Algérie

Entreprises publiques de voyageurs : piégées par une résolution du CPE Economie : les autres articles



Entreprises publiques de voyageurs : piégées par une résolution du CPE Economie : les autres articles
Les quatre entreprises publiques de voyageurs (TV.Centre, TV.Ouest, TV.Est et Transub) qui avaient bénéficié à la fin de l'année 2011 d'importantes mesures de redressement (rééchelonnement d'environ 9 milliards de DA de dettes, financement du volet social, octroi de crédits d'investissement etc.), risquent de sombrer à nouveau dans la déstructuration financière en raison d'une résolution du Conseil des participations de l'Etat (CPE) faisant obligation d'acquérir leurs équipements (bus urbains et autocars) auprès de la société nationale de véhicules industriels (SNVI) de Rouiba exclusivement.
Cette dernière est, pour des raisons objectives, dans l'incapacité de satisfaire aux besoins immédiats d'un minimum de 300 bus et autocars requis, à défaut desquels les comptes de ces quatre sociétés de voyageurs seraient gravement compromis. Ces entreprises ont en effet basé leur business-plan sur le transport d'un minimum de 4000 voyageurs/jour permettant d'honorer les salaires des travailleurs, de payer leurs diverses charges d'exploitation et de dégager un certain bénéfice. Ce n'est évidemment pas avec la centaine de bus peu récents hérités de l'ex-société nationale de transport des voyageurs (SNTV) que ces entreprises atteindront pareils résultats. De lourdes pertes sont d'ores et déjà à prévoir, d'autant plus que la SNVI ne peut dans la meilleure des hypothèses leur livrer que 70 bus d'ici la fin de l'année 2013, soit moins du quart de leurs besoins immédiats et incompressibles.
Confrontée à un carnet de commandes largement au-dessus de ses moyens, la SNVI de Rouiba éprouve déjà de sérieuses difficultés à satisfaire ses nombreux clients (Défense nationale, collectivités locales, entreprises de voyageurs régionales, etc.) et le rajout de ces quatre sociétés qui réclament plusieurs centaines de bus ne fait que compliquer le problème auquel elle n'a pas les moyens de faire face. La réalité de l'industrie mécanique algérienne est telle qu'elle peut entraîner la faillite des clients qui ne peuvent, pour une raison ou autre, s'équiper qu'au moyen de cette société nationale. C'est pourquoi les dirigeants de ces quatre entreprises publiques de voyageurs ont saisi le ministre des Transports à l'effet de les autoriser à passer commande auprès d'autres fournisseurs de bus et autocars représentés en Algérie par des concessionnaires agréés.
Cette requête qui remonte à plus de 6 mois n'a malheureusement pas eu de réponse à ce jour. Les entreprises concernées se retrouvent ainsi dans une impasse faite d'incertitude et de crainte tout à fait objective, de voir leurs sociétés à nouveau déstructurées en dépit des efforts financiers que l'Etat a à nouveau déployés pour les remettre à flot.
Outre cette injonction irréfléchie du CPE faisant obligation de s'équiper exclusivement en bus et autocars sortis des ateliers de la SNVI, les quatre entreprises publiques de voyageurs en question ont beaucoup pâti des conditions pour le moins draconiennes imposées par leurs banques pour mettre à leur disposition les crédits d'exploitation et d'investissement nécessaires à la relance de leurs activités. Les négociations qui ont achoppé sur d'insolubles conditions d'hypothèques et autres formalités administratives ont duré plus de 8 mois et n'ont pu être débloquées qu'à la faveur des récentes mesures de «dé-bureaucratisation» édictées par le Premier ministre.
Ces entreprises de voyageurs sont aujourd'hui capables de faire face à tous leurs besoins financiers, à commencer par l'exploitation, l'investissement et les volets sociaux. Outre le millier d'emplois directs que ces entreprises pourraient générer si elles venaient à être correctement déployées, le développement d'un tel service public de transport de voyageurs serait de nature à rendre d'immenses services, aussi bien à la population (disponibilité, sécurité, prix contrôlés, etc.) qu'à l'Etat dans les cas de force majeure (catastrophes naturelles, transport de troupes, etc.).
C'est pourquoi le gouvernement devrait s'attacher dès à présent à lever toutes les entraves à la mise en 'uvre des mesures de redressement qu'il a prises en leur faveur, à commencer par la plus importante d'entre elles, à savoir l'abrogation de la résolution du CPE faisant obligation à ces entreprises qui ont de gros besoins d'équipements de les acheter exclusivement à la SNVI de Rouiba qui n'est, objectivement, pas en mesure les satisfaire.


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