Algérie

ENTRETIEN AVEC LA COMÉDIENNE ILHAM CHAHINE



«Le cinéma arabe a connu un grand progrès»
beaucoup de classe et altière, elle était l’une des invitées principales du Festival international du film arabe. Elle aime le peuple algérien qu’elle trouve génial et remercie, par-dessus tout, le staf organisationnel du Festival international du film arabe dont elle a été l’hôte. Qui ne connaît pas l’actrice égyptienne Ilham Chahine? Cette grande dame du 7e art rejoint le monde de la comédie juste après le lycée. Elle choisit l’Institut supérieur des arts dramatiques pour s’initier et parfaire ses connaissances en matière de théâtre. Sa formation s’est focalisée surtout sur l’interprétation et la réalisation. Spirituelle, imaginative, Ilham Chahine aspire dans chacun de ses films à donner de la présence et de la dimension à son personnage qu’elle interprète avec passion. D’ailleurs, elle dit dans sa biographie: «Il est difficile pour moi de m’éloigner et de vivre loin de la comédie et du cinéma, l’art c’est toute ma vie»; une réflexion qui en dit long sur l’attachement d’Ilham Chahine pour le monde magique de l’image. Cette actrice hors pair a joué dans de nombreux films. En somme plus de 80 longs métrages. Elle s’est aussi énormément investi dans les feuilletons télé. Elle a à son actif plus de 56 rôles qui reflètent les préoccupations de la société arabe. On ne peut parler de sa carrière sans évoquer le théâtre. En effet, cette forme d’expression artistique a marqué son itinéraire avec plus de 8 pièces théâtrales jouées aux côtés de grands comédiens égyptiens. Les consécrations, ô combien nombreuses, sont venues confirmer le talent de cette figure emblématique du cinéma arabe. Ilham Chahine a reçu plusieurs trophées et une multitude d’hommages lui ont été également rendus tout au long de son parcours, notamment en Algérie, en 2002. Il faut rappeler qu’Ilham Chahine a participé dans plusieurs festivals en qualité de membre de jury. Elle évoque, ici avec nous, l’évolution du cinéma arabe, ses débuts également et parle de son chaleureux accueil à Oran...L’Expression: Quelle appréciation faites-vous du cinéma arabe?Ilham Chahine: J’ai constaté un énorme progrès au cinéma arabe. Chaque année, je pars dans un festival du cinéma d’un pays arabe et je suis les films qui se font dans les sociétés arabes. Je remarque, année après année, de nouvelles choses, plus audacieuses qui sont projetées. Un nouveau souffle, que ce soit au niveau de la technique ou du jeu des comédiens. Il y a plus de maturité dans le défi d’interprétation, l’audace des sujets. Il n’y a pas de censure. Nous jouissons d’une démocratie qui nous permet relativement d’aborder tous les sujets, que ce soit d’ordre politique ou religieux. On arrive à pénétrer tous les milieux. Je pense, d’après moi, que le cinéma arabe enregistre une grande évolution. Y compris au niveau des feuilletons télé et du théâtre. Je constate cette liberté, pas seulement chez nous en Egypte, mais dans le reste des pays arabes. Cette audace aide à faire une approche de nos préoccupations de façon plus alerte et objective à même de régler les problématiques de la société arabe.Un mot de votre part à l’adresse du peuple algérien..Le peule algérien dispose de goût et d’éducation extraordinaire. Il est aussi très compréhensif quand il s’approche de moi pour me demander un autographe ou une photo et moi je suis pressée et je refuse. Non pas parce que je ne veux pas, mais à cause d’un planning très chargé. Car, si j’accepte de l’accorder à une personne, il me faut le faire de même avec tout le monde, or je n’ai pas suffisamment de temps pour cela. Et mes fans d’Algérie l’ont bien assimilé, sans aucune animosité. Ici, je suis membre du jury, c’est-à-dire que je ne fais que regarder des films. Je sors d’une salle pour y retourner une nouvelle fois. A aucun moment, on ne m’a manqué de respect ou on a boudé devant moi. Il y a une grande considération par rapport à ma situation. Réellement, les Algériens conservent leurs valeurs et franchement, je les aime beaucoup. Il se sont très bien occupés de moi et je salue cet intérêt de bien faire, y compris par le président du festival, (Hamraoui Habib Chawki) que je salue bien, qui est d’une modestie, d’une humilité et d’une générosité incroyables. Je remercie aussi tout le comité d’organisation et tous les jeunes pour leur accueil; ils m’ont fait de la peine car ils ne dormaient plus la nuit pour veiller sur le festival. Je les trouve partout, tôt le matin, le soir, quand je rentre dans l’ascenseur, je les retrouve, quand je rentre tard la nuit, idem. Ils déploient de très grands efforts. De cette visite à Oran, je n’ai reçu un pareil accueil nulle part ailleurs. C’est l’accueil le plus gentil que j’ai eu à constater de tous mes séjours dans les différents pays arabes. Cet accueil, je l’ai aussi ressenti lors de l’hommage rendu à Warda El Djazaïria, au Festival de Timgad où j’étais présente. Un événement auquel ont assisté environ 7000 personnes. Je le dis encore, c’est quasiment la seule fois où j’ai pleuré. C’était sur les planches de ce grand amphithéâtre romain, au moment où on m’a honorée, j’entendais ces applaudissements. Je me suis même disputée avec les gens du service de sécurité pour qu’ils laissent passer les fans et leur signer un autographe. C’était un moment de pure émotion. Quand on m’a rappelée pour venir à Oran, je n’ai pas hésité une seconde. Alors que j’étais en plein enregistrement d’un feuilleton, j’ai demandé à ce qu’on l’arrête pour que je puisse venir en Algérie. Quoi qu’il en soit, il fallait que je vienne.Ilham Chahine et le cinéma algérien?J’ai vu beaucoup de films algériens de très bonne qualité. Beaucoup ont d’ailleurs remporté des prix. J’en ai vue aux festivals de Carthage, de Rabat, du Caire, de Damas. Le film Ayrouwen de Brahim Tsaki m’a fait profondément aimer le Sahara algérien. Cela m’a permis de découvrir, aussi, une culture, une civilisation, de nouvelles traditions d’un pays. Chaque film est une carte postale à même de te faire pénétrer le monde d’un pays sous un angle original. C’est la plus belle promotion pour le tourisme algérien. Je dis que le cinéma algérien, malgré sa pauvreté productive, se distingue agréablement par de bons films.On a dit à vos débuts que vous ressemblez beaucoup à la comédienne Faten Hamama. Est-ce cela qui vous a donné cette énergie et vous a poussée à être meilleure pour accéder au succès?On ne devient grand comédien que grâce au talent. Cependant, Faten Hamama m’a apporté certes, une certaine crédibilité car, à l’époque, j’étais encore au lycée. On s’est, effectivement, rencontrées et elle a été étonnée que je lui ressemble beaucoup plus que sa fille. C’est la presse qui a relayé cette information. A chaque fois que je tournais dans un film, on m’appelait notamment dans la rue, quand on me voyait: «La fille qui ressemble à Faten Hamama.» Or, j’avais hâte que l’on m’appelle de mon prénom. Je suis aussi heureuse qu’on m’ait comparée à une des plus belles et talentueuses actrices égyptiennes, mais j’avais des choses à prouver et à transmettre.Vos projets?J’ai plusieurs feuilletons en préparation dont un qui, j’espère, sera prêt pour le Festival de Venise. Je prépare un nouveau film, il s’appelle Un Zéro, une réalisation de Kamla Abou Zakri. Il me reste un feuilleton à finir pour le mois de Ramadhan.


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