom l’anthropologie historique qui permet la combinaison des sources écrites des historiens mais aussi d’humbles chroniqueurs locaux pour une large part complètement inconnus avec les données puisées dans les traditions orales que j’ai patiemment recueillies avec de simples ksouriens. Tout ceci a incontestablement forgé ma propre identité que je revendique comme plurielle et qui dépasse les « constantes » officiellement décrétées d’en haut.



A ce propos, vous dites dans « Mutations Touaregues »(1) : « Est-ce moi qui poursuivait le «différent » en m’extrayant de mon milieu ou est-ce ma différence personnelle (mon acculturation profonde) qui m’amenait à me percevoir comme différent de mon milieu social pour aller vers les autres qui vivaient, eux, à l’autre extrémité du territoire national. » Est-ce alors votre propre « acculturation » qui fonctionnait en vous ?

Mon acculturation provient de la fréquentation de tous ces philosophes, sociologues, anthropologues, romanciers, poètes qui sont d’ailleurs (des quatre coins de la planète, comme Lu Xun par exemple). Cette fréquentation produit une certaine solitude dans mon propre milieu (Alger) qui paraît bien souvent étroit et limité. C’est pour cela que j’ai besoin de ce grand large qu’est pour moi le désert : je découvre plein de gens qui, si l’on sait se mettre à leur hauteur (sans les surplomber), vous permettent d’apprendre et de découvrir beaucoup de choses sur moi-même.



Vous dites que Mouloud Mammeri évoquait deux types d’« acculturations » vis à vis des cultures locales : la première produite par la colonisation que lui a vécue en Kabylie ; l’autre produite par le système de pouvoir mis en place après l’indépendance et qui lui a observé chez les Zénètes du Gourara. Mais vous aussi bien cette communauté, ainsi que celle des Touaregs du Hoggar. Vous y Quels s allusion, dans l’ouvrage cité plus haut.

C’est dans un article intitulé « Culture du peuple ou culture pour le peuple », publié dans le n°1 de la revue AWAL que Mammeri a fondé à Paris, au milieu des années 1980 (l’article date de 1985), que se trouve son analyse sur le Gourara dans laquelle il écrit qu’il comprend d’autant mieux ce qui se passe au niveau de ces communautés qu’il a lui-même subi un processus d’acculturation auparavant et qu’il peut donc aborder les choses de l’intérieur en quelque sorte. Mais il vaut mieux lire l’article de Mammeri et réfléchir dessus.



Pouvez-vous aller plus loin dans la description de ce phénomène chez ces communautés avec lesquelles vous avez partagé des tranches de vie ? Pouvez-vous aussi nous livrer vos observations sur l’évolution de cette « acculturation », les nouvelles formes de celle-ci ? Avec la « mondialisation », l’ouverture du pays au capitalisme sauvage et tout ce qui s’en est suivi.

Je fréquente ces communautés depuis plusieurs décennies (ce qui ne me rajeunit pas) et j’observe dans la durée les changements et même les mutations qui les affectent. L’intervention de l’Etat central dans ces espaces qui étaient encore inconnus et largement périphériques dans les années 1970, a complètement transformé les relations que ces communautés entretenaient traditionnellement avec leurs espaces, leurs environnements, leurs langues et cultures etc. Prenons simplement deux exemples pour illustrer cela : il n’y a pratiquement plus de nomades dans l’Ahaggar et le Tassili n Ajjer, tous sont « rentrés » dans les oasis, les villages ou centres de culture. Les enfants vont à l’école algérienne qui ne parle pas leur langue, qui ne leur parle même pas de leur environnement… Que deviendra cet immense réservoir de savoirs et de connaissances sur le désert et transmises oralement dont ces populations étaient les détentrices ? Deuxièmement : les communautés du Touat, du Gourara et du Tidikelt sont actuellement soumises à un très fort coefficient de changement qui concerne tous les domaines de la vie sociale, économique et culturelle. Les foggaras sont en train de disparaître, les palmeraies aussi et certaines comme celle de Timimoun nous présente une image qui donne envie de pleurer. Les ksour anciens sont complètement délabrés, les ruelles sont jonchées d’ordures et les séguias sont emplies de poussières et d’immondices.

Par contre les commerce informel est florissant et les vendeurs viennent de toutes les wilayas du pays déverser leurs produits fabriqués aux quatre coins de la planète puis repartent en laissant sur place les cartons et les bouteilles et sachets en plastique…

Vous avez dit « capitalisme sauvage » ?

Ceci dit, il est vrai et cela est à souligner que pratiquement tout le monde a un logement en ciment, l’eau et l’électricité, que tous les villages pratiquement sont reliés par de belles routes goudronnées. Je voudrai ajouter qu’en toute objectivité, les seuls bâtiments qui respectent ce que l’on a appelé l’architecture saharienne sont des bâtiments publics (Lycées et écoles, hôpitaux, différents sièges des administrations etc. Seuls les « citoyens » construisent des bâtisses qui ne répondent à aucune esthétique peut-être parce qu’ils ont perdu le sens de la beauté.



Vous vous êtes penchés sur le regard porté par les « gens du Nord » sur les communautés sahariennes, durant les années 70, à partir du moment où celles-ci sont apparues au grand jour avec le rattachement des régions du Hoggar et du Touat au pouvoir central, en 1975, devenus wilayas. Vous avez alors observé le comportement des nouvelles administrations et analysé les écrits dans la presse nationale. Quels sont vos constats, à l’époque ? Qu’est-ce qui a changé dans ce domaine, depuis ?

Je serai très bref sur cette question qui nécessiterait de longs développements. Je pense que les Algériens n’ont pas encore véritablement pris conscience de la grandeur et de la diversité de leur pays. Et ils n’ont surtout pas appris à se respecter et à s’enrichir mutuellement. Des exceptions existent bien sûr. Heureusement qu’il y a des gens formidables de générosité, respectueux et qui savent écouter et apprendre des autre.

Entretien réalisé par Brahim Hadj Slimane

Paru dans Le Soir d’Algérie du 23 mai 2017

Mutations touaregues de Rachid Bellil (éditions du CNRPAH, Alger, 2008)



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