Algérie

ENTRETIEN AVEC NAWAF AL-JANAHI (EMIRATS ARABES UNIS)



«A 14 ans, le cinéma s’est imposé à moi»
Artiste multidisciplinaire, Nawaf Al-Janahi fait partie de l’exception. Il est cet espoir qui vient de la nouvelle génération qui tend à faire évoluer et découvrir le cinéma arabe à l’étranger... Nawaf Al-Janahi est un acteur, réalisateur, et photographe indépendant. Il est né le 7 février 1977 à Abu-Dhabi, aux Emirats arabes unis. Il émane une force tranquille qui fait de lui un artiste à part entière.Homme versatile, Nawaf Al-Janahi sait capter la lumière et la faire rejaillir sur les autres. Il a étudié l’art du cinéma aux Etats-Unis, tant dans les milieux universitaires que personnels. Il a travaillé dans le département programmations en qualité de directeur à Abu Dhabi TV (Emirates Media Inc) de 1999 à 2005.Il a fondé Emarat Films Mailing Liste, le premier site au service de l’Emirati film mouvement depuis 2001. Il a réalisé plusieurs courts métrages indépendants dont Sur une route a remporté en 2003 aux Emirats Film Compétition, le Prix spécial du jury, et a participé ensuite dans de nombreux festivals internationaux.Son film Souls a reçu une mention spéciale au Emirates Film Compétition pour son style visuel expressément fort. Il a, à son actif, un autre court métrage réalisé en 2002, intitulé Obsession.Son dernier film, Miroirs du silence - l’histoire d’un jeune homme confronté dans une ville moderne à une pénible solitude - a été bien accueilli que ce soit par les critiques de cinéma que par le public, et a été officiellement sélectionné dans 14 festivals internationaux du film au Moyen-Orient et en Europe. Il est d’ailleurs le seul film des Émirats arabes unis en compétition parmi un certain nombre d’entre eux. Rencontré en marge du Festival du film arabe d’Oran, qui s’est tenu récemment du 26 juin au 3 juillet, où il est venu présenter son court métrage Miroirs du silence, Nawaf Al-Janahi évoque ici son parcours et nous parle de la situation du cinéma aux Emirats arabes unis, a fortiori, dans le monde arabe et le reste...L’Expression: Votre court métrage Miroir du silence, un film profond, réalisé en noir et blanc, traite de la solitude de l’artiste. Pourriez-vous nous en parler un peu plus..Nawaf Al-Janahi: Ce film parle de la situation de l’artiste mais pas seulement. Cela peut être inspiré de mon vécu, mais le but n’était pas de parler de la société émiratie. Il n’y a pas suffisamment de repères qui indiquent qu’il s’agit des Emirats arabes. J’ai fait en sorte que cette ville soit assimilée à n’importe quelle autre ville dans le monde. Le personnage principal peut se trouver à n’importe quel endroit dans le monde. Car ce problème n’est pas propre aux Emirats arabes unis ou au monde arabe, cela peut arriver dans n’importe quelle ville moderne.Votre film reflète une haute valeur esthétique. Vous avez fait des études en ce sens, c’est-à-dire les beaux-arts ou le cinéma. Est-ce exact?J’ai fait des études de cinéma aux USA, en Californie, à San Francisco. Je me suis perfectionné grâce à cette Académie mais aussi grâce à mes recherches personnelles. J’ai beaucoup vu de films, notamment ceux qu’on a eu à étudier, les différentes écoles de cinéma...Je présume que cela a formé ma culture cinématographique en plus de mon amour pour l’art de la photo.Quelle place occupe le cinéma émirati dans le monde arabe?Le cinéma émirati est évidemment un cinéma jeune, né depuis peu. Sa production a connu un certain mouvement en 2002, suite à la création du concours du film émirati qui se tenait à Abu Dhabi. Avant, il existait des petits films modestes qui se réalisaient aux Emirats arabes unis sans plus. C’étaient plus des projets d’étudiant, des initiatives individuelles de personnes ayant voyagé et étudié le cinéma à l’étranger. Deux films, tout au plus, étaient réalisés chaque année. Après l’avènement du concours, il y a eu comme un déclic créant un sentiment d’émulation. Un moteur qui a poussé ces jeunes qui aimaient le cinéma à s’y rapprocher de plus près. La production avoisinait, dès lors, près de 100 films annuellement et ce de 2002 à nos jours, entre réalisateur, amateur et professionnel. Le long métrage est arrivé il y a environ 3-4 ans. Ainsi, un à deux films de fiction sont produits annuellement.Qu’en est-il du cinéma émirati, a fortiori, le cinéma arabe en général face à l’hégémonie du cinéma occidental. Pensez-vous réellement qu’il puisse s’imposer?Le cinéma arabe, de façon générale, souffre énormément de financement et d’aide à la production. Combien de personnes ont délaissé ce domaine à cause de tous ces aléas. Certaines sphères gouvernementales commencent depuis peu à s’intéresser au cinéma et à y investir dans quelques films, mais la plupart des films produits sont financés difficilement par leurs auteurs. Malheureusement, il n’existe pas encore de société de production conséquente qui occuperait la scène cinématographique de façon professionnelle. Cela rend la situation bien difficile au début, mais ce qui est produit aujourd’hui aux Emirats arabes unis est, El Hamdoulilah, d’une bonne facture, de qualité. Ces films participent à de nombreux festivals et gagnent en visibilité.Vous m’avez confié que vous êtes directeur de programmation du film arabe au Festival international du cinéma à Dubaï, comment cela se passe et comment un jeune a-t-il pu atteindre ce poste?C’est peut-être grâce à l’expérience, mais c’est une question à poser au Festival de Dubaï, pas à moi.A quel âge avez-vous contracté le virus du cinéma?J’ai commencé à jouer à l’âge de 7 ans. Mais j’ai décidé d’étudier la réalisation quand j’avais 14 ans. J’ai su définitivement à ce moment-là que le cinéma devait être ma vie et mon destin. Je savais que je me devais de suivre ce parcours.Votre cinéma préféré?Difficile à moi de vous donner des noms de réalisateurs qui m’ont beaucoup inspiré. Il s’agit beaucoup plus du cinéma du vécu. Dans la vie, on peut être touché par n’importe quoi. Si je vous donne un seul nom je discréditerai d’autres noms de réalisateurs que j’aime beaucoup. J’en ai un en tête actuellement, mais je préfère ne pas le dire car je serai après ghettoïsé dans un style unique.Au contraire, je ne suis pas attiré par un seul genre de cinéma, j’aime tous les genres. Beaucoup de réalisateurs et autant d’écoles de cinéma m’ont influencé ou m’ont inspiré. Il y a peut-être une catégorie par laquelle je me sens attiré, surtout par sa façon de montrer les choses. Il s’agit de la mouvance russe mais pas que ça.


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